Accords de Paris enterrés, propositions de la Convention sur le climat écartées, coupes franches au ministère de la Transition écologique : le quinquennat aura été une longue litanie de promesses non tenues et de choix controversés sur les enjeux écologiques.
Un Président des riches, contre la planète
Accord de Paris, promesses trahies.
D’emblée, le quinquennat d’Emmanuel Macron tutoyait l’urgence.
Le nouveau Président semblait en prendre la mesure : la France sera la « garante de l’accord de Paris », entrée en vigueur en 2016, prévenait‑il. Engagée alors qu’il était encore au ministère de l’économie, la COP21 de 2015 affichait des objectifs somme toute modestes : atténuer et s’adapter au changement climatique, et limiter le réchauffement à 1,5 °C.
Transports
Six ans plus tard, malgré le célèbre « make our planet great again », le bilan français est très loin d’avoir atteint les objectifs affichés. « L’évaluation des lois et des politiques en regard du climat […] n’a pas progressé, constatait en juillet 2020 le rapport du le Haut Conseil pour le Climat (HCC). Les émissions de la France ont diminué de 0,9 % en 2019, ce qui est similaire aux années précédentes et loin des – 3 % attendus dès 2025. Les quatre grands secteurs émetteurs, le transport (30 %) suivi de l’agriculture, le bâtiment et l’industrie, ont tous raté le premier budget carbone (2015‑2018). La baisse temporaire des émissions lors du confinement est marginale par rapport aux efforts à accomplir. » Au niveau du transport, par exemple, « le marché français avec son parc automobile neuf est porté par les SUV, qui sont des véhicules plus lourds et donc plus consommateurs », regrette Hervé Lefebvre, chef du service Climat de l’Ademe.
Émissions de GES
De fait, pas une fois, depuis 2016, la France n’aura tenu ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Le gouvernement s’autorisera d’ailleurs lui‑même à dépasser le plafond annuel de GES émis jusqu’en 2023 : on passera de 398 à 422 millions de tonnes de CO2 par an. « Aux promesses intenables, nous préférons une feuille de route crédible », justifie le ministère de la Transition écologique.
Un argument qui n’a pas convaincu les institutions. Le Conseil d’état, par exemple, qui fin 2020 demandait au « gouvernement de justifier, dans un délai de trois mois, que son refus de prendre des mesures complémentaires est compatible avec le respect de la trajectoire de réduction choisie pour atteindre les objectifs fixés pour 2030 ».
Énergies renouvelables
Le HCC indiquait pour sa part des pistes au gouvernement, afin qu’il respecte ses promesses : « rénovation énergétique des bâtiments », « investissements dans les transports publics et les infrastructures de mobilité douce », « déploiement des énergies renouvelables »… Un domaine sur lequel la France est également en retrait par rapport à ses engagements. La consommation des énergies renouvelables représentait, en 2019, 17 % de la consommation finale d’énergie, contre un objectif affiché de 32 % en 2030. D’autant plus que le gouvernement autorisait encore en 2018 la poursuite de dix‑huit projets d’hydrocarbures, malgré les engagements du Président sur « la fermeture des centrales à charbon » et la « fin des permis d’hydrocarbures. »
« Garante de l’accord de Paris » ? La France et son président en sont surtout les premiers fossoyeurs.
En toile de fond : un goût de brûlé
Selon la NASA et une autre agence américaine, la NOAA, juillet 2021 a ainsi été le mois le plus chaud, en moyenne mondiale, jamais observé depuis le début des mesures au milieu du XIXe siècle. Le service européen Copernicus d’observation de la Terre annonçait lui que les sept années de 2015 à 2021 « ont été les plus chaudes jamais enregistrées, d’une marge nette », confirmant l’avancée du réchauffement climatique avec des concentrations record de gaz à effet de serre. L’augmentation régulière des températures et les sécheresses qu’elle provoque ont eu un effet direct : la prolifération mondiale, de l’Australie aux états‑Unis, des « mégafeux » ‑ un terme apparu dans la littérature mondiale au milieu des années 2010. « Cette augmentation est, d’une part, liée au dessèchement accru de la végétation et, d’autre part, au réchauffement qui allonge les périodes de l’année au cours desquelles la végétation se dessèche », explique Jean‑Luc Dupuy, directeur de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.
Tous les domaines du vivant sont touchés. Fin 2017, une étude publiée par la revue PLoS One nous apprenait que, depuis 1990, les populations d’insectes ont chuté de près de 80 % en Europe. C’est « un déclin dramatique des insectes volants, de 76 % en moyenne et jusqu’à 82 % au milieu de l’été, dans les aires protégées allemandes, écrivent ses coauteurs. Cela excède considérablement le déclin quantitatif, estimé à 58 %, des vertébrés sauvages depuis 1970. » En France, « depuis 1989, on a perdu à peu près un tiers des oiseaux des milieux agricoles » observe Frédéric Jiguet, ornithologue et professeur au Centre d’écologie et des sciences de la conservation du Muséum d’histoire naturelle.
421 millions d’oiseaux ont disparu en moins de 30 ans en Europe, victimes du réchauffement, mais aussi des pesticides répandus sur les cultures – 65 000 tonnes chaque année rien qu’en France.
Les animaux meurent, le ciel chauffe, mais il pleure, aussi. Rien qu’en Europe, l’Allemagne, la Belgique, les Pays‑Bas et le Luxembourg ont connu à l’été 2021 des inondations inédites, avec plusieurs semaines voire mois de pluie qui tombaient en 24 h, provoquant des centaines de victimes. « Nous savons que pour chaque degré d’augmentation des températures, les précipitations extrêmes le deviendront encore plus. Je pense que l’avenir nous réserve bien d’autres événements de ce genre », prévient Kai Kornhuber, physicien du climat à l’université de Columbia, aux États‑Unis.
Alors ? « Ces événements sont un rappel brutal de la nécessité de changer nos habitudes, de prendre des mesures décisives et efficaces en faveur d’une société durable et de travailler à la réduction des émissions nettes de carbone », prévient Carlo Buontempo, directeur du service climatique de Copernicus.
Au One Planet summit : “Make finance great again”
Ce mardi 12 décembre 2017, six mois après l’élection présidentielle, Emmanuel Macron et la France accueillent le One Planet Summit, censé relancer la lutte contre le réchauffement climatique, un concept malmené par Donald Trump – le président américain qui vient de prendre place à la Maison Blanche. Il restera un slogan de ce nouveau grand rassemblement : « Make our planet great again », lancé par Emmanuel Macron pendant les débats. Mais qu’aura‑t‑on entendu, finalement, tout au long des interventions, à la tribune ? « La finance n’est pas le problème, elle fait partie de la solution. » « La transition écologique crée des opportunités pour la finance. » « Avec confiance, nous pourrons avoir une finance au service du climat. » Bruno Le Maire, ministre de l’économie, avait d’ailleurs poussé en ce sens : « Finance is not the enemy, finance is the key. » « La finance n’est pas l’ennemi, la finance est la clé. »
Qui s’agissait‑il vraiment de sauver ?
La planète ? Ou la finance ? Ou du moins sa réputation ?
Les PDG (de Alstom, Engie, HSBC, Plastic Omnium, etc.) défilaient, pour expliquer combien un monde se « réinventait », combien tout irait mieux avec « un cadre motivant et non castrateur », combien il suffirait de « libérer les énergies ». Les financiers, aussi, en personne : « Nous consacrons d’ores et déjà 2 % de notre chiffre d’affaires au green business ! »
Restait une question lancinante : pourquoi cette finance qui depuis un siècle, pollue terres air mers, et écrase les hommes, sans vergogne, sans complexe, pourquoi cette finance s’interdirait désormais de polluer terre air et mers, et d’écraser les hommes, s’il y a du profit à la clé ?
Ridicules 20 milliards
Mais qu’importe les causes, Emmanuel Macron désignait, déjà, les sauveurs de la planète : « Les fonds souverains, les banques, les assurances, les philanthropes, à même de financer le changement. » La main invisible du marché comme solution. Puis le Président se reprenait, comme s’il les avait oubliées : « les ONG, la société civile. » En toute queue de peloton. Tout ce cérémonial pour, au bout, faire un chèque de 1,5 milliard sur cinq ans. La flat tax, à elle seule, coûte autant chaque année. La suppression de l’Impôt Sur la Fortune pour les actionnaires, 4 milliards. Le Crédit Impôt Compétitivité Emploi, plus de 20 milliards.
C’est dire, en un chiffre, la tragique dérision…
Au ministère : engraisser le privé, tailler dans les salariés
Un signe a priori positif : le budget de l’écologie allait augmenter, sur le quinquennat – légèrement – pour atteindre des niveaux qu’il n’avait jamais connus auparavant. 21 milliards pour le ministère de la Transition écologique, et 49 milliards en tout (soit + 3 % en 2021), si on considère ses opérateurs, ces agences publiques qui permettent d’appliquer les politiques sur le terrain : Météo France (essentielle pour la prévention et la gestion des risques), l’Institut national de l’information géographique et forestière...
Mais qui en profite, vraiment, de cette manne ?
À regarder de plus près, niveau effectifs, c’est une saignée : le ministère de la Transition écologique (avec ses opérateurs) est, davantage encore que l’éducation nationale, celui qui a en pourcentage perdu le plus d’employés sous le quinquennat Macron. Près de 9 200 salariés sur quatre ans, pour être précis, si on croise les chiffres du Monde, de l’Assemblée nationale et du ministère de l’Économie. Soit 15 % des effectifs, environ. Pourquoi ces coupes franches, alors que l’urgence est admise par tous ? Parce qu’une autre promesse du candidat Macron pèse et prime sur l’écologie comme sur tout le champ de l’action publique : supprimer 120 000 postes de fonctionnaires sur le quinquennat.
Mais l’argent, donc ?
Où passe l’argent, puisque les budgets augmentent ?
Réponse : dans le privé.
Puisque les agents, les ingénieurs, les fonctionnaires ne sont plus là pour assumer leurs tâches, les études d’impact, les projets, les prospectives et prévisions sont confiés à des cabinets privés. « Avant, on avait un réseau de compétences qui produisaient beaucoup plus d’études en interne. Aujourd’hui, l’administration se tourne vers l’extérieur pour trouver de l’expertise. Quel est le budget alloué à cela ? Le ministère ne nous a jamais répondu », explique Isabelle Robert, du syndicat CGT de l’administration centrale du ministère de l’Écologie, citée par Reporterre. C’est ainsi le cabinet Boston Consulting Group qui est chargé d’étudier la loi Climat et résilience. Comme Capgemini et d’autres sociétés privées, qui remplissent des tâches autrefois accomplies en interne. « Imaginez le désaveu pour les ingénieurs d’un ministère technique que de voir confiées les orientations stratégiques à une société privée » soupire Fabrice Brucker, secrétaire du CHCST du ministère.
Dans les bureaux, les employés le ressentent : cadences infernales, burn out, toujours plus de travail (forcément) et moins de monde – le ministère a perdu à lui seul quelque 8000 postes sous le quinquennat Macron. Une perte sèche des cerveaux, des talents, que ces ingénieurs, ces experts qu’on pousse vers la sortie. Avec cette logique d’externalisation qui veut qu’on paye, parfois très cher, les missions que des fonctionnaires auraient pu mener avec, derrière, une vraie continuité.
La 5G, la nouvelle clé
Parmi les renoncements aux propositions de la Convention, la 5G.
La CCC estimait essentiel « d’évaluer les avantages et les inconvénients de la 5G par rapport à la fibre avant et non après avoir accordé les licences pour son développement ». Et donc d’« instaurer un moratoire sur la mise en place de la 5G en attendant les résultats de l’évaluation de la 5G sur la santé et le climat ». Surtout que, concluent‑ils, il s’agirait là d’une technologie « sans réelle utilité ».
D’ailleurs, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) elle‑même déplore alors de ne pas avoir de données suffisantes sur le sujet. En Belgique, en Italie, de nombreuses collectivités territoriales imposent déjà un moratoire. Sans compter le surcoût énergétique : la 5G, avec la multiplication des antennes et flux, c’est déjà 2 % de consommation d’électricité en plus en Chine, qui a déployé 80 sites dès 2020.
Alors, c’est la ministre Agnès Pannier‑Runacher qu’on envoie défendre le projet : « Oui, nous allons lancer les enchères de la 5G. Faisons attention à ne pas prendre du retard et à ne pas se retrouver dans la situation qu’on a déjà vécue plusieurs fois en France où on veut être plus intelligents que tout le monde et à la fin on est plutôt en retard sur le reste de la compétition... » La 5G a une autre vertu, pour Emmanuel Macron : « L’intelligence artificielle va disrupter tous les modèles économiques, et je veux que nous en fassions partie. Je veux que nous ayons des champions de l’intelligence artificielle ici en France, et attirer les champions du monde entier », expliquait‑il en mars 2018 au magazine Wired.
Pour ce modèle de « disruption » et de croissance, la 5G est un enjeu majeur. La voiture autonome, connectée, les bâtiments connectés, les habitations connectées, l’agriculture connectée, les établissements scolaires connectés, l’enseignement à distance, les objets obsolètes à racheter : tout cela, avec la 5G, offre un nouvel horizon de croissance.
La technologie devient, après la « finance verte », la clé pour sauver la planète.
Le camouflet de la CCC
Constituée en octobre 2019 à la demande d’Emmanuel Macron, dans la foulée du Grand débat post‑Gilets jaunes, la Convention citoyenne sur le climat regroupe alors 150 citoyens tirés au sort pour plancher sur l’avenir de la planète et les obligations de la France pour respecter ses engagements. Au fil de huit mois d’auditions de scientifiques, de spécialistes, de débats, la CCC doit soumettre au Président une liste de mesures à prendre.
Ce lundi 29 juin 2020, jour du rendu de leurs travaux, Emmanuel Macron annonce qu’il s’offrira trois « jokers » : retoquer trois des 149 propositions, adoptées à 98 % par la Convention. Il annonce qu’il refusera, par exemple, de taxer les dividendes pour aider le climat, comme demandé par les citoyens.
Mais pour le reste, le Président reprendrait tout, « sans filtre ».
Le bilan ? Neuf mois plus tard, en février 2021, les membres de la CCC se réunissent lors de leur dernière session. Leur constat est tranchant : ils donnent au gouvernement la note de 3,3 sur 10 dans l’application de leurs mesures. Au printemps 2021, près d’un an après le rendu de leurs travaux, 90 % des 149 propositions n’ont toujours pas été reprises.
La formule Macron pour l’écologie : des petits gestes...
Le président l’avouait, deux ans après le début de son mandat, sur le ton de la confidence : sur l’écologie, « j’ai changé. »
Il l’avait même ajouté : « J’ai changé, très profondément. Le mouvement de la jeunesse pendant plusieurs semaines, plusieurs mois, et qui continue, m’a fait réfléchir. »
C’était le 26 août 2019, sur la chaîne Konbini. Depuis des semaines, dans le monde entier, des centaines de milliers de jeunes manifestaient pour une prise de conscience écologique, pointant l’attitude des dirigeants des grandes puissances. Emmanuel Macron allait‑il s’appuyer sur ce grand mouvement, malgré les vides, qu’il avouait, de sa feuille de route ?
Devant la caméra, Emmanuel Macron poursuivait en parlant « d’écocide » en Amazonie, de « taxes CO2 aux frontières ». Jusqu’à ce que Louna, 18 ans, l’interpelle, en visio, à distance. « Comment pouvez‑ vous soutenir les mouvements des jeunes et marches pour le climat et en même temps permettre la ratification d’accords comme le Ceta, qui est une catastrophe pour l’environnement ? Ce sont pas des politiques un peu antagonistes ?
— Eh non, parce que le Ceta, ce n’est pas un accord mauvais pour le climat. »
Le Ceta qui, sur les 596 pages du traité, n’en comporte que 13 sur l’environnement, dans un chapitre « non contraignant ». Ce qui faisait dire aux experts ayant remis un rapport sur le sujet au premier ministre, en septembre 2017, que « le grand absent de l’accord reste le climat », relevant que rien n’y est prévu pour limiter « la hausse des émissions de CO2 du transport international maritime et aérien induite par l’augmentation des flux de commerce » ‑ 1,31 million de tonnes en équivalent CO2 pour l’Europe, et 1,65 million pour le Canada sur la première année.
Un mois après cet échange, fin septembre 2019, Emmanuel Macron re‑changeait de position sur l’écologie et les manifestations de jeunes. « Qu’ils aillent manifester en Pologne ! », lâchait‑il, excédé. Avant de se lancer dans un cours de sauvegarde de la planète. « Défiler tous les vendredis pour dire que la planète brûle, c’est sympathique, mais ce n’est pas le problème. Je préfère que tous les vendredis on fasse de grandes opérations de ramassage sur les rivières ou les plages corses. »
La ligne étaient tracée : celle des petits gestes individuels, et, pour le reste, business as usual.
… et de la technologie
« Quelle est la solution privilégiée pour lutter contre le changement climatique ? » à cette question, les Français répondent à 53 % par : « une modification de nos modes de vie ». Et à 29 % par : « le progrès technique et les innovations ».
Avec sa « stratégie France 2030 », Emmanuel Macron répond franchement, il fait un pari pour le pays : pour lui, c’est par « le progrès technique et les innovations », à 100%.
Il l’expliquait, dans son long discours sur la « France 2030 », le 12 octobre dernier : « Le premier grand défi, énonce le président, c’est évidemment le défi climatique, environnemental, c’est‑à‑dire le problème à la fois des dérèglements climatiques et de la raréfaction de la biodiversité. »
Jusqu’alors, comme il le souligne, il y a « consensus ».
On est tous d’accord.
Mais comment compte‑t‑il l’affronter, ce « grand défi » ?
La « nature » n’est pas évoquée, absente de la prose présidentielle. à vrai dire, en toute honnêteté, la « nature » apparaît une fois, pour : « la nature des dépenses publiques ». L’« eau », c’est à nouveau zéro, alors que c’est une immense angoisse, quand même, les rivières à sec. L’« air », lui aussi, ne surgit qu’une fois pour : « armée de l’air ». Et évidemment, ni « poisson », ni « oiseau », ni « abeille ».
C’est un autre vocabulaire qu’on retrouve : la « technologie » (23 occurrences). Les « innovations » (84 occurrences). Les « ruptures » (35 occurrences). L’« accélération » (36 occurrences). Voilà les solutions au « grand défi » !
À partir de cette poignée de vocables, on peut composer des phrases macronistes :
« Innovations de rupture, innovation technologique et industrialisation sont beaucoup plus liées qu’on ne l’avait intuité jusqu’alors. »
« Quand on se désindustrialise, on perd de la capacité à tirer de l’innovation dans l’industrie et donc de l’innovation, même incrémentale, et c’est celle‑ci qui nourrit le dialogue avec les innovations de rupture. »
« L’innovation de rupture a complètement comprimé son temps entre l’invention et son industrialisation. »
« Nous devons réinvestir pour être à la pointe de l’innovation de rupture. »
« Nous devons absolument nous préparer à des technologies de rupture. »
À isoler ses syntagmes ainsi, à les placer sur le papier, le ridicule éclate, et l’arrogance avec, de cette langue si vide, si creuse, si nulle, qui se veut savante.
C’est un homme, donc, qui produit ces phrases, et pas un logiciel d’écriture automatique. Le mot clé, on l’aura saisi, c’est « innovation de rupture ». Il y aura des « innovations de rupture en santé », des « innovations de rupture pour connaître les grands fonds marins », des « innovations de rupture pour mieux gérer nos déchets nucléaires », etc.
On peut espérer.
Mais doit‑on confier notre destin à ce pari incertain ?
Et à quoi servent, politiquement, ces « innovations de rupture » ?
À ne pas changer la société.
La société de production.
La société de consommation.
Ainsi définie par Le petit Larousse :
« Société d’un pays industriel avancé où l’économie, pour fonctionner, s’efforce de créer sans cesse de nouveaux besoins, et où les jouissances de la consommation sont érigées en impératifs au détriment de toute exigence humaine d’un autre ordre. »
Mais qui voudrait sortir de ça, vraiment ? Qui voudrait le changer ?
Sûrement pas Macron et ses amis, que ce système nourrit, gave, de millions, de milliards.
Pendant cinq ans, le président Macron nous a conduits, pied au plancher, dans une impasse. Ils foncent dans le mur écologique.
Avec, comme seule issue, le miracle‑mirage technologique. Qui pourrait bien accélérer la catastrophe.