Le cancre et le docteur

Je l’ai connu incompris, un peu rebelle, à traîner l’image de dernier de la classe. Bien des années plus tard, je me retrouve à sa soutenance de thèse dans une grande université lyonnaise. Par quel miracle Mickaël, mon pote de sport, puis de bringue, était-il devenu docteur ?

Publié le 7 juillet 2023

«C’est pas fait pour toi, Mickaël. Tu vas te rétamer. » Près de dix ans après, il l’a encore en travers de la gorge, cette réflexion de son ancienne prof de français au lycée. « C’est la première réaction que j’ai eue, quand j’ai voulu me lancer dans des études à l’université. Elle m’a clairement dit que j’en étais pas capable. J’étais révolté ! Un sentiment d’injustice par rapport à ces personnes qui ont des diplômes et qui voulaient me voir rester à ma place. Au final, j’ai bien fait de ne pas l’écouter… »

Mardi 7 mars 2023, 10h12, Lyon.

Je suis un peu déçu. Pour ma toute première soutenance de thèse, je m’attendais à un immense amphithéâtre, avec du public, une ambiance solennelle... Au lieu de ça, j’ai droit au petit local sans charme d’un labo de recherche en arts plastiques. Sur la trentaine de chaises, la moitié sont vides. J’entre dans la salle sur la pointe des pieds, avec une dizaine de minutes de retard. Ça aurait pu être pire, avec les grèves. On peut dire qu’il a bien choisi son jour, Mickaël. Au bout de huit années de doctorat, il a fallu qu’il soutienne sa thèse un jour de mobilisation contre le projet de loi sur les retraites. C’est comme un symbole, je me dis. Parce qu’il aura beau être docteur dans quelques heures, à bientôt trente-huit piges, je sais pas jusqu’à quel âge il va devoir bosser pour prétendre à une pension ! Enfin bon, je ne vais pas gâcher l

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