Vous nous mettez une sacrée pression, parfois, chers lecteurs. Alors, on vous renvoie la balle !
Nous : les louanges et la pression

« Je voulais surtout vous dire comment vous découvrir m’a non seulement confortée dans l’idée que je n’étais pas la seule à envisager les choses d’une certaine manière, mais m’a aussi donné de l’élan pour bouger dans le but d’obtenir quelque chose… »
C’est Cathie, qui nous écrivait ça, il y a quelques semaines. Et elle n’est pas la seule, à nous couvrir ainsi de pétales de roses. Anne-Laure, par exemple : « Heureuse de retrouver enfin un journal gai malgré les sinistres circonstances que nous traversons, proposant des alternatives positives et opérationnelles et des plongées dans des univers dont on ne parle guère ailleurs... Merci donc pour cette bouffée d’oxygène ! »
Sans fausse modestie, on en a reçu beaucoup, des louanges, sur nos derniers numéros, et argumentées, en plus, avec ça. « En vous lisant, j’ai bien trop souvent des larmes dans la gorge », poursuivait Cathie. « Vous lire me fait partager des petites choses du quotidien des vrais gens, et l’analyse qui suit devient éminemment politique. Tous ces témoignages renouvellent le courage et l’énergie pour vous battre en leur nom. Je voudrais ajouter que même des personnes qui étaient éloignées du militantisme sont avec vous, derrière vous. » Elsa, dans la même veine, enchaînait : « Votre journal me rebooste le moral, c’est un antidote à la morosité. » Et Julien voyait lui aussi dans notre canard quelque chose qui donne l’envie de se bouger, d’y aller, au combat : « Votre travail qui nous aide à résister. »
Ça m’a ému, ces courriers, en premier lieu.
Vraiment.
Parce que, faut pas croire, on doute, nous aussi, sans cesse : fait-on bien les choses ? Trouve-t-on la bonne ligne ? le bon ton ? le bon équilibre entre rigoler, raconter, entraîner, malgré des sujets pas toujours faciles ? Et on n’a pas, spontanément, la réponse, ah non, toujours la tête dans le guidon, à s’interroger, à trouver un papier trop moyen, pas assez bien, à l’envoyer à la poubelle, finalement.
C’est une chose, déjà, que de vous émouvoir. Parce qu’on en est persuadés : cette émotion, c’est une mise en mouvement, le premier pas vers l’action. Il est donc utile, quelque part, notre canard. Savoir qu’on a « des personnes derrière [nous] », que Fakir vous « aide à résister », vous donne « l’élan pour bouger dans le but d’obtenir quelque chose », difficile d’imaginer plus belle récompense, meilleure motivation pour continuer.
Mais il y a autre chose, dans vos courriers : tout ça nous met une sacrée pression.
C’est un autre lecteur, Raymond, qui nous prévenait, nous engueulait presque, nous rappelait à nos devoirs : « Chers gens de Fakir, (…) que fait-on ? On reste les bras ballants ? Il faut creuser. (…) Pas de lamentations mais la lutte dans l’affirmation sereine que nous refusons désormais ce monde. De l’empathie avec les "victimes", soit ! Mais cela ne saurait suffire. Il faut les armer, leur présenter les éléments pour la bagarre. »
Vous l’avez peut-être remarqué, on suit ce chemin, et depuis longtemps. On essaie, on teste, de nouvelles idées, de nouvelles rubriques, pour aller bientôt vers une nouvelle formule. En gros : la vie des invisibles, et des armes pour le débat, des copains intellos, et des débouchés, parce qu’on sait qu’il faut se préparer au combat, et qu’il va nous falloir convaincre les gens, un à un, peu à peu. Convaincre les copains, la famille, les voisins, qu’autre chose est possible.
Et pour ça, vous avez votre canard entre les mains.
Vous allez devenir les VRP de luxe de Fakir !
Vous voilà nommés d’office !
Et à la fin, c’est nous qu’on va gagner !