Uber vote

« Ils ont défendu les actionnaires avec la foi des convertis ! Ils ont savaté du salarié comme s’ils ratonnaient du bougnoule ! » La manière dont le Rassemblement National a soutenu le gouvernement lors des débats sur la « Loi pour la défense du pouvoir d’achat des patrons » a durablement impressionné Emmanuel Macron. « Ce fut la mère de toutes les batailles. » Et celle qui a définitivement réconcilié le RN et la République. « Quand vous affrontez ensemble le feu de la gauche, que vous résistez main dans la main aux hausses de salaires, ça crée des liens à vie ! »
C’est de cette idylle qu’est née la NUBES, la Nouvelle Union Bourgeoise Et Sécuritaire, qui de François Hollande à Marine Le Pen scelle la grande coalition libérale et autoritaire autour d’un slogan, « Ni droite, ni gauche : capitalistes ! »

Du côté de la société civile c’est le soulagement. « La France devient une démocratie mature où les gens de bonne volonté sont capables de s’associer pour défendre l’essentiel » : dans sa tribune au Monde, Bernard Arnault se réjouit de la fin de la confusion. « Il est temps de s’attaquer aux vrais problèmes. Les rodéos urbains et le burkini pourrissent bien plus la vie des Français que les profits des multinationales. »

Enfermés au premier regard

« Et pourquoi pas cinq fruits et légumes par jour ? » Les images ont choqué jusqu’au plus haut sommet de l’état. Des menus équilibrés, des lits, et même des heures de promenade. Si bien que le garde des Sceaux a cru bon de rappeler que la prison, « ce n’est pas les Anges à Mykonos et ce n’est pas non plus un séminaire de team building ! Comment voulez-vous après avoir vu ça que les délinquants aient envie d’aller bosser 12 h par jour pour 900 € chez Amazon ? » Le gouvernement entend ainsi faire voter une loi pour durcir les conditions de détention. Dans le cadre de la NUBES, le rapporteur devrait être un élu RN. « Les nostalgiques de l’Algérie française et de l’OAS doivent avoir quelques idées pour sortir les détenus de leur zone de confort » a argumenté Olivier Véran.

« Simulation de noyade, gégenne, albums de Michel Sardou… On a suffisamment d’outils. » Le brainstorming du groupe parlementaire RN s’avère déjà fructueux. Du côté du parti présidentiel, on souhaiterait que la gestion des prisons s’inspire directement de l’entreprise, « où le management, la flexibilté, ont fait plus en termes de burn out et de dépression que n’importe quel coup de fouet. » Les positions devraient converger en réunion intergroupe.

Fin de l’abondance

« Nos profits brûlent et nous regardons ailleurs. » Élisabeth Borne est bien décidée à mettre les profiteurs de crise au boulot. « Plutôt que de lorgner vers les superprofits, on va commencer par s’occuper des méga assistés. » Avec des réformes de l’assurance chômage et des retraites qui devraient sonner la fin de « l’abondance et de l’insouciance ». « À l’heure de la sobriété, il y a une forme d’indécence à voir le pognon de dingue qu’on dépense en minima sociaux s’évaporer en Nutella et Knacki » s’est indigné le président de la République. à la droite de la majorité, Marine Le Pen entend apporter sa pierre à l’édifice de la sobriété : « Il est peut-être temps aussi d’entamer la décroissance. Décroissance d’étrangers, de musulmans… » Charters électriques, expulsions en trottinette, compost de séparatistes… le grand débat sur l’immigration s’annonce innovant.

Alors que la gauche s’attaque « sans retenue à notre mode de vie », le président de la République a rappelé que la nouvelle majorité ne verserait pas dans la politique du bouc émissaire. « On ne sacrifiera pas les golfs et les jets privés pour sauver trois forêts et un parc naturel. L’écologie punitive, ça ne fonctionne pas. »