n° 105  

Nos lecteurs sont les meilleurs ! (n°105)

Par L'équipe de Fakir |

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La fatalité, vraiment ?

D’Aline Thomas, le 3 octobre

Je suis en colère. Quand quelqu’un meurt d’un cancer, on entend souvent dire « C’est la fatalité ». Pour Amélie la tumeur était peut-être la fatalité. Pas son décès. Je résume : en 2013, une IRM fait apparaître une tache au cerveau, parfaitement repérable. Sauf que le radiologue ne l’a pas repérée. Alors ce radiologue ? Recruté à l’étranger parce que ça coûte moins cher, à la va-vite, parce que le système hospitalier est en train de s’écrouler, qu’il faut colmater les brèches rapidement, mais à moindre coût, pour sauver les apparences. Ça a commencé sous Sarkozy, ça s’est poursuivi depuis et n’a fait qu’amplifier. évidemment ces gens-là n’ont jamais mis les pieds dans un hôpital public, si ce n’est pour faire de belles images au journal de 20h. Pour leurs bobos, ils disposent de cliniques privées très friquées et performantes.

Pour Amélie, faute de diagnostic, elle est donc lâchée dans la nature, sans aucun suivi. En cinq ans, la tumeur passe de 5 à 45 millimètres et le mal est fait. L’équipe de l’hôpital public de Nancy, avec sa compétence, son dévouement et ses moyens limités a combattu le mal. Le combat a duré quatre ans et s’est achevé dans la douleur et les larmes. Je suis en colère depuis quatre ans, depuis cet autre drame que fut l’effondrement du pont Morandi à Gênes qui fit 42 victimes dont Axelle, la nièce d’Amélie. En 2018 nous étions réunis pour lui dire adieu. J’avais pris la parole accusant les gouvernements italiens successifs d’avoir bradé les autoroutes à des intérêts privés dont la seule religion est le profit. J’avais précisé : « J’accuse le gouvernement français de privatiser à marche forcée et ainsi de se rendre coupable de catastrophes à venir : ferroviaires, routières, sanitaires, nucléaires, environnementales. »

Eh bien nous y sommes ; Amélie disparaît pour les mêmes raisons qu’Axelle. L’effondrement du pont, l’effondrement du système de santé sont les conséquences d’une idéologie dont Macron et ses séides sont les porte-voix cyniques et bien dociles. Il faut tout privatiser jusqu’à nous priver de tout : de la santé, de l’éducation, des services publics, de l’eau consommable, de l’air respirable. J’ai 77 ans. Je garde encore l’espoir de voir un peuple se lever pour mettre à bas un système qui tue les jeunes femmes, assassine les mamans et fait pleurer les enfants.
(Texte lu lors de la cérémonie d’adieu à Amélie Thomas.)

Nous ne sommes pas des machines

De Célia, le 10 septembre.

Ce petit message pour vous remercier et vous féliciter de votre dossier sur les exclus du numérique (Fakir 103). Je l’ai lu avec délectation. Cela fait tellement longtemps que les associations locales remontent ces problématiques et tentent vainement d’alerter les élus…
Nous ne sommes pas des machines. Nous sommes des êtres humains qui ont besoin d’être en contact avec d’autres êtres humains. Une société composée uniquement de services numériques n’est pas viable. Il ne s’agit pas d’exclure le numérique mais de le positionner en complément, non en remplacement des services humains. Je milite dans une association qui tente de rouvrir un guichet SNCF en gare de Betton, ville de la métropole de Rennes, depuis trois ans. Votre article fait totalement écho à notre combat. Il est long et peuplé d’embûches mais, à la fin, c’est nous qu’on va gagner !

Parcours du retraité combattant

De Cyrille, le 17 août.

Ma mère, qui est retraitée depuis à peine trois ans, ressent un mépris de société. Elle a dû se faire poser une prothèse du genou à sa retraite. Elle ne voulait pas le faire faire avant, afin de ne pas reculer sa date de retraite. Trois ans après, une seconde prothèse de genou est nécessaire, et faire installer les équipements nécessaires au maintien de l’autonomie relève du parcours du combattant…
Donc, si ma mère avait dû travailler trois ans de plus, elle serait en longue maladie, et sans retraite. Lorsque le gouvernement parle de reculer l’âge de départ, il fait disparaître la notion de pénibilité, et [pousse les retraités] à un combat pour faire valoir le peu de droits qu’il leur reste. Merci à Fakir d’exister pour la douceur que vous apportez, ainsi que l’espoir et l’envie de combattre.

La Palme du fayot

Il veut « postuler pour la Palme du Fayot mais un peu à court d’idées, les abonnements suffiraient peut-être ». Il n’y va pas par quatre chemins, Franck (de Paulhaguet, 43) ! Il égrène, en plus, en guise d’arguments : « 218 € pour un abonnement à vie et le DVD Debout les femmes, 30 € pour deux abonnements offerts… » Si seulement c’était si simple, de décrocher notre grand Prix de la lèche !

Peut-être Bruno, de Brignoles (83), avec son abonnement militant et son « Vive Fakir ! » y a-t-il cru, lui aussi ? Johana, de Vertout (44), « abonnée à vie » est elle plus subtile. Elle a compris que notre fondateur ne siège plus dans le jury : « Au-delà de François Ruffin, c’est surtout toute l’équipe que je souhaite remercier. Celles et ceux que l’on lit, les petites mains, les bénévoles exploité.e.s, toute la biodiversité de Fakir. Y’a pas un seul numéro qui ne me fait pas pleurer, de rage, de tristesse, de joie, d’espoir. Émotive, certainement, mais les émotions c’est ce qui nous fait sentir vivant. Alors, oui, chère équipe fakirienne, tu me rends à chaque fois plus vivante, merci. »
C’est beau, et on vous en passe…

On l’avoue, on allait lui attribuer le titre, à Johana, juste avant de reprendre la lettre de Franck, qu’on avait négligemment poussée sur le côté, sans la terminer : « Et si François Ruffin pouvait déposer un texte de loi pour que Fakir devienne un quotidien obligatoire, ce serait vraiment bien. » Mais non, tu n’es pas « à court d’idées », Francky ! Le voilà, l’argument décisif ! L’idée de génie ! De quoi donner un peu de boulot supplémentaire à Ruffin, en plus, comme s’il en manquait !
Tu l’as, Franck, ta palme du Fayot !