« Les congés payés, c’est comme la retraite à 60 ans pour Michel Drucker : c’est ringard et ça sent le suicide assisté. » Emmanuel Macron a justifié sa réforme des congés payés au nom de la modernité. « Nous ne sommes plus en 1981. Le mur de Berlin est tombé et la Renault Fuego est moins tendance. » Dorénavant, ce sera deux semaines de vacances pour tous. « Pour se faire chier en bungalow à la Tranche-sur-Mer, c’est largement suffisant. »
Congés 2.0
Travailler plus, glander moins.
« On n’a pas le temps d’attendre que tout le monde devienne auto-entrepreneur. » D’ici une réforme globale du salariat, « cet archaïsme du XIXe siècle », Emmanuel Macron entend s’attaquer aux régimes spéciaux des vacances, et à « cette poignée de privilégiés qui se pavanent sans vergogne cinq semaines par an. » à l’heure de l’ubérisation, il en va d’une forme d’égalité. « On ne peut pas toujours niveler par le bas. On ne va pas s’arrêter de manger en août pour que le livreur Deliveroo puisse rentrer au bled ! »
Alors que l’opposition se déchaîne, Élisabeth Borne a rappelé qu’il s’agissait d’une promesse du candidat Macron. « On ne peut pas bafouer la démocratie. Et encore, on a renoncé à la semaine de six jours. On sait que la sortie du samedi à Jardiland c’est sacré ! »
Le gouvernement entend aussi pointer les incohérences syndicales. « On ne peut pas travailler si peu et se plaindre de son pouvoir d’achat. Si on veut que les riches redistribuent, il faut bien créer des richesses pour eux. » Et Gabriel Attal d’accuser les syndicats de séparatisme. « Les efforts ne peuvent pas toujours porter sur les mêmes. Si certains veulent attaquer les acquis patronaux et notamment les profits, ils nous trouveront sur leur route. No pasarán ! »
Vacances augmentées
« C’est la révolution des congés. Il y a eu 1936, il y aura 2023. » C’est un Olivier Dussopt enthousiaste qui a présenté le volet social du projet d’évolution des congés. Dont la mesure phare sera une exonération de charges pour les entreprises fournissant des casques de réalité virtuelle à leurs salariés. « C’est fini les vacances à Vierzon chez Tata Simone. Un casque, une bonne connexion wifi et direction Cancún ! »
Le ministre a tenu à insister sur les avantages indéniables de sa réforme : « Vous vous faites livrer un Kebab par Uber Eats, et vous voilà à Istanbul ! Et pour les cadeaux souvenirs, il y a Amazon. Tout le monde y gagne sur le pouvoir d’achat, l’empreinte carbone… Et le luxe suprême : pouvoir visiter la Turquie ou le Maghreb sans se farcir les autochtones ! »
Pour le passage de cinq à deux semaines de vacances, et puisque l’augmentation du temps de travail se fera à salaire constant, le ministre a d’ailleurs dessiné d’autres pistes pour le pouvoir d’achat. Toujours grâce à l’intelligence artificielle. « Pour les salaires, le patronat mise beaucoup sur la réalité augmentée. Nous ne nous opposerons donc pas à une augmentation conséquente du Smic dans le Métavers. »
Immigration réelle
« Si les Français refusent de travailler trois petites semaines de plus, il faudra faire venir des immigrés. Et pas seulement pour vider les poubelles ou bosser sur les chantiers ! » Gérald Darmanin a été clair, travailler plus c’est aussi défendre les valeurs de la République et la laïcité. « Il y a des limites à ne pas franchir. Notre vision, ce n’est pas des hordes de migrants à la CMU soignés par des médecins roumains ! » D’autant que maintenir ce généreux système de cinq semaines de congés constituerait un véritable « appel d’air » pour les migrants. « Qu’est-ce que vous croyez ? Ce ne sont pas la charcuterie et le vin rouge qui attirent chez nous les Afghans ou les Syriens. C’est les RTT ! »
Alors, face à l’obstruction parlementaire de la Nupes, Aurore Bergé a voulu prendre de la hauteur. « Il faudra qu’ils assument les risques qu’ils font courir aux Français innocents. » Et la députée d’en appeler à la responsabilité : « Que les Insoumis aillent voir les enfants d’Annecy et leur expliquent les yeux dans les yeux qu’ils sont prêts à les sacrifier pour quelques semaines de vacances ! »