À Fakir, même les exploités peuvent devenir exploiteurs…
Les petites mains : mon Fakir prêt‑à‑porter (et à exploiter)

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« À mon époque, nos tee‑shirts Fakir, on voyait rien dessus tellement y avait de détails. Bon ben, ils s’arrachaient !
— Sur Amiens, peut‑être. Mais aujourd’hui, on vise la France entière ! »
À Fakir, c’est Fabian (dit Chef), notre éternel directeur de publication par intérim, qui a repris le rôle du vieux sage. Celui qui ressasse les glorieux temps anciens du canard, avec la trésorerie du canard rangée dans un sac plastique Mammouth, les réunions dans la dépendance du placard à balais d’un studio, et tutti quanti. Là, donc, c’est les tee‑shirts. L’heure est importante, faut dire : on doit sortir notre nouveau modèle. Cinq ans, qu’on n’a pas offert à nos fans adorés le bonheur d’un nouveau tee‑shirt Fakir.
« Il faut un dessin simple, qui percute. Là, franchement, Fabian, c’est trop compliqué, on comprend rien. Plus petit que XXXL, on ne verra que dalle.
— Et le père Noël qui sort du cadeau ?
— Pour l’été ? T’es sérieuse ?
— Et si on mettait Macron dessus ?
— (Tout le monde :) Oh nooooon ! »
Ça s’écharpait dans tous les sens, comme ça, depuis une heure. Du coup, c’est la tendance centriste qui l’a emporté : ne pas choisir. Ressortir un de nos grands classiques, le « I Love Fakir » qui tire la langue. Et c’est vrai qu’il s’arrache, lui aussi. Mais alors que tout le monde se levait de sa chaise, Pascale a pris la parole.
« Hé, les copains, il reste quand même quelques détails à régler… Combien on en commande ?
— Heu… Comme la dernière fois ? »
C’est la phrase passe‑partout, à Fakir, pour terminer au plus vite une réunion : « Comme la dernière fois », personne ne se souvient jamais quand c’était, ni combien.
« Bon, on dit 8000, allez. On verra bien.
— C’est bon, on peut se barrer ?
— Oui oui, c’est bon. Je passe la commande. Apparemment, on peut les recevoir dans une semaine. 8000 tee‑shirts, donc, à réceptionner. Et c’est précisé : "en vrac". Faut juste prévoir de les plier. Et vite, si possible : on a déjà des précommandes.
— Mais comment on va plier 8000 tee‑shirts ? Déjà que je le fais pas
chez moi… »
Y a eu un silence.
Du coup, c’est Magalie qui a blêmi. Elle avait dû comprendre le sous‑entendu : « Non mais, attendez, je vais pas faire plier 8000 tee‑shirts à nos bénévoles ! Ils vont y passer trois jours et trois nuits !
— En même temps, "bénévole", ça veut dire "Je veux bien", donc…
— Non mais vous êtes tarés ! On peut pas leur demander ça. On n’a qu’à payer des gens pour ça, des professionnels. »
Deuxième silence.
« Ouais, c’est sûr, on peut toujours.
— Mais disons que, bref, il va falloir taper dans la cagnotte qu’on met de côté pour se payer le jacuzzi et…
— OK, j’appelle de suite les bénévoles, faudrait pas qu’ils prévoient un truc la semaine prochaine », a coupé Magalie.
Faudra juste qu’on évite de les inviter, nos bénévoles, à la table des négociations du Syndicat...
Le SPMF, Syndicat des Petites Mains Fakiriennes
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