Les ricanements assassins

Nos lecteurs sont (vraiment !) les meilleurs : voilà quelques années, Alexandre nous avait envoyé un long courrier. Il venait de lire L’Homme qui rit, de Victor Hugo. Formidable fable sur la surdité des puissants et des élus. Qui prend aujourd’hui une résonance toute particulière.

Publié le 28 avril 2023

Le dim. 24 juin à 12:06

Alexandre a écrit : « Salut Fakir, je viens de terminer L'Homme qui rit, de V. Hugo. Le résumé : Gwynplaine, le visage torturé à la naissance pour en faire un saltimbanque, poursuit une vie de misère noire avant de devenir, du jour au lendemain, pair d'Angleterre. Appelé à la Chambre pour voter une nouvelle rente au prince Georges de Danemark, il se lève et se lance dans une plaidoirie pour le Peuple… » Alexandre nous a recopié, patiemment, de très longs extraits. On y a vu, comme lui, une formidable fable, intemporelle même si elle se joue à la fin du XVIIe siècle : celle d’un peuple qui ne parvient pas à se faire entendre, ou surtout qu’on ne veut pas écouter, dans ces lieux où devrait pourtant porter leur parole. « Gwynplaine se leva : — Non content, dit‑il. Toutes les têtes se tournèrent. Gwynplaine était debout. [...] — Qui je suis ? Je suis la misère. Milords, j’ai à vous parler. II y eut un frisson, et un silence. Gwynplaine continua. — Milords, vous êtes en haut. C’est bien. Il faut croire que Dieu a ses raisons pour cela. Vous avez le pouvoir, l’opulence, la joie, le soleil immobile à votre zénith, l’autorité sans borne, la jouissance sans partage, l’immense oubli des autres. Soit. Mais il y a au‑dessous de vous quelque chose. Au‑dessus peut‑être. Milords, je viens vous apprendre une nouvelle. Le genre humain existe. […] Gwynplaine en ce moment sentait

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