"Pauvres actionnaires" : 40 ans de discours FN passés au crible

par François Ruffin 29/04/2014

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[( "Pauvres actionnaires" - Quarante ans de discours économique du Front national passés au crible, Suivi d’un entretien avec Emmanuel Todd, de François Ruffin, Fakir Éditions, 117 pages, 6 euros (+2€ de frais de port)

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« Pauvres actionnaires ! » criaient, sans ironie, les députés Front national, en 1986. Jean-Marie Le Pen s’autoproclamait alors le « Reagan français », pourfendeur de l’impôt sur le revenu et des « perversions de l’étatisme ».

Sa fille Marine Le Pen raconte aujourd’hui le contraire et s’en prend « aux marchés financiers, aux milliardaires qui détricotent notre industrie et jettent des millions d’hommes et de femmes de notre pays dans le chômage et la misère. »

Un peu embêté, François Ruffin se demande, depuis quand le Front national cause comme ça, un peu comme lui ? Qu’est-ce qui relève du vernis social ? Qu’est-ce qui, à l’inverse, est profondément ancré dans le discours du FN ?

Pour y répondre, l’auteur a plongé dans les professions de foi et les tracts du FN depuis sa fondation. Il passe les thèmes en revue : « État », « impôts », « service public », « entreprise », « Europe », « mondialisation », « inégalités ». Un recherche sans hystérie ni complaisance.

Suivi d’un entretien avec Emmanuel Todd, « le grand détraquage ».

[*Extraits :*]

[*Bruxelles. Aujourd’hui.*]
« L’Europe de Bruxelles a imposé partout les principes destructeurs de l’ultralibéralisme et du libre-échange, au détriment des services publics, de l’emploi, de l’équité sociale. Restaurer la souveraineté nationale, cela signifie d’abord sortir du carcan étouffant et destructeur de Bruxelles dans lequel on nous a enfermés malgré nous. » Marine Le Pen, discours de Tours, 16 janvier 2011.

[*Avant. 1988. Pour une « Europe politique, économique et militaire »*]
La Lettre parisienne du Front national narre ces rencontres, au printemps 1988 : « Réunis au-delà des barrières de langage par une solide foi anticommuniste, les jeunes Européens de la "grande Europe" ont reçu pour objectif de se battre pour les libertés et plus particulièrement pour la liberté des peuples d’Europe de l’Est. » Dans son discours, le « leader européen » – alias Jean-Marie Le Pen – « réclama la construction d’une Europe politique, économique et militaire ». Et son intervention « se termina dans un climat chaleureux, aux accents de L’Ode à la joie de la IXe symphonie de Beethoven et aux cris de : "l’Europe, Le Pen, Liberté". » Maastricht est en vue, mais le FN conclut son meeting sur l’hymne officiel de l’Union européenne...

Rempart

Jean-Marie Le Pen ne fut pas toujours le héraut de l’europhobie, le porte-drapeau de la souveraineté nationale. Au contraire, même. Dès son premier portrait télévisé, en 1973, il se définit ainsi : « Je suis de Bretagne, je suis de France, mais je suis d’Europe aussi. » Et pour une raison simple : l’Europe, c’est d’abord un rempart contre le bolchévisme. Son programme de 1974 note ainsi :

« Face à l’impérialisme soviétique qui n’a pas renoncé à ses desseins de domination politique et idéologique, l’indépendance de notre pays est liée à celle de l’Europe et de l’Occident. »

Contre un ennemi commun, il y a le devoir d’être « solidaire avec les alliés européens et occidentaux », de faire corps avec nos voisins. Sans démontrer, forcément, un enthousiasme forcené, mais sans non plus attaquer « l’Europe de Bruxelles ».
Ça va durer.

Silence

Pour les élections européennes de 1984, le Parti communiste vitupère : « Considérez les dangers d’un éventuel élargissement du Marché commun à l’Espagne et au Portugal, que nous sommes seuls à combattre. L’Europe actuelle, c’est celle du chômage, dominée par le dollar et le mark. »
Le Front national, lui, se tait sur cette orientation, ne glisse pas un mot sur Bruxelles, et se contente d’un : « En Europe et en France, pour faire reculer la guerre et le communisme, pour combattre et vaincre l’immigration, l’insécurité, le chômage, la dénatalité, la dictature fiscale, le laxisme moral… votez Le Pen ! »

Acte unique

Lors du débat sur l’Acte unique européen, en 1986, l’orateur communiste dénonce un traité qui vise « une libéralisation du marché au profit des sociétés multinationales », « une déréglementation systématique », « une attaque contre les acquis sociaux par des politiques de flexibilité et d’austérité », et son groupe vote contre, en conséquence.
De son côté, le député frontiste François Bachelot regrette une « Europe qui n’a pas d’âme », une « pseudo-Europe des technocrates », mais sans s’opposer : « Nous n’avons nullement l’intention, comme les communistes, d’hypothéquer l’avenir de la France qui se fera sûrement à travers l’Europe. » Et sur un texte capital, qui prévoit, rien de moins, la disparition des frontières douanières, les élus Front national s’abstiennent...

S’adapter

Pour les présidentielles de 1988, le candidat communiste, André Lajoinie, fait de la Communauté économique européenne sa cible privilégiée : « Aujourd’hui, dans les faits, la CEE tant vantée par nos gouvernements, ce sont : les quotas, la casse et le chômage, la déréglementation, la soumission aux États-Unis, qui affaiblissent la France… Mitterrand, comme Chirac, se présente en champion de "l’Europe de 1992", si néfaste pour notre pays et notre peuple… Qu’est-ce que cela signifie ? C’est écrit noir sur blanc : moins de pouvoir d’achat, moins d’emplois, moins de droits, plus de difficultés dans les villes et les campagnes, la France encore affaiblie. Je suis le candidat des Françaises et des Français attachés à l’identité de leur pays et à sa totale liberté d’action. Le grand marché européen sera, dès lors, avant tout, le grand marché des capitaux, malsain et parasitaire, une Bourse sans frontières pour les gros spéculateurs. »
Jean-Marie Le Pen, lui, se tait sur ce sujet : « Avec vous je me bats pour que le nom de la France et de l’Europe continue de briller dans le monde. » Mieux, « l’Europe de 1992 », le frontiste s’en félicite plutôt dans son programme :

« Économie. Moins d’impôts, moins de bureaucratie. Pour une adaptation de notre économie à l’échéance européenne de 1992 par une réduction des charges fiscales et sociales (taxe professionnelle notamment) qui pénalisent les entreprises françaises face à leurs concurrentes étrangères et par une remise en cause de l’impôt sur le revenu qui décourage l’activité et l’initiative économiques. Comment ? En imposant une cure d’amaigrissement à l’État. »

Cette « Europe de 1992 », le tribun FN n’envisage pas de la combattre, seulement de s’y « adapter ». L’Union n’est pas présentée, alors, comme un ennemi, mais plutôt comme un adjuvant : grâce à elle, les vues libérales s’imposent.

Volte-face

Quatre ans plus tard, pourtant, lors de cette « échéance européenne de 1992 » justement, patatras ! Avant le référendum, le Front national tonne : « L’Europe de Maastricht, c’est l’Europe cosmopolite et mondialiste. Maastricht, c’est l’immigration massive… Maastricht, c’est encore plus d’insécurité… Maastricht, c’est le droit de vote des immigrés… Maastricht, c’est encore plus d’impôts… c’est la ruine de l’agriculture française… c’est la dictature des multinationales… c’est la disparition du franc au profit d’une monnaie unique… Parce que nous ne voulons pas d’une Europe des banquiers, non à Maastricht. »

Comment expliquer cette volte-face ?
Le Front national ne fut jamais – on se tromperait, et l’on tromperait – un eurobéat. C’est par réalisme, par géostratégie, que le FN a accepté la construction européenne, et guère par enthousiasme. Une Europe chrétienne et capitaliste, face à la Russie communiste et au Maghreb musulman.
Or, le monde a changé.
En 1989, le mur de Berlin est tombé.
En 1991, l’URSS a disparu.
Voilà qui bouleverse la donne. Qui permet, pour le FN, un revirement.
Et au fil des scrutins, les Le Pen font de Bruxelles la source de tous les maux : « Le traité de Maastricht, c’est la précarité. On rationne notre Sécurité sociale. On ferme nombre de services publics, commissariats, maternités ou services hospitaliers. En même temps, notre monnaie, le franc, est remplacé par l’euro. »
Et alors qu’il a démarré avec une décennie de retard, alors qu’il a accompagné, voire soutenu – au moins par son silence – cette Europe-là durant toutes les années 1980, le Front national devient LE parti de l’europhobie, rafle la mise des eurosceptiques, se fait le porte-voix des colères.

Gnangnan

Mais si « le Front national devient LE parti de l’europhobie », c’est de la faute, aussi, aux autres. À ceux qui avaient une décennie d’avance. Aux communistes, se faisant euro-compatibles, se coulant paresseusement dans la mièvrerie du « changer l’Europe ».
En 1999, alors que la France va abandonner sa monnaie, alors que le FN dénonce « la face cachée de l’Euro », alors que l’élargissement se prépare à l’Est, alors que des délocalisations sont en cours vers la Pologne, la Slovaquie, le Parti communiste, lui, positive : « Bouge l’Europe ». Ainsi Robert Hue intitule-t-il sa liste, composée « des hommes et des femmes du mouvement associatif et syndical, des féministes et des jeunes, des chômeurs et des artistes. Ces candidats et candidates sont aux couleurs de la vie réelle. Différents. » Et cette littérature gnangnan nous invite au « devoir d’ingérence citoyenne », au « chantier de l’Europe sociale », à la « contagion démocratique » via le Parlement européen. « Est-ce que l’Europe doit faire peur ? » Non, bien sûr : « L’Europe est une chance qu’il faut saisir. »
C’était nul.
Nul idéologiquement, face à une Europe plus libérale que jamais. Nul tactiquement, critique radicale abandonnée à l’extrême droite. Nul électoralement, sans la moindre intuition, alors que l’opinion basculait dans le rejet de Bruxelles.
On croirait des paysans stupides, qui auraient labouré sous les frimas, qui auraient semé malgré le vent et la pluie, et qui se refuseraient à récolter les blés alors que, sous un soleil luisant, la moisson est prête. Le PC avait dénigré l’Europe au moment où, encore dans l’œuf, on lui accordait le bénéfice du doute : maintenant qu’elle était honnie, il la ralliait !

L’arnaque

Aujourd’hui encore, le Parti communiste est-il sorti de cette eau de rose ?

« Le Front de gauche pour sauver l’Europe.
En 2009, nous voulons construire l’Europe dont nous avons besoin :
Une Europe sociale, écologique et démocratique.
Une Europe efficace contre la crise.
Une Europe de l’égalité notamment entre les femmes et les hommes.
Une Europe débarrassée des dogmes libéraux et des réflexes capitalistes.
Une Europe force de paix. »

« Sauver l’Europe » ? « Bouger l’Europe » ? « Changer l’Europe » ?
Là où le Front national propose, plus franchement, de la faire péter, de « dénoncer » ou de « renégocier » tous les traités : « Contre l’arnaque européenne  », affichait Marine Le Pen la même année. « L’Union européenne est devenue un système totalitaire et son bilan est un véritable désastre économique et social : récession, délocalisations, mépris des peuples… »

QUIZZ

Marine Le Pen s’attaque aujourd’hui « aux dogmes de l’ultra-libéralisme », défend un « État fort », réclame des « impôts justes », met en cause l’« Europe », dénonce la « mondialisation », etc. Face à ce virage, Fakir Éditions publie « Pauvres actionnaires ! » et étudie « Quarante ans de discours économique du Front national » – suivi d’un (formidable, disons-le) entretien avec Emmanuel Todd. pour vous mettre l’eau à la bouche, on vous offre ce quizz.

[*1. Il est de notre « devoir »*] et de notre « intérêt, de respecter le droit des actionnaires », ces « pauvres actionnaires malmenés », menacés « encore de textes contraignants sur lesquels ils n’ont aucun contrôle ». Je veux redonner « la confiance aux investisseurs » parce que, c’est bien connu, sans « investissement, il n’y aura pas d’emplois », je suis un représentant...

A. du RPR
B. de l’UDF
C. du PS
D. du Medef
E. du FN

[*2. Je réclame « la construction d’une Europe politique*], économique et militaire » dans une intervention qui « se termina aux accents de L’Ode à la joie de la IXe symphonie de Beethoven », l’hymne européen, je veux lier l’indépendance de notre pays « à celle de l’Europe et de l’Occident », je suis...

A. Jacques Delors (PS)
B. Nicolas Sarkozy (RPR)
C. Jean-Marie Le Pen (FN)
D. Robert Hue (PCF)
E. François Bayrou (UDF)

[*3. « Nous approuvons pleinement*] les principes d’une privatisation de grande envergure comme celle que vous nous proposez. Que l’État se consacre d’abord à ses missions premières et que l’économie redevienne l’apanage de la société civile ! » Qui nous a offert cette formidable tirade sur la politique économique du pays ?

A. Bruno Mégret (FN)
B. Patrick Devedjian (RPR)
C. Raymond Barre (UDF)
D. François Périgot (Medef)

[*4. « Produire Français :*] Nous importons 50 % de ce que nous consommons, c’est trop… La France doit se défendre contre la pénétration des firmes étrangères. » Le « produire français », une idée de...

A. François Bayrou (Modem)
B. Arnaud Montebourg (PS)
C. André Lajoinie (PCF)
D. Marine Le Pen (FN)

[*5. Qui soutenait en 2004*] que l’« abaissement massif des charges » pèse « sur les ménages et les entreprises… Aux États-Unis, les charges fiscales et sociales sont moins lourdes qu’en France…Une grande réforme fiscale allégeant de 350 milliards de francs le fardeau des impôts, taxes et cotisations étouffant nos entreprises, les familles et les Français » ?

A. Patrick Balkany (UMP)
B. Marine Le Pen (FN)
C. Laurence Parisot (Medef)
D. Jean-Louis Borloo (UDI)

On s’est dit que, peut-être, vous aimeriez en faire profiter les amis, la famille, les collègues. Alors voilà, il est là, en PDF, prêt à être imprimé, recopié, découpé et recoupé un peu partout sur la toile et sur les murs des boîtes, des usines, des facs et des mairies.

Quizz "Pauvres actionnaires !"

Réponses : 1. E : discours de François Porteu de la Morendière, député frontiste, le 29 avril 1986 – 2. C – 3. A – 4. C (élections législatives, 1977) – 5. B.

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  • Pas besoin d’ aller si loin.
    Le FN est aujourd’hui favorable à la construction européenne et favorable à l’ Euro.
    Ils l’ appellent Europe des nations ou Europe des patries et euro monnaie commune.
    Pas de différence essentielle donc entre le FN et toutes les autres listes proposant une "autre Europe".
    Un seul parti, l’ UPR, propose de sortir de l’ UE, de l’ Euro et de l’ OTAN. Parmi ses têtes de listes aux européennes, Vincent Brousseau, économiste démissionnaire de la BCE et qui connait de l’ intérieur les nuisances de l’ Euro.

  • Bon ben à lecture de ce salutaire récapitulatif... Y a plus qu’à voter NPA !

  • franchement je conseille à cette dame d’aler chercher ailleurs un argumentaire : vous êtes d’une nullité absolue mais plus grave contre productive : ça donne juste envie de voter lepen quand on vous lit !! mais heureusement on ne vous lit pas donc le fn n’aura pas ma voix ....pire en vous lisant on se demandait si vous ne parliez pas de l’ump, du ps, du fdg...!!!j’ajouterai que vos modérations sont justes anti démocratique : même les blog extemistes ne modèrent pas ou quelques heures après....vive la censure !

    • Cher Franck,

      Effectivement, révéler le fondement idéologique du Front national, révéler son attachement à une Europe néo-libérale, son attachement à une Europe anti-immigration, à un anti-communisme prégnant, bref, décrire le Front national tel qu’il est vraiment est une chose bien connue qui amène toute personne fondamentalement en désaccord avec ces positions... à voter pour elle, cela semble d’une logique imparable !

      Bref, nous attendons avec impatience votre remède contre un parti xénophobe, autoritaire, raciste et électoralement opportuniste. Merci néanmoins de ne pas insulter nos lecteurs en affirmant qu’ils seraient amenés à voter Le Pen en nous lisant, je crains, pour vous, qu’ils soient un peu plus intelligents que cela.

      En conclusion, Fakir est évidemment connu pour son organe de censure ultra-performant et nous sommes heureux de mettre dans des cartons les centaines de milliers de plaintes qui, comme la vôtre, arrivent dans nos boîtes mails chaque heure de chaque jour. Heureusement, nous laissons passer les très nombreux spams pour des produits de beauté et autres bidules en tout genre qui, j’en suis sûr, ravivent la lecture des articles et des commentaires publiés sur notre site. Toute l’équipe vous remercie pour votre bonne foi bien démocratique, elle.

      PS : si le temps de validation de votre message vous a semblé long, c’est possible, et je m’en excuse. Aujourd’hui, c’est le 1er mai. Aujourd’hui, on était dehors, à Lille, sous la flotte, à faire la manif, pour vendre notre canard, voir les copains, chanter, et préserver ce bout d’histoire qu’est la fête du Travail. On est comme ça, on fait avec nos moyens, et parfois nos moyens ne sont pas assez efficaces. Modération a priori, ou pas, vos messages ont toujours été publiés, c’est le principal. Même si je ne crois pas me tromper en disant qu’au fond, vous n’aviez pas tellement besoin de ça pour nous rentrer dedans.

      Bien fakirement,
      Sylvain.

    • C’est ça, allez donc tenter de poster un avis contraire chez "françois" pas Ruffin mais de souche, vous verrez si vous vous faîtes pas basher...

  • Votre commentaire a bien été enregistré et est en attente de relecture avant publication. quelle honte ce message !!

  • Merci à Fakir de faire ce boulot salutaire que de dénoncer cela. Bravo, ca fait plaisir de voir des journalistes qui font le bouot.
    Cela fait des années, depuis notre création en 2004 que le PRCF parle de cela.

    Pour répondre au cybertroll de l’UPR, pour la sortie de l’UE, il y a le PRCF, le M’PEP et les CPF.

    Et les communistes du PRCF ont toujours combattu le virage eurolatre de la direction mutante du PCF

    http://www.initiative-communiste.fr/articles/luttes/fois-de-plus-le-prcf-avait-raison-echo-article-de-bernier-lembarras-de-pierre-laurent-sur-les-questions-europeennes/

  • Soutien au commentaire pro-UPR, ce parti est drôlement intéressant et mérite que l’on ose y confronter ses points de vue, le débat d’idées est toujours bon de toutes façons. En l’espèce, votre critique du FN est même élargie et renforcée par les analyses de l’UPR, intéressant.


    Evidemment, on ne peut que rire lorsque l’on entend le FN se ranger du côté des classes opprimées. La SARL Le Pen se porte à merveille, ils peuvent d’ailleurs remercier l’UE (=vos impôts) qui les paye grassement chaque mois. Mais ça oui, ils sauront bien grogner comme à leur habitude dans les tribunes par les médias offertes, tout en se lamentant de recevoir un traitement médiatique hautement défavorable. On croit rêver.

    On rigole déjà un peu moins si on se dit que si le FN a ’la côte’ ces jours-ci, c’est bien grâce, en très grande partie, à l’inefficacité chronique des UMPS. Le bipartisme programmé entre deux partis ultra-libéraux, soumis au système financier, bancaire et monétaire, d’obédience radicalement mondialiste et européiste, spécialiste des sujets sociétaux diviseurs de seconde importance et conséquemment, inefficaces dans les résultats quotidiens, ça finit par agacer M. et Mme Toutlemonde. Et re-voilà le FN venant racler les voix des déçus, car comme tout bon parti, il est opportuniste : il sait où se placer quand le vent semble tourner.

    On arrête de rigoler quand on se souvient que le PC fût, il y a 35 ans de cela, un parti se focalisant sur la défense des classes laborieuses à tous points de vue et que à ce titre, se revendiquait d’un certain protectionnisme, un anti-immigrationnisme visant à protéger les travailleurs français ET immigrés, et par la même d’un patriotisme fédérateur bien compris, tout en portant avec honneur l’anti-racisme et l’anti-fascisme historique. Cette ligne était particulièrement puissante et cohérente selon moi. Etre très clair sur ses motivations en gardant en tête une ligne à ne jamais franchir (le ’fascisme’ sous quelque forme ré-actualisée) tout en sachant bien que l’ouverture totale des frontières est un rêve de capitaliste, pour qui ces archaïques conceptions (les Etats-Nations) sont des freins au marché tout puissant, qui a au moins besoin d’un terrain de jeu grand comme le monde pour devenir notre bonheur à tous. Ah ! TAFTA, mon amour !

    Aujourd’hui, les lignes ont bougé. On a fait basculer la défense de la souveraineté territoriale du côté du racisme. En 2014, il est donc raciste de vouloir empêcher que des malheureux qui se font exploiter et violenter par des passeurs, qu’après un long et dangereux voyage (parfois mortel) fuient l’oppression pour rejoindre "le rêve américain" français et se retrouvent (en plus d’un sentiment jamais évoqué de "mal du déraciné") dans des conditions ultra-précaires, lesquelles peuvent conduire soit 1) à accepter tous types de travaux, bien évidemment en étant jamais déclaré, sous payé et sur-expolité (le capitaliste Bouygues en est d’ailleurs ravi http://dai.ly/x6slux + http://youtu.be/mX8-Db5iym0) soit 2) un esprit honnête à verser dans un certain banditisme, et c’est compréhensible et explicable sociologiquement. Ce n’est pas tout : une fois arrivés dans un pays duquel ils ignorent absolument tout (la langue, la graphie, la culture, les mœurs, les coutumes, les manières, les règles du bien vivre ensemble, mais aussi les institutions, leurs droits et devoirs, etc.), les indigènes (=les locaux, les autochtones) ont tendance à développer une agressivité à leur égard, tout particulièrement en temps de crise où la recherche de la cause de la crise se fait fortement sentir. Tout le monde ne veut pas faire l’effort d’aller au devant de nouvelles cultures, et si on est vraiment démocrate, on ne peut pas non plus imposer cela aux gens.
    Entendons-nous bien : je ne me réjouis ni de la délinquance immigrée, ni du racisme qui se gonfle par tous bords. Je pense simplement que les gauches ayant définitivement abandonné ce terrain d’idées depuis les années 80, il faut arrêter de leur donner le moindre crédit. PCF, NPA, PdG, ça suffit, vous ne défendez plus l’ouvrier et les classes opprimées ! Ou plutôt, si. Vous ne reconnaissez la lutte des classes... que si elle est européisée... voire mondialsée ! Quel progrès !

    Il n’existe pas "d’autre Europe", il n’y a qu’une France indépendante et sortie du carcan européen qui vaille !


    Pardon pour cette longue digression, mais ce FN -et les thèmes qu’il aborde- est tellement central dans le blocage des bonnes idées dans le débat public, qu’il pourrit complètement les discours. Et c’est long de déconstruire un myhte. J’espère que ce commentaire sera publié et que les réponses seront courtoises et constructives. Je sais que le terrain est glissant et miné à la fois ! :)

    Amicalement

    • On invitera nos lecteur à plutôt considérer l’histoire, la culture et la sociologie pour comprendre ce qu’est l’idéologie, et non la seule et immédiate actualité.

      Fakirement.

  • Bonjour,
    Je suis un ancien militant chevénementiste aujourd’hui sympathisant et électeur du FN mariniste. Ne vous est-il pas venu à l’idée que Marine le Pen et Florian Philippot pouvaient être sincères ? Que le FN étant de fait le moyen choisi par les classes populaires pour exprimer leur révolte (on peut le regretter, comme moi en 2002, mais c’est comme ça), ils tentent vraiment d’en faire un parti souverainiste et social ? Quel rapport y a t il encore entre ce néo-fn et l’ancien qui était libéral et conservateur, européiste et atlantiste ? Il me semble un peu facile de juger le FN actuel sur l’abstention (il est vrai scandaleuse) lors du vote de l’Acte unique en 1986. Si ce vote avait lieu aujourd’hui, ce serait le FN qui s’y opposerait, les Frondeurs feraient les gros bras avant de voter oui comme le parti ou de s’abstenir et le PCF serait capable de s’abstenir par trouille de paraître souverainiste, ringard ou je ne sais quoi de "nauséabond"...

  • La nuance et l’enfumage...
    L’Europe ce n’est pas l’union européenne... le capitalisme financier n’est pas le capitalisme productif... et le front national est un parti antiaméricaniste...
    Vous devriez publier aussi comment le FN dénonce les fonds de pension américains genre : Carlyle.... sont implication dans les partenariats public/privé qui nous pillent et la main mise sur tous les secteurs de notre économie par les Desmarais et Cie...
    Le FN ne dénonce pas que les délocalisation, il dénonce le pillage par la destruction de nos entreprises remplacées par des "firmes" anglo-saxonnes à qui la France cède toutes les parts de marché...
    Le FN ne roule pas pour la couronne britannique, la City et encore moins le vatican... cette arnaque, on la laisse à LRPS qui joue à la thèse et l’antithèse... et si je ne dis pas vive le FN... je dis que son analyse est une bonne synthèse...

  • bonjour,
    je voulais imprimer le Quizz mais le lien est désactivé semble-t-il
    pouvez vous me renvoyer un lien qui fonctionne ? merci pour votre travail
    Fakirement vôtre