n° 103  

Le chef de guerre

Par Valéry Chartier |

« Notre pays se croyait protégé par l’Europe et sa concurrence libre et non faussée mais voit resurgir les fantômes du passé. » En cinq ans de guerre aux pauvres, la France a vu le banquier de chez Rothschild se muer en chef de guerre. « Nous n’accepterons pas de voir nos profits foulés aux pieds par l’impérialisme prolétaire. » Emmanuel Macron est bien décidé à mener l’ultime bataille.


Les sanctions

« Si vous aviez vu la gueule de Poutou quand on a saisi sa 308 sur le parking de Lidl ! Il va falloir les porter, les packs de Kro ! » C’est par ces mots triomphants qu’Emmanuel Macron a commencé son allocution aux Français. « Nous allons taper les oligarques au portefeuille, et ça va faire mal. » Conditionnement du RSA, réforme de l’assurance-chômage, stagnation du Smic, « on est bien décidés à emmerder Jojo le gilet jaune jusqu’au bout. C’est fini les orgies au Buffalo Grill ! ». Malgré la pression de sa majorité, Emmanuel Macron n’entend pas couper le lien avec Vladimir Poutou. « Il faut parler aux pauvres. Et éviter l’escalade. N’oublions pas qu’il possède l’arme de la grève générale, une barbarie qui peut exterminer les profits. » Et qui pose le problème de notre dépendance à la main d’œuvre prolétaire. « Qui va nettoyer nos chiottes ? »

Mais pas question d’embargo sur les ouvriers. « On ne va tout de même pas demander aux actionnaires de baisser leurs dividendes cet été ! » Le Président entend en revanche profiter de la guerre pour accélérer la transition écologique vers la start-up nation et son économie complétement déprolétarisée. « Un cadre ça ne pue pas la sueur, c’est flexible et ça se fait exploiter avec le sourire ! »

La sale guerre

« L’allocation c’est la réponse des lâches ! »
Christophe Castaner n’a pas eu de mots assez durs pour dénoncer la sale guerre menée par les pauvres. « Utiliser des boucliers humains, comme les étudiants qui font la queue à l’aide alimentaire, c’est vraiment dégueulasse. » Même la guerre de classes a des règles. « Tout n’est pas permis. C’est pas parce qu’on a faim qu’on doit culpabiliser tout le monde. »
« Le pouvoir d’achat a augmenté, je ne suis pas le Président des riches et Gérald Darmanin n’est pas un violeur. » Face à la propagande complotiste ennemie, Emmanuel Macron a par ailleurs tenu à rétablir quelques vérités. « Le chômage baisse et il n’y a pas d’alternative au recul de l’âge de la retraite. Ceux qui disent le contraire vous mentent. »

Cependant, dans la majorité, les tenants de la ligne dure réclament plus de fermeté. « Les pauvres ne comprennent que la force. Il en a toujours été ainsi : de l’esclavage jusqu’à l’usine, ils ne comprennent que la trique. » Gérald Darmanin a ainsi appelé les Français raisonnables et vaccinés à rejoindre la résistance. Et demandé à ce qu’on livre en urgence des armes au patronat. « Sur le terrain, on a besoin de mesures de licenciements, de baisses de charge, de précarité, de temps partiel… » Et le ministre de conclure : « Un charnier d’acquis sociaux, voilà la réponse. »

Les mercenaires

« La police française est très forte pour éborgner des manifestants, violer ou étouffer des pauvres, mais il faut voir plus large. On ne gagne pas une guerre à coups de flashball dans la gueule. » Le gouvernement français a donc fait appel à des mercenaires, comme la milice privée McKinsey. « C’est ce qu’on appelle des pros. Avec trois Powerpoint et deux anglicismes, ils vous déciment des bataillons de fonctionnaires. » La double comptabilité chez Enron, c’était eux ! 

Leur mission : mettre en ordre de marche l’administration et ramener à la raison « des cohortes de gaulois réfractaires ». Avec dans leur arsenal les dernières armes managériales américaines. « L’idée est de bombarder l’ensemble des zones de conflit avec du lean management, de l’agilité, de l’ubérisation. » Le but est clairement affiché : « Tout doit devenir flexible. » La milice McKinsey est aussi présente pour coordonner les actions humanitaires, et notamment organiser l’évasion fiscale via des corridors bancaires. « Ces types ont réussi à ne pas payer d’impôts depuis dix ans, on peut avoir confiance dans leur professionnalisme, non ? »