Au gré des rencontres, aux quatre coins de France, petites initiatives et grandes idées de nos maires, de celles qui changent la vie des gens.
Mon maire, ce héros : enfin, un revenu étudiant !
Par Oriane Dioux |
Françoise Morvan, 65 ans, retraitée et ancienne employée de bureau, adjointe de Dominique Cap, maire depuis 2001 de Plougastel-Daoulas (Finistère), 13 445 habitants.
Quoi ?
« Le revenu municipal étudiant est une aide pour les jeunes dont les parents n’ont pas les moyens de payer les études. Elle est accordée aux étudiants de moins de 26 ans, si au moins l’un des deux parents habite à Plougastel. Le montant peut aller de 100 à 4 000 euros par année scolaire. Il est calculé en fonction de l’échelon de bourse de l’étudiant – s’il a une bourse – et de son lieu d’étude. Parce que, forcément, les dépenses pour se loger et se déplacer ne seront pas les mêmes pour un jeune qui étudie dans la métropole brestoise que pour un jeune qui part étudier à Paris ou à l’étranger. Les étudiants peuvent recevoir l’aide plusieurs années de suite. S’ils redoublent, elle est réduite de moitié, pendant un an. »
Pourquoi ?
« Tout ça a commencé en 2010 : le maire de Plougastel, Dominique Cap, a été sollicité par la mère d’une jeune fille qui voulait devenir sage-femme. Cette maman avait des difficultés pour financer les études de sa fille, alors elle a demandé si elle pouvait obtenir une aide de la mairie. À l’époque, rien de tel n’existait… Finalement, le maire a souhaité que la commune mette en place quelque chose pour aider tous les étudiants dans la même situation. »
Comment ?
« L’élue au social de l’époque et le maire ont fait des recherches : est-ce que quelque chose comme ça existait ailleurs en France ? Ils se sont rendus à Chenôve, en Côte-d’Or, où un revenu minimum étudiant était en place depuis plusieurs années. Ils ont alors décidé de créer un revenu équivalent à Plougastel. Selon le montant alloué à l’étudiant, la somme est versée chaque mois, chaque trimestre, ou en une fois sur son compte bancaire. En contrepartie, mais ce n’est pas une obligation, la mairie invite les jeunes à réaliser des actions dites "citoyennes", à Plougastel ou dans la commune où ils étudient. Donner un coup de main à la distribution des colis de fin d’année pour les aînés, à des associations caritatives... »
Les étapes
2010 : recherche d’une solution pour aider les étudiants à suivre les études qu’ils souhaitent. Visite à Chenôve, où un revenu minimum étudiant existe déjà.
2011 : mise en place du revenu municipal étudiant à Plougastel.
La phrase
« L’objectif, c’est aussi de diminuer le risque d’échec en limitant le besoin de recourir à des petits boulots. Et ça permet également aux étudiants de choisir plus librement leur cursus. »
Un témoin
Anaëlle, 25 ans : « C’est quelque chose qui aide vraiment, vraiment beaucoup. J’ai bénéficié du revenu municipal étudiant pendant six ans. J’ai fait deux années de BTS "Arts et Design" à Anglet, puis quatre années en école d’architecture à Rennes. Le RME m’a permis de ne pas prendre un job étudiant à côté des cours pendant les cinq premières années. Ensuite, les coûts sont devenus très élevés, en école d’architecture, il faut un ordinateur puissant, le matériel pour les maquettes... Là, j’ai dû faire du baby-sitting. Aujourd’hui, je suis architecte. Et mon petit frère bénéficie à son tour du RME. »
Le bilan
« Depuis 2011, 390 jeunes ont bénéficié du revenu municipal étudiant. La marie provisionne un budget de 40 000 euros tous les ans. Certaines années, il n’est pas consommé en totalité, en revanche si les demandes sont plus nombreuses, la mairie abonde de nouveau le budget. Et de fait, on n’a jamais refusé l’aide à un étudiant qui y a droit. C’est une satisfaction pour la marie. On reçoit des messages de personnes qui nous disent "Merci, grâce à vous j’ai réussi à finir mes études". Certains sont même revenu s’installer à Plougastel pour y exercer leur profession. »
Ailleurs
Plusieurs communes ont mis en place un revenu miminum étudiant : entre autres Gannat (Allier), Saint-André-des-Vergers (Aube), Corte (Corse), Cerizay (Deux-Sèvres), Panazol (Haute-Vienne), Grande-Synthe (Nord), Gravelines (Nord), Nogent-sur-Seine (Aube)…