n° 112  

Euthanasie sociale

Par Valéry Chartier |

« Ta vie de précaire, tu l’aimes ou tu la quittes ! » Alors que le déficit de l’état se creuse, Emmanuel Macron cherche des solutions disruptives pour booster la croissance et faire des économies, comme notamment le suicide des assistés. « Mieux vaut une entreprise en bonne santé qu’un salarié en soins sociaux palliatifs ! »


Plan de départs volontaires

« L’open-bar, c’est fini ! » Bruno Le Maire a sifflé la fin de la récré et de l’état providence. Le ministre en appelle désormais à la responsabilité. « Le RSA, le minimum vieillesse, le chômage, les maladies chroniques, c’est de la dette. Et l’état ne peut pas tout. » Le gouvernement veut ainsi mettre fin aux chimios de confort ou au RSA de convenance. « L’acharnement thérapeutique social a ses limites, et ce sont les comptes publics. Il faut savoir partir avec dignité. » Malgré les réformes des retraites, de l’assurance-chômage, du RSA, certains précaires s’accrochent malheureusement encore à la vie, « comme des migrants à leur radeau ». Il est temps d’être un peu moins égoïste et un peu plus républicain, estime le ministre. « Doit-on plomber les finances publiques pour gagner six mois de raviolis en boîte et de téléréalité ? » Bruno Le Maire exhorte donc chacun à assumer ses choix. « On ne peut pas rater ses études, aller de jobs précaires en RSA, de burn-out en maladies chroniques, et exiger pour finir que la société finance votre cancer et votre dépendance. C’est une question de bon sens. »

Gabriel Attal veut donc en finir avec l’assistanat volontaire. « L’idée c’est de concentrer les aides là où elles sont utiles : dans les entreprises. Et de trouver des solutions alternatives à l’assistanat pour les précaires. » Le gouvernement compte ainsi mettre en place une euthanasie sociale pour accompagner ceux qui n’auront pas assez travaillé pour payer leurs soins palliatifs, ou pour qui le minimum vieillesse ne suffit pas pour survivre. « Il y aura des solutions adaptées aux cas de chacun. On ne laissera personne au bord du cimetière. »

Témoignages civiques

Signe de civisme, l’injonction du gouvernement semble avoir été entendue. Ainsi de Monique, 74 ans, rongée par la honte. « J’ai une petite retraite à cause de ma carrière hachée par mon arthrose. Je dois me nourrir aux Restos du cœur ! » Lorsqu’elle apprend que LVMH a dû faire un don pour sauver l’association de la faillite, elle décide d’en finir. « Je ne pouvais pas supporter que mon assistanat grève les dividendes de Bernard Arnault. » Et entache l’image de la France. Avec sa famille, elle envisage alors d’aller dans une structure à l’étranger pour en finir. Son choix se portait sur un camp de rétention en Libye avec le label Frontex. « Heureusement, Gabriel Attal et Bruno Le Maire ont su rallumer l’espoir de mourir chez moi. »
Jean-Louis, un cancer du poumon en phase terminale, ne veut plus être un poids pour les finances publiques. Il a renoncé à se soigner. « Vous savez combien ça coûte une chimio ? C’est autant en moins pour les allègements de charge. » Un patriotisme que Jean-Louis résume en une formule. « Leurs profits plutôt que ma vie. »
Face à la longue liste des Français qui renoncent à leurs aides, leurs soins et qui sautent des repas pour atteindre l’objectif des 3 % de déficit, Emmanuel Macron envisage d’étendre ces incitations aux enfants, par exemple. Question d’équité, et de perspectives : « Dormir dans la rue et faire un seul repas par jour à 8 ans, ça forge le caractère. On ne va pas se priver d’une génération spontanée d’auto-entrepreneurs. »

Débat

« On n’a déjà pas assez de médecins ni d’infirmières pour ceux qui vivent, on ne va pas en gaspiller avec les mourants. Pauvres de surcroît. » Le projet gouvernemental n’a pas manqué de provoquer les débats, au sein même de la majorité, et notamment sur les moyens. C’est pourquoi Gabriel Attal a prévu de confier l’euthanasie sociale à la police. « C’est de la synergie puisque ça fait en quelque sorte déjà partie de leurs pratiques quotidiennes. Et en plus ils n’auront même plus besoin d’invoquer la légitime défense ! »
Du côté de l’opposition, Marine Le Pen a exigé que le dispositif soit réservé aux Français. Blancs. « La BAC et la Brav-M font déjà un super boulot avec les autres #Nahel. » La présidente du RN ne veut plus revivre les dysfonctionnements des Gilets jaunes ou de Sainte-Soline. « Trop de manifestants ont été traités partiellement, une main, un œil… alors qu’ils méritaient mieux de la part de l’État. »

Reste l’épineuse question du « comment ». Diverses pistes ont été envisagées par la commission citoyenne du CAC40, mais Emmanuel Macron a jugé que « l’amiante, les bas salaires ou la pollution sont efficaces mais beaucoup trop lents. Il faut sortir des vieux schémas. » Le gouvernement s’oriente donc vers une solution « à la Netanyahou » couplant bombardements et famine. « Le tout piloté par une intelligence artificielle qui recoupe les données de la CAF et d’Ameli ! Euthanasie 2.0 ! »