C’est un peu la fable du corbeau et du renard, mais à l’envers. Nathalie le résume autrement : « Ne flattez jamais personne, ça se retourne contre vous ! » Elle soupire et rigole en même temps, notre préfète d’Orléans et des environs.
L’exploité du mois : Nathalie, l'exploiteuse exploitée
Car, à la base, c’est bien elle qui voulait profiter de nous… « Un jour, je rencontre François sur un stand de Fakir. Je suis allée le remercier, parce qu’il avait écrit quelques années avant un article sur le fournisseur d’énergie chez qui je travaille, et franchement ça correspondait exactement à ce qu’on vivait, nous, sur le terrain : l’inhumanité de nos services envers les clients, l’externalisation, la suppression du secteur social… » Jusqu’ici, tout va bien. « Quelque temps plus tard, je veux organiser une visite à l’Assemblée nationale pour mon comité d’entreprise. Ruffin était devenu député, j’ai tenté le coup, et ça a marché : il s’est souvenu de moi, et a permis qu’on débarque à cinquante à l’Assemblée ! »
Mais en Fakirie, tout service rendu devient une dette à vie. Nathalie l’a bien senti, et elle la paie encore. « Un jour, je vois passer l’info que Fakir recherche des bénévoles pour accueillir la tournée de J’veux du soleil !. Je me suis dit que ce serait l’occasion de rendre la pareille, et qu’après on serait quittes… » Ben voyons ! « Quand j’ai voulu renvoyer les livres et journaux que je n’avais pas vendus, Thibault m’a dit de les garder, bon… Et puis il m’a annoncé qu’il y aurait une nouvelle table à tenir à Blois, "c’est pas loin de chez toi". Et après j’ai encore dû garder mon stock… » Le poisson était ferré. « Ça s’est fait un cran après l’autre, en fait. Depuis, j’essaie d’organiser des réunions, je m’appuie sur les événements organisés par Fakir pour monter les miens, comme pour la campagne contre la privatisation d’ADP, par exemple. » Récemment, elle a profité du passage de Leïla Chaibi et du rédac’ chef à Orléans pour vaincre une malédiction : « Jamais personne de Fakir n’était venu ici, une grève de train, un empêchement de dernière minute, à chaque fois il y avait quelque chose », elle râle. Mais ça valait le coup d’attendre ! « On a rempli la salle, les gens étaient super contents. D’ailleurs, quand on vend Fakir en manif, c’est chouette : tout le monde vient vous parler, toute la manif, tous les partis et organisations. On est les seuls dans ce cas. Et les Tchios, quand on en a à distribuer, ils partent tout seuls… »
Quand elle ne bosse pas pour gagner de l’argent ou en faire gagner à Fakir, Nathalie se vide l’esprit avec le taï-chi. « C’est les gens qui se réunissent pour faire des mouvements tout lents, c’est ça ?
— Tout lents, tout lents… C’est des techniques de défense, alors si tu les fais vite, y a une sacrée force ! On est rattachés à la fédé de karaté, quand même ! Moi, ça me permet de me vider l’esprit, de me concentrer, et de reprendre le contrôle de mon corps. »
Avec une préfète comme ça, les intérêts fakiriens sont bien défendus !