n° 108  

L’exploité du mois : Karine, l'exploitée libre (ou presque)

Par Camille Vandendriessche |

« Ça fait neuf ans que je suis en congé sabbatique. Du coup, quand j’ai envie de faire un truc, j’y vais. » À 45 ans, Karine coche toutes les cases de la parfaite bénévole fakirienne. Sympa, toujours prête à rendre service, et qui habite depuis peu juste à côté du canard !


Fakir ? Elle découvre le journal en 2016, après avoir vu Merci Patron ! « Après le Covid et le premier tour des Présidentielles, j’ai eu une grosse déprime et, je sais pas pourquoi, me revient l’idée de Ruffin. Arrivent les législatives, et comme j’avais du temps… » Karine débarque donc à Amiens pour « un coup de main ». Sauf qu’arrivée pour quelques semaines, elle rempile, mois après mois, jusqu’à ce que... « Humainement, l’expérience était incroyable. Du coup, je me suis installée ici. C’est la première fois que je me pose aussi longtemps quelque part... » Mais elle vient d’où, cette recrue aussi providentielle que disponible, qui partage désormais son temps entre le canard, les copains de Picardie Debout, son collectif de communication non-violente et la création d’une deuxième épicerie coopérative à Amiens ?

À Reims, où elle a grandi, Karine s’arrête à « bac moins deux » pour s’inscrire dans une école de tourisme. Mais une rencontre avec un auteur-metteur en scène la propulse dans le milieu du spectacle. À Paris, elle bosse pendant quinze ans avec des compagnies de théâtre, organise des tournées dans toute la France. « J’ai adoré ce métier, même si je tirais sur la corde. Jusqu’au jour où mon père est décédé. J’avais 36 ans. Ç’a été le déclic. Je suis partie au Canada. Pour faire le point. » De retour en France, « je n’avais pas envie de retravailler. » Elle vend son appart’, et vit depuis à droite à gauche sur cette manne. « Ça aura une fin, c’est sûr, d’autant que je ne me suis pas inscrite à Pôle emploi ou au RSA pour n’avoir de comptes à rendre à personne. Mais au moins, je donne de mon temps pour des projets qui me tiennent à cœur. » Depuis neuf ans, elle enchaîne les bénévolats dans des associations, ONG et festivals, dans le Jura, la Drôme, la Corrèze, la Saône-et-Loire, l’Orne, la Nièvre… « J’ai juste une valise et une grande curiosité. J’ai une vie sans attaches, mais avec du temps. Les rencontres et le hasard décident. »

Pour sa première mission à Fakir, il aura fallu refaire 400 enveloppes en catastrophe pour une erreur d’impression, ordre du rédac’ chef. « Il ne nous en restait plus que dix à préparer quand Cyril nous a demandé de tout recommencer ! Pour ma première expérience à Fakir, je me suis dit : "Ça promet !" » Pas refroidie, elle bosse toujours sur l’envoi des journaux, des livres et autres produits de la boutique. Ou pour ranger notre garage avec Magalie. Avec le sourire, en plus : « J’ai adoré ! » Nous aussi, tu penses !