Le courrier des lectrices et des lecteurs reçu et traité par notre bénévole Nicole.
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Nos lecteurs sont les meilleurs ! (n°104)

Numérique : l’offense écologique
De Michèle (Saint-Étienne), par courrier, le 29 juin.
Je vous écris après lecture, dans le numéro de juillet, du dossier « Les Damnés de la start up nation ». Il ne faut pas oublier ceux qui ont fait le choix (comme moi) de fuir toute cette hégémonie numérique.
On nous parle d’écologie, de développement durable, d’énergies propres mais la dématérialisation, la société 2.0 n’ont rien d’écologique ! Le numérico-industriel sait bien dissimuler sa face pas du tout reluisante. Le « Léviathan numérique » consomme 10 % de la production d’électricité mondiale, sa fabrication produit chaque année 50 % de plus de gaz à effet de serre que le transport aérien et recrache une quantité astronomique de déchets électroniques !
Pour soutenir les modes de vie high-tech, il serait nécessaire d’extraire en une génération plus de métaux que l’humanité n’en a extraits depuis son origine. Cette extraction, outre le fait qu’elle requiert d’énormes quantités d’eau et autres gloubiboulgas chimiques, accumule des quantités colossales de déchets dans des mines à ciel ouvert. Un exemple : il faut 1000 tonnes de rocher pour obtenir 1 kilo de lutécium ! Et que dire du cobalt lui aussi indispensable ? Cette matière dont la demande mondiale devrait être multipliée par six d’ici 2030 provient en partie du sous-sol du Congo et enrichit des géants industriels. Les ouvriers, dont de nombreux enfants, sont employés dans des conditions inhumaines !! Ce cobalt exploité en RDC dans des conditions dignes de l’âge de pierre, y compris par les enfants, est utilisé pour d’onéreux gadgets fabriqués par certaines des plus riches entreprises du monde (…).
Les nouvelles technologies pillent les ressources terrestres et sous-marines, exproprient des gens, se rendent coupables de crimes, violent les droits et les libertés. Comment peut-on se rendre complices de cette criminalité déguisée ? Et où est l’écologie dans tout ça ? C’est plutôt l’offense suprême à l’intégrité humaine.
Hospitalisation déguisée
De Edwige, par e-mail, le 16 juin.
Au détour d’une conversation avec une ex collègue d’hôpital (je suis soignante à la retraite depuis fin 2019), j’écoute les dernières nouvelles du service, les habituels potins, les départs, les arrivées, les changements d’organisation, la surcharge de travail que je me réjouis de ne plus subir quand une information me frappe soudain, là où ça fait mal : ma foi dans le service public (ou ce qui en reste).
Voici les faits : dans mon ancien service d’accueil des urgences gynéco-obstétricales, quand vous venez en consultation urgente, qu’on vous fait éventuellement quelques examens type échographie ou prise de sang et que vous rentrez ensuite chez vous, les soignants ont comme consigne émanant du médecin chef de service de vous « compter » en hospitalisation. C’est-à-dire qu’au lieu de facturer en votre nom à la Sécu une consultation à 60 € (plus le coût des examens s’il y a lieu), votre passage sera facturé à votre insu au moins 1150 €, coût d’une journée d’hospitalisation... tout ça sous prétexte de faire entrer plus d’argent dans les caisses de l’hôpital et d’obtenir une illusoire augmentation de personnel. Voilà, ça va mieux en le disant. Enfin je crois...
Énergie, le braquage invisible
D’Hilda, par courriel, 4 juillet.
Pourriez-vous vous pencher sur la CPE (Charte pour l’énergie), discutée en juin dernier à Bruxelles ? C’est édifiant. On peut y constater que les entreprises de l’énergie sont plus fortes que l’état et peuvent exiger des dédommagements dès que celui-ci se met en travers de leurs projets. Et ça se chiffre en milliards.
Ce fut le cas pour l’Italie qui a refusé des prospections offshore, et l’Espagne, quand elle a arrêté de subventionner l’énergie solaire. Rendre public l’existence de la CPE me semble d’utilité publique quand on culpabilise les pauvres consommateurs sur leur consommation d’énergie… Ces entreprises qui font des milliards de bénéfices ont le toupet de demander des dédommagements à l’état, donc aux citoyens. Là, on ne rechigne pas à payer alors qu’il n’y a pas d’argent pour la santé et l’éducation…
La palme du fayot
Ah, ça, vous nous le faites bien sentir, hein, vous le soulignez à gros traits, que « c’est l’inflation », « deux années de crise », et « on n’a plus de sous »… Et nous, comment on fait pour vivre, sans vos abonnements ? On se contente de vos flagorneries ? Comme Jean, de Sologne, qui découvre Fakir : « Je rêve d’un organe de presse citoyenne, un vrai. Puis je finis par découvrir votre journal. Soulagement car visiblement, rien n’est perdu… » C’est un peu mieux avec Jeanine, de Moncaup (31), 81 printemps, qui partage, au moins : « Grâce à vous j’ai pu m’inscrire sur un nouveau vecteur de luttes et, bonheur, le partager avec mes petits-fils ! » De futurs abonnés à vie ? On monte encore en gamme avec Thierry, de l’Oise. Parce qu’il est abonné passion, déjà, et avec sa proposition : « Si un jour vous avez besoin d’un coup de main pour des travaux, n’hésitez pas. Ça me ferait plaisir. Bénévolement bien sûr ! » Un exploité, évidemment qu’on prend !
Quoi de mieux ? Des sous ! Bernard, de Savenay (44), se « réabonne sans problème à Fakir, alors [qu’il a] suspendu des soutiens » à d’autres organismes. Mais la palme revient à Marcel, de Saint-Denis (93), qui a fait chauffer sa calculatrice, en ces temps de disette : « Il me faut déjà opérer quelques ajustements sur le plan budgétaire. (…) Les dépenses contraintes ainsi que celles liées à l’alimentaire ne peuvent que conserver la prééminence. (…) Les séjours de villégiature, les loisirs et la culture sont placés au premier rang des limitations », mais malgré « ce contexte un peu plus difficile j’ai fait le choix de poursuivre une année de plus mon abonnement à votre journal (…). Une nouvelle analyse devra nécessairement être faite l’an prochain. » On en reparle dans un an, Marcel. En attendant, te voici décoré du Grand Prix de la Lèche !