n° 102  

Nos lecteurs sont les meilleurs ! (n°102)

Par L'équipe de Fakir |

Le courrier des lectrices et des lecteurs reçu et traité par notre bénévole Nicole.
Nous écrire : courrier@fakirpresse.info


Merci aux emmerdées

De Sylvain, par courriel, le 9 janvier.
Sylvain nous adresse sa lettre au Président de la République.

« Monsieur le Président de la République, je suis le directeur de l’école élémentaire de dix classes dans laquelle travaillent Cécile et Yasmine. Cette semaine de rentrée, toutes les deux nous ont énormément manqué : elles étaient absentes pour avoir contracté la Covid‑19. Yasmine est agent technique d’entretien : c’est elle qui nettoie les classes chaque matin à 7 heures après être passée sous votre portrait dans le hall, change les petits qui ont eu un accident, désinfecte les toilettes une dizaine de fois par jour pour tenter, quoi qu’il en coûte, d’appliquer le protocole sanitaire et protéger les enfants et les enseignant‑es. Depuis le début de la pandémie, elle ne compte pas ses heures et s’active dans l’école avec un dévouement qui force le respect, pour un salaire qu’elle n’ose pas révéler.

Cécile accompagne deux enfants porteurs de handicap : c’est elle qui permet à Guillaume de suivre les activités de sa classe de CP et à Yanis de maintenir son attention au CE2, après une heure et demie de train en provenance de la Seine‑et‑Marne où elle réside. Pour vivre décemment, Cécile cumule cet emploi avec celui d’animatrice périscolaire : en guise de pause, elle change de casquette à 11h30 pour gérer les trois services de cantine scolaire conformes au nouveau protocole Covid. Après la classe c’est encore elle qui propose aux enfants des jeux sportifs avec masques et distanciation ou les aide à l’étude pour leurs devoirs. Yasmine et Cécile ne sont pas vaccinées. Elles n’en font pas un étendard, ne sont pas « antivax », ne manifestent pas et je ne doute pas que des médecins bienveillants sauront les convaincre bientôt. Monsieur le Président, vous avez déclaré cette semaine vouloir « emmerder » le plus possible Cécile et Yasmine, ajoutant qu’elles n’étaient plus des citoyennes en raison de leur non‑vaccination. En tant que directeur de l’école et donc représentant de l’État, je voudrais pour ma part rendre hommage à leur dévouement et leur engagement sans faille, sans lequel notre école n’aurait pas « tenu » depuis l’apparition de ce virus. Je sais que malgré la blessure que vos propos auront provoquée, malgré leurs conditions de travail et le peu de reconnaissance en retour, elles seront bientôt présentes aux côtés des enseignants de l’école, pour les enfants, pour le Service Public d’Éducation. »

Lettre morte pour les ex-postiers

D’Aline, par courriel, le 21 décembre.

Salariée exploitée à La Poste entre 2002 et 2019, poussée vers la sortie avec un burn out en cadeau d’adieu… On survit grâce aux coquillettes, tant pis pour les factures et les loyers impayés. Si on est chanceux et qu’on habite un département sympa, on peut avoir le RSA. Quand on aura mangé toutes les pâtes, on ira aux Restos du cœur et on dira aux enfants « pas de Noël cette année », on se contentera de regarder les pubs des supermarchés... Depuis plus d’un an, des journalistes posent la question : « Que se passe‑t‑il quand les postiers sont au chômage ? » Des vrais athlètes, à courir toute la journée, en bureau comme en tournée... Puis c’est l’accident du travail, des problèmes de santé, les vertèbres en vrac, les épaules coincées, des tendinites comme les sportifs, à trop faire les mêmes gestes, on casse la machine, alors on met les postiers sur le banc de touche... Trop épuisés, usés, essorés, remerciés sans trop de chichis ni de pognon. Non seulement ils ne retrouvent pas toujours de travail, mais une autre quête commence, avoir des indemnités... Devinez ? C’est la Poste qui gère aussi ! [Pour] les postiers fatigués, il manquera toujours un document au dossier, même si on a coché toutes les cases de la liste ! Et c’est parti pour des jours, des semaines, des mois, voire des années de traitement du dossier ! On dirait une mauvaise blague. Tous les mois, on recommence, document pas reçu, donc dossier pas traité et paiement non reçu !!! Pas de prévisions de la date à laquelle on pourrait envisager de remplir le frigo…

Les farines de la colère

De Pierrick (Pleudaniel, 27), par courrier.
Pierrick nous met en copie du courrier envoyé au Président Macron.

« Monsieur le Président, Je suis stupéfait en apprenant la proposition de loi de la Commission européenne d’autoriser à nouveau la production de farines animales. Je suis particulièrement touché par cette décision, même si les nouvelles farines ne sont soi‑disant pas identiques à celles qui ont entraîné des maladies incurables. Mon épouse a été atteinte de la maladie de Creutzfeldt‑Jakob, cette dégénérescence a duré huit mois, se terminant par son décès. Comment contrôler ces nouvelles farines ? N’est‑ce pas la porte ouverte à toutes les manipulations et toutes les incertitudes sur la santé des consommateurs dans les décennies qui viennent ? Est‑ce la substantielle économie faite sur les importations de soja qui prime sur la santé de nos concitoyens ? »

La palme du fayot

« Je suis un nouvel abonné : le numéro 100 m’a enthousiasmé, et le 101 ne me déçoit en rien. Pour tout dire : j’ai l’impression que c’est MOI qui écris tout ça ! » Eh non, Jean‑Pierre, c’est pas toi : c’est toute une équipe, que tes auto‑flagorneries ne suffiront pas à nourrir. Pour le Prix de la Lèche, prends exemple sur tes camarades lecteurs. Tiens, ici : Jean‑Claude, avec un chèque de soutien de 50 € ! Ou là : Marie‑Pierre, de Bayonne, ancienne ouvrière dans le textile, qui prend un abonnement à vie !

Qui dit mieux ? Frédéric (La Rivière, 38), qui achète le DVD de Debout les Femmes, organise une projection dans son village, propose d’héberger le rédac’ chef en vacances, et nous glisse un chèque de soutien de 100 € ! On monte en gamme ! Allez, encore un effort, ici, sur ma gauche : « Des lustres que je suis abonné, même qu’en faisant du tri dans ma cave je suis tombé sur les premiers numéros. Putain la séquence émotion ! Toutes ces années, je n’ai pu te soutenir financièrement, j’ai même plusieurs fois souscrit l’abonnement radin, la loose totale. Et puis me voilà avec beaucoup plus d’argent que je n’en aurais jamais gagné. Qu’ai‑ je fait pour ça ? Rien, juste hérité. Je me suis donc promis de redistribuer à ma façon. » Et de nous faire un virement de 2000 € ! Et modeste avec ça : notre bienfaiteur veut rester anonyme ! Pas de souci : à ce prix‑là, on veut bien lui décerner la Palme du Fayot masqué…