Protéger notre mode de vie

« Raclure » : le mot était tagué en vert, sur son véhicule flambant neuf garé sur le parking du golf. « Ils s’attaquent à des SUV sans défense, c’est vraiment dégueulasse ! » Les pneus lâchement dégonflés. « C’est la terreur. Ils ont même saccagé le green sous prétexte qu’il consomme trop d’eau. » Comme beaucoup de Français, Jean-Eudes ne se sent plus en sécurité. Et s’inquiète pour l’avenir de ses enfants : « Quel monde allons-nous leur laisser ? Pourront-ils toujours partir en jet aux Seychelles ? Y aura-t-il encore des dividendes à Noël ? »

Heureusement, Emmanuel Macron s’est affiché en garant de notre mode de vie. « On commence par balancer de la soupe sur des tableaux, et on finit par taxer les superprofits. » Le chef de l’État a appelé les Français à ne pas céder à la terreur. « Ils n’imposeront pas leur charia à base de boulgour et de steak de soja ! #JeSuisBarbecue. » Avant de se montrer plus offensif : « Mon ennemi a un nom, et même un visage. Et en général, il porte la moustache et est prof de SVT. »

Dans la guerre menée contre l’écoterrorisme, le Président a rappelé qu’il fallait être vigilant face aux signaux faibles de radicalisation : « un potager, des poules, un smartphone reconditionné… » Emmanuel Macron a aussi exigé le démantèlement immédiat des biocoop et autres épiceries en vrac, ces zones de non-droit où la loi du libéralisme républicain ne s’applique plus. « L’impunité des dealers de graine, c’est terminé ! »

Protéger l’école

« On va venir trier tes déchets !! », « Plante des arbres ! » Le collège privé Serge-Dassault est encore sous le choc à la suite des insultes et des menaces reçues par un enseignant sur les réseaux sociaux. « Une élève, par provocation, a rendu plusieurs de ses copies sur papier recyclé. Ce que le professeur a bien évidemment sanctionné pour atteinte à la croissance. Et depuis c’est le déferlement de haine. »

Le ministre de l’Éducation, Pap NDiaye, s’alarme : « On assiste à un véritable phénomène de radicalisation à l’école. » Goûters au tofu, gourdes, vélo… les signes ostensibles d’intégrisme écolo se multiplient et les établissements sont débordés. Notamment par les atteintes à la tenue républicaine en cours de récréation, où il n’est pas rare de croiser des élèves avec des tee-shirts en coton bio. « Le problème est connu mais on manque de personnel pour contrôler toutes les étiquettes. »

« Ils réclament des vrais menus bio à la cantine ! Et pourquoi pas des vrais profs tant qu’on y est ? » Pour éteindre l’incendie dans les lycées et endiguer l’escalade, le gouvernement entend légiférer vite, et graver dans le marbre l’interdiction des toilettes sèches, notamment. « Moi vivant, on ne chiera pas dans la sciure à l’école républicaine. »

Protéger les multinationales

« On connaît la chanson : la terre est plate, le nucléaire est dangereux et les multinationales sont responsables du dérèglement climatique. » Emmanuel Macron a pointé du doigt le problème des fake news qui prolifèrent sur les réseaux sociaux et sèment le trouble dans la population. « L’écologie est devenue une forme de complotisme. Ce n’est pas parce qu’on ne supporte pas la chaleur qu’il faut chercher des boucs émissaires. Accuser Total ou Amazon, c’est un peu facile ! »

Malgré la menace terroriste, Emmanuel Macron a salué cette vieillesse du monde entier qui se bat pour continuer à vivre normalement. « Les influenceurs de Dubaï, la Coupe du monde au Qatar, Elon Musk… il y a quand même des motifs d’espoir. On ne va pas céder à la terreur pour cinq hippies en sarouel. »

En France aussi, la résistance à l’oppresseur écolo s’organise. « Pour tous ces connards, je suis désolé, mais c’est peine de mort directe ! » Excédé par l’injustice subie par nos grands capitaines d’industrie, dont son protecteur Vincent Bolloré, l’animateur Cyril Hanouna entend lancer la reconquête médiatique. « Vous coupez trois arbres en Afrique, et on vient vous chier dans la gueule. C’est vraiment dégueulasse. » Dans son tweet du 18 juin, l’animateur a annoncé que TPMP deviendrait désormais Touche Pas à Mes Profits, « un espace de lutte contre ceux qui veulent vendre la France aux pédés, aux gonzesses et aux écolos ! ».