« La dépression, personne ne la comprend. On nous considère comme déviants. Avant, je pensais que j’étais seule… » Ils sont de plus en plus nombreux, pourtant, nos enfants et nos ados, à survivre en souffrance mentale. Pour y répondre, on manque de moyens, de lits, de lieux, de personnels, de vocations. Malgré les alertes, tout le monde s’en fout : notre jeunesse brûle et on regarde ailleurs. Nos dirigeants les premiers.
CMP de Rosny‑sous‑Bois (93), le 13 avril. 9h20. Bureau d’accueil.
« Alors, là, tu vois, dans ces deux gros classeurs jaune et violet, tu as les enfants en attente. Cette partie‑là, c’est les "prioritaires". Et là, la pile qu’on fait dépasser, c’est les "urgents". Des gamins qu’on devrait recevoir vraiment tout de suite, au plus tard dans les trois mois, parce qu’il y a un vrai risque. Mais pour eux, c’est neuf mois d’attente, en moyenne… Par contre quand il y a un risque, suicidaire par exemple, on prend l'enfant en charge tout de suite. Et après, pour les urgents, quand on les a reçus pour l’entretien d’accueil, ils ont encore une seconde liste d’attente en interne pour voir une psychomotricienne, un groupe thérapeutique, ça peut durer plusieurs mois encore. On doit choisir entre des enfants qui ont tous besoin de soins. Ça me rend dingue.
— Ah oui, quand même… Et pour les "prioritaires", alors ?
— Les prioritaires, on les recevra jamais,
je te le dis honnêtement.
— Ah.
— Moi, je p