n° 111  

Réarmement

Par Valéry Chartier |

« Pour que la France reste la France. Que les riches restent riches. Et que les immigrés restent chez eux. » En une formule, Emmanuel Macron a tracé un cap pour la suite de son quinquennat. Avec une priorité : faire des enfants pour étoffer l’armée de réserve du capitalisme. « Et donc que les pauvres soient plus nombreux à trimer ! »


Démographie et tradition

« On veut que des Kevin et des Charles-Henri viennent nous livrer nos sushis. » Emmanuel Macron entend agir pour enrayer le déclin démographique de la France. Et sans immigration. « La France des centres-villes en a ras-le-bol de se faire livrer ses colis Amazon par des travailleurs, disons, exotiques. » Il est temps d’offrir au patronat « une main d’œuvre abondante et présentable ».
Donc, en attendant les drones Uber, le Président a invité les Français à se reproduire. Avec l’art et la manière. « La reproduction c’est papa sur maman. Qu’on ne vienne pas me parler de GPA ou autre artifice. » Le gouvernement veut promouvoir le label « fait maison » avec un « savoir artisanal » par le biais d’une majoration des allocations familiales. « Faire et élever des enfants c’est un vrai métier. Et il est temps que les femmes y reviennent plutôt que d’aller faire les belles au travail et finir sur #MeToo ! »
Il s’agit pour le gouvernement de revenir à un modèle familial traditionnel qui a fait ses preuves. « Les gouines et les pédés qui font des gosses, les femmes au travail, on a vu le résultat : des émeutes et une chute au classement PISA. »

Libérer la fertilité

« Contraception, avortement, contraintes juridiques : il y a trop d’entraves à la fertilité et aux élans masculins. » Dans son plan de lutte contre l’infertilité, Gabriel Attal a promis une simplification des normes qui découragent les entreprenants. « Si on risque la prison pour une main un peu baladeuse, on ne voit pas comment on va inciter les Français à retourner besogner. » Les enquêtes d’opinion le prouvent, « on ne peut plus draguer ».

« Nous sommes en guerre, en guerre démographique » a rappelé le Président. Il va donc falloir en finir avec certains tabous, et surtout sortir des excès du féminisme pour mettre la France sur le chemin du réarmement. Ce qu’Emmanuel Macron a résumé en une grivoiserie bien française : « On ne fait pas d’omelette sans casser des petites pattes arrière. » Car le premier ennemi de la fertilité, « c’est le wokisme », qui culpabilise tout le monde et qui finit par castrer les hommes. « Il est temps de remplacer les chasses à l’homme par des chasses à la gonzesse ! »

Éducation sexuelle

« L’école doit certes former des petits soldats du capitalisme. Mais il faut aussi apprendre à les faire. » Amélie Oudéa-Castéra veut revenir à une éducation sexuelle plus consensuelle et moins inclusive. « Il faut un enseignement pratique et efficace. Et ne pas se perdre avec des pratiques marginales ou des notions controversées comme le plaisir et le consentement. » Davantage de pratique hétérosexuelle et moins de théorie du genre.
Dans une démarche œcuménique, le gouvernement veut ainsi faire appel à des intervenants de l’école privée pour épauler le public. « Quand le père Gontran de l’école Stanislas vient vous enseigner la sexualité, il ne perd pas son temps avec les pratiques hérétiques ou la contraception. C’est droit au but ! » Et il n’hésite pas à mouiller la soutane, fort de plusieurs siècles de tradition catholique. « Il met le paquet ! »
Par ailleurs, le port de l’uniforme à l’école doit aussi contribuer au retour à la normale. « Quoi de mieux qu’une jupe pour rendre leur féminité aux filles et éveiller les premiers émois chez les garçons ! » C’est effectivement mieux que le voile ou l’abaya.