Après la fracture sociale, sa version 2.0 : la fracture numérique. Invoquée comme une divinité par la Macronie, accélérée par la crise sanitaire, la « dématérialisation » de nos vies sonne comme une aberration économique et sociale. Elle lamine les services publics, assurent les études. S’y ajoutent, pour des millions de gens, la honte, l’exclusion, la déshumanisation.
Une « humiliation », qui se transforme peu à peu en « colère »…
Marcel est mort.
Ça nous a mis un coup.
Il était trop jeune pour ça, 57 ans, Marcel, notre cheville ouvrière fakirienne en Touraine, notre préfet local. Un super gars. « C’était un accident de voiture. Un monsieur saoul arrivé en face. Marcel est mort sur le coup. » Jérémie, son pote fakirien, nous racontait le drame. « Sa femme était blessée et a été évacuée sur un hôpital. Kolia, son fils de douze ans, était dans la voiture. C’est un miraculé. Il a été emmené à l’hôpital de Tours, pour des examens. Je l’ai rejoint là-bas. Mais je n’étais pas au courant, pour Marcel. Tu comprends, Kolia, sa maman voulait lui annoncer elle-même… Le lendemain, toujours pas de nouvelles de Marcel. Alors, j’ai appelé le CHU de Tours, pour essayer de comprendre. Le CHU, c’est l’hôpital public. Je tombe sur une dame, à l’accueil médical. Et là, elle me dit : ‘‘Marcel ? Mais je le connais ! Il s’est occupé de nous comme ins



