Faisons Front populaire !

Par Cyril Pocréaux |

La victoire est possible : c’est une chance, une accélération de l’Histoire, comme il s’en offre parfois.


Nous y voilà, donc.
Nous y sommes.
Vingt ans, trente ans, finalement que la vie politique française se résume à cela : une course de fond entre notre gauche, une gauche de rupture, et l’extrême droite, pour savoir qui prendra les rênes, et quelle route prendra notre pays.
Vingt ans, trente ans, que cette course de fond a commencé, depuis qu’à coups de fausses alternances ils gouvernent sans le peuple, contre le peuple, depuis le référendum de 2005, au moins, pour nous imposer un monde dont on ne veut pas. Macron et son monde ne sont que l’agonie d’un système, celui du refrain « concurrence-croissance-compétition », de la « mondialisation heureuse ».
Eux appartiennent déjà au passé, bateau ivre qui nous a menés droit vers l’iceberg.

Mais on le savait : tant qu’ils seraient là, tant qu’il y aurait des Emmanuel Macron, des Bruno Le Maire, des Edouard Philippe et leurs avatars pour nous vendre leur monde mortifère et sans lumière, il y aurait derrière, dans leur ombre, l’extrême droite, à se repaître des dégâts, des souffrances, des désillusions et des trahisons. De plus en plus forte, de plus en plus grosse, dévorant tout. Macron l’annonçait, quel prophète !, en 2017 : avec lui, il n’y aurait plus aucune raison de voter pour l’extrême droite. Il en aura été le marchepied, jusqu’à la dissolution de l’Assemblée nationale. C’est un irresponsable pyromane, qui met le Rassemblement national aux portes du pouvoir, puis vient gentiment les lui ouvrir.
C’est à nous de recoller les morceaux.

Car oui, nous y sommes : la course de fond s’est transformée en sprint final, avec le risque de voir le RN arriver au pouvoir dans notre pays.

C’est un gouffre béant. C’est aussi une chance, aussi, peut-être, une occasion, une accélération de l’Histoire comme il s’en offre parfois. Le moment où les choses basculent d’un côté ou de l’autre. Nous avons la possibilité de sauver la Nation des griffes de l’extrême-droite, et d’un même geste, d’un même vote, en écarter l’extrême-argent, Macron et ses clones, leur reprendre le guidon, à eux qui nous plongent dans l’abîme.

La chance, surtout, de rouvrir un espoir, plus de justice sociale, de partage, d’écologie, une politique claire, coupée des compromissions passées.
Il n’y a pas de fatalité.

C’est Victor Hugo qui l’écrivait : « Tenter, braver, persister, persévérer, s’être fidèle à soi-même, prendre corps à corps le destin, étonner la catastrophe par le peu de peur qu’elle nous fait, tantôt affronter la puissance injuste, tantôt insulter la victoire ivre, tenir bon, tenir tête ; voilà l’exemple dont les peuples ont besoin, et la lumière qui les électrise. »
Tenons bon, tenons tête : retrouvons la lumière, l’espoir des jours heureux.

Il n’y a pas de fatalité : la vie politique est ce que nous en faisons.
Il n’y a pas de fatalité, aussi, car les planètes semblent s’aligner.
Un nouveau Front populaire est né, en quelques heures, les partis de gauche se rassemblent, veulent rompre, enfin, avec quarante ans de régression sociale.
En quatre jours, sous l’urgence, un programme commun a déjà émergé.
C’est qu’il étaient déjà d’accord, finalement, sur l’essentiel, la justice sociale, l’urgence écologique, le partage des richesses, la dignité à redonner au travail, que chacun contribue à sa juste part à l’effort collectif, etc.
Les syndicats se réunissent, s’unissent, semblent sur la même ligne, sous le danger. Tant mieux.

Mais ce ne sera pas suffisant.
À nous d’amplifier le mouvement. À nous de les pousser, ces partis, ces états-majors, à réellement y aller ensemble, monter au front d’un même pas, contre la tentation d’avancer séparés, contre les petits calculs politiques qui se feront jour.

Comment ?
En réclamant l’union et la rupture, en les exigeant, dans les manifs, dans les réunions publiques, dans les publiques, dans les collectifs qui déjà se montent un peu partout. Faisons-le bruyamment, joyeusement, avec envie. Poussons-les dans la rue, avant les urnes. Faisons front populaire.

Déferlons : ouvriers, infirmières, profs, agentes d’entretien, caristes, cadres, seconde et première lignes, chômeurs, précaires, étudiantes, retraités, prolos et bobos, campagnes et banlieues, centres-villes et sous-préfectures.
Convainquons, embarquons les indécis, porte après porte.
Soyons conscients et persuadés de notre force.

Il n’y aura pas de fatalité, car nous la balaierons.
Macron pensait s’en tirer par un énième coup de dés, de billard à trois bandes, tablait sur la désunion des uns, le rejet des autres ? Montrons-lui qu’il avait sous-estimé, dans le pays, le désir et même le besoin de justice sociale, de solidarité, d’entraide, de cet autre chose qui infuse dans notre société, le rejet de son monde de violence et de mépris. Montrons d’un même mouvement à l’extrême-droite qu’elle ne peut pas passer, elle qui mènerait, n’en doutons pas, la même politique libérale, qui vote déjà les mêmes lois d’injustice sociale, pour les riches, contre les pauvres, contre les immigrés, contre la planète, avec en toile de fond le même mépris d’un peuple qu’ils ne connaissent pas, ne fréquentent pas, dont ils se foutent même s’ils s’en revendiquent à chaque phrase.
On le sait : l’union et la force d’inertie qu’elle génère sont plus fortes que la sèche arithmétique.
Elles peuvent l’exploser, la faire monter à des sommets qu’on ne soupçonne pas.

Il n’y a pas de fatalité.
La gauche peut gagner. Mieux, même : vu que leur monde s’écroule déjà, elle gagnera, tôt ou tard.
Autant que ce soit dès maintenant, les 30 juin et 7 juillet.
Qu’on ne se prenne pas trois ans, ou plus, de malheur dans la vue.
Aux urnes, citoyens.
Au combat.


Tchio Fakir : Faisons Front Populaire !

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