La guerre des mondes

La diplomatie est un formidable ballet : à Genève, les États essaient, vaguement, d’imposer aux multinationales le respect des droits de l’Homme. À Vienne, les mêmes préparent un super-tribunal d’arbitrage mondial, qui laissera les coudées franches aux firmes. Tout ça « en même temps ». Fakir y était…

20 mai 2025, première publication avant mise à jour le 15 février 2020

Des ruines du Rana Plaza. Genève. Mardi 15 octobre, 9h30.

Il pleut des cordes. Ma casquette dégouline, mes pompes sont trempées. Je suis planté face à l’immense bâtiment de l’ONU, à Genève, refoulé, comme en salle d’attente. Et je maudis Ruffin. Je l’entends encore, le rédac’ chef, pas plus tard qu’hier, en réunion d’équipe : « Y a les négociations sur le commerce international, cette semaine. À Genève, les gouvernements s’affichent à l’ONU, pour de belles déclarations, qu’ils vont contraindre les grandes entreprises, leur mettre la pression, les obliger à respecter les droits de l’Homme… Et en même temps, ‘‘en même temps’’, à Vienne, en Autriche, ils se réunissent, beaucoup plus discrètement cette fois, pour étendre le principe des tribunaux d’arbitrage ! Pour dérouler le tapis rouge aux multinationales, leur permettre d’attaquer et de faire condamner les États si leurs intérêts financiers sont menacés ! C’est pas scandaleux ? » C’est mauvais signe, quand il s’énerve de la sorte. « Cyril, t’irais pas suivre les négociations à Genève ? – Ben, c’est que demain matin… – Oui, voilà. Et après, tu vas à Vienne, c’est sur la route. » Il avait fait un geste pour montrer la direction, avec la main. Un peu longue, la route, quand même… Enfin bref, me voilà devant l’ONU, donc, à attendre qu’on veuille bien me faire entrer pour suivre les débats. Le service de sécurité et l

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