Le début du chemin

Qu’est‑ce qui a transpiré, le 19 janvier dernier et si souvent depuis, dans les villes, grandes, moyennes, petites, dans les villages, sur les ronds‑points qui ont manifesté contre le projet de loi sur les retraites ? La force du réel. Et du peuple.

Publié le 3 mars 2023

« C’est la première fois que je sors, en 33 ans d’hôpital. » On est dans le froid et dans la nuit, à 5h30 ce jeudi matin, sur le rond‑point à l’entrée de l’autoroute A16. De sa lampe de poche, un monsieur à chasuble FO de chez Valéo balaie la voie, pour inviter les voitures, les camions à ralentir, à prendre le tract pour la manif. Et sa lueur éclaire mon cahier, pour que je prenne quelques notes. C’est sa femme, elle, « aide‑soignante au service traumatologie ». Pas en pleine forme, déjà : « Je souffre de polyarthralgie. Je travaille sous morphine. — à cause de votre métier ? — Bah oui, à force de porter. Deux ans de plus, c’est pas possible... Ils se rendent compte ? » Mais ce 19 janvier, elle vient pour autre chose, au‑delà d’elle, au‑delà de la retraite : « C’est le ras‑le‑bol : ils nous poussent à bout, ils détruisent l’hôpital. On ne parle plus de soin, mais d’"acte". à la limite, ma cadre, que le patient soit lavé ou pas lavé, elle s’en fiche… — Et vous, monsieur ? — Chez Valéo, j’ai commencé par cinq ans d’intérim, mais haché, avec du chômage entre les missions. Je suis sur les embrayages de camion, mais le pire, c’est que Macron, il a éliminé de la pénibilité le port des charges lourdes. Qu’il vienne se trimbaler les embrayages de camion ! Du coup, entre ces deux réformes, je prends trois années de plus. Jusque 65 ans. » J’ai bien fa

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