« Pour moi, un stage à Fakir, ça semblait inaccessible, impossible qu’un petit média comme ça me prenne...
— Hein ? "Petit média" ?! Nan mais t’es sérieuse ?
— Non non, c’est pas ce que je voulais dire, mais de la presse alternative, quoi... »
L’exploité du mois : Zoé, l'exploitée éponge

Elle est souvent à la lisière de la sortie de route sémantique, Zoé, notre stagiaire au long cours, trois mois à squatter nos locaux... Mais on lui pardonne volontiers : pour son sourire et son enthousiasme permanents, déjà. Et son obstination, aussi : elle s’est démenée, pour décrocher sa place d’exploitée. « Mon père lit Fakir depuis des années. Une fois en master de journalisme, il m’a suggéré de vous contacter pour mon stage. » Elle nous avait déjà envoyé un long article, quelques mois plus tôt, puis s’était déplacée sur un salon spécialement pour nous rencontrer. Alors, à l’usure, on a fini par céder... Et par lui refiler des piles de sujets qu’on veut traiter sans en avoir le temps. Des heures, des jours, elle a passé au téléphone, en entretiens.
« Je venais pour ça, écouter la parole des gens, prendre le temps de travailler les sujets. Mais je ne m’attendais pas à ce que ce soit si dur, le poids de tous ces témoignages. La maltraitance des personnes âgées, la déforestation dans le Morvan... Franchement, ça me révoltait, à chaque fois. » Au point que, grâce au canard, elle a repris le sport ! « Je suis une éponge émotionnelle, et j’étais tellement déprimée parfois que j’ai dû me remettre à courir, deux fois par semaine, pour me vider la tête. Grâce à Fakir, oui ! » Il faut dire que les gens s’épanchaient. « Le rédac’ chef m’avait dit de laisser parler les gens, du coup, ça durait parfois une heure et demie... Mais c’est ça qui est bien : le rapport humain. Quand j’allais sur le terrain, quand j’ai suivi le Députour de François [Ruffin], ça m’a marquée : cette vague d’humanité qu’on reçoit et qu’on rencontre, chez les gens. »
Bon, alors : rapport de stage ? Y a eu du bien : signer dans Fakir, quand même ! « Ah oui, ça c’est une fierté, c’est super plaisant de voir son nom dans le journal. Et je te dis pas mes parents, ils sont fiers de moi, et mon père qui envoie le Fakir à tous ses copains ! » Y a eu du moins bien, aussi. Comme quand elle a failli nous foutre le feu à la cuisine, pour avoir laissé du papier alimentaire dans le four... « Et là, j’avoue, j’ai paniqué : mais Tristan et Fabien étaient là, ils ont éteint l’incendie. » Les liens avec l’équipe, ça l’a marquée, d’ailleurs. « Manger ensemble tous les midis, discuter de tout, les conseils de lecture des uns et des autres... L’ambiance dans l’équipe, ça va me manquer. Je vais avoir un pincement au cœur, je serai triste, même, je le sais bien, en partant, lundi. » Partir ? Comme si le boulot était déjà bouclé ? « C’est vrai que là, je galère, pour mes deux derniers articles. » Il te reste 48 heures, Zoé ! Pas une minute de plus ! Alors, on arrête là, et tu retournes au boulot !