n° 92  

Nos lecteurs sont les meilleurs ! (n°92)

Par L'équipe de Fakir |

Le courrier des lectrices et des lecteurs reçu et traité par notre bénévole Nicole.
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Se faire sauter le caisson ?

D’Éva, le 28 décembre, par courriel.

Éva le promet : si le projet sur les retraites passe, elle « rend son tablier ».

« J’appartiens à cette génération qui a connu les difficultés d’insertion dans le monde du travail, les petits salaires, les CDD, le chômage, la souffrance au travail (le stress, le néo-management pathogène – pléonasme ! – le burn out, l’absence de sens, les pathologies de surcharge), la crise de 2008 et le déclassement. J’appartiens enfin à cette génération qui aura demain une retraite de misère, et qui devra attendre 64, 65, 66, peut-être même 67 ans pour toucher cette obole. […] Alors à quoi bon ? À quoi bon continuer à s’user la santé ?
La retraite c’était le dernier espoir, l’ultime porte de sortie, la lumière au bout du chemin. Certes le chemin était encore long. 62 ans, quand on est dans sa jeune quarantaine, ça semble loin. Mais ça paraît accessible. On se dit qu’il faut tenir, tenir encore, encore vingt ans pour toucher cette pension qui sonne comme une libération. Car c’est bien cela qu’il y a au bout du chemin : la liberté. Être libéré enfin ! Libéré de cette taule qu’est l’entreprise. Pour vivre pleinement !
Mais voilà, avec la retraite à points le dernier espoir s’évapore. […] Ce que l’avenir nous promet c’est le sort qui était réservé aux vieux d’avant la retraite d’Ambroise Croizat. Pauvreté et soupes populaires. Alors à quoi bon ? À quoi bon continuer ? Pourquoi se lever lundi matin ? […] si cette putain de retraite à points passe, alors j’arrête tout ! J’arrête de me lever le lundi matin et tous les autres jours qui suivront. Si l’ultime porte de sortie se referme, je rends mon tablier, mon badge et les clés. Parce que, quitte à crever d’un cancer à 65 ans dans un hospice miteux sans avoir goûté les joies de la retraite ou à 75 ans dans la misère d’un studio insalubre par 45°C au cours d’un mois de juillet 2050, autant tout envoyer valser maintenant, vivre pleinement puisque demain n’existe pas et se faire sauter le caisson dans 20 ou 25 ans ! »

La retraite à pain

De Lino, par email, le 24 janvier.

Lino, 12 ans, est devenu la mascotte des profs grévistes après leur avoir pondu cette fable…

« Dans un royaume où l’injustice règne depuis longtemps,
Le Roi Lion décida de faire travailler ses habitants
Jusqu’à soixante sept ans et de les rémunérer en miettes.
Le roi se dit : ‘‘à moi le pain et la richesse je vais baisser leur retraite !’’

Une tortue l’entendit et courut prévenir la communauté,
Le Roi la vit par la fenêtre, ricana et se dit avec naïveté :
‘‘vu sa lenteur, le temps qu’elle alerte les animaux,
J’imposerai ma réforme mot pour mot.’’
La tortue sachant qu’elle fut lente,
Se dit d’une voix intelligente :
‘‘je ne suis pas assez rapide, j’ai besoin d’aide pour transporter mon tout petit corps.’’
Une chaîne solidaire se mit en place sans mal :
Cheval, hippopotame, guépard, pélican chargèrent la tortue tour à tour jusqu’à bon port.
Le reptile répéta la nouvelle au peuple animal.

Les habitants protestèrent car beaucoup n’aimaient pas le pain,
Mais le roi et ses collaborateurs ne les écoutèrent point
De prendre les armes contre le roi, le peuple décida
Dans le but de ne pas subir la réforme de la retraite à pain.
Le roi en colère engloutit un hot-dog d’une bouchée et s’étouffa.

Morale : La solidarité est plus forte que l’égoïsme. »

La palme du fayot La valse des émotions

« Je ne résiste pas à vous dire l’admiration qu’a générée en moi la lecture de ce dernier numéro. Équilibré : rudesse et douceur, corsé, fruité. Complet : en lutte, poétique, offrant des ouvertures et des réflexions en profondeur – un feu d’artifice. Merci ! Je me ré-abonne. » Pour le Prix de la Lèche, Didier, d’Oloron (64), avait placé la barre assez haut. Mais Brigitte (de Talence, près de Bordeaux), bientôt 90 ans, s’envolait carrément… avant de retomber : « je ne vous abandonnerai pas, car j’aime Fakir, le seul journal qui me cause une joie intense, qui relate les vrais problèmes, les vrais gens en plus de dix lignes. Donc, je renouvelle mon abonnement avec un chèque militant. Et également, j’abonne le compagnon de ma petite-fille. » Elle allait décrocher le Graal, mais s’est écroulée sur la ligne d’arrivée : « Une seule objection : la guerre de François Ruffin contre le point-virgule… » ça, c’est pas passé, en haut lieu…
Alors, la palme revient ce mois-ci à Adèle, 24 ans, « parisienne, picarde, normande, turque, espagnole » : « J’aime Fakir qui a été le premier journal, si créatif, politique et ancré que j’ai découvert. L’impression d’une relation singulière dont vous n’êtes pas au courant. Épistolaire depuis des années. Chers tous qui avez fait Fakir, votre travail est ancré en moi avec le temps. » C’était beau, mais pas suffisant : une « relation singulière », ça ne nourrit pas son homme. Adèle l’a compris : « voilà : un tiers d’héritage durement acquis des mains de mes grands-parents, agriculteurs du Pays de Caux ! (que j’avais abonnés à vous aussi, hihi !) » et Adèle de glisser un chèque de 1000 euros dans l’enveloppe ! Quand on nous prend par les sentiments…

Engueulades

De Jeanne et Georges, de Nevers (58), le 22 novembre

On s’est fait engueuler, et pas qu’un peu, après notre roman photo sur un curé chez les « Gilets jaunes »…

« Nous recevons le n° 91 de Fakir. Huit pages consacrées à un curé chez les Gilets jaunes. Vous n’avez pas l’habitude de demander les professions des manifestants Gilets jaunes, alors pourquoi une telle publicité – car c’en est une – à un curé ? Seul un changement de politique économique et sociale peut améliorer le sort des gens qui manifestent et sûrement pas un recours à un Dieu surtout quand on connaît l’attitude de l’église catholique qui a toujours soutenu les puissants. Que M. Joseph manifeste comme simple citoyen ! En tout cas pour nous c’est une grande déception que de constater qu’un journal comme Fakir se laisse récupérer par l’église catholique […].
Ce n’est pas du sectarisme, nous aimerions le respect de la laïcité.
(Le journal fâché avec tout le monde – ou presque – ne le sera pas avec les cathos !) »

Vis ma vie De Yves, L’Hospitalet (46), 16 décembre.

Yves, Gilet jaune de 79 ans, propose une étape incontournable pour postuler à un poste ministériel…

« Pour être ministre : effectuer un stage de six mois dans les mêmes conditions du citoyen de base en rapport avec le ministère. Par exemple, pour être ministre de l’Urbanisme, vivre dans un HLM de banlieue avec deux heures de trajet matin et soir pour aller au boulot et avec le même salaire – la peur. »