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Vis ma vie (pour voir un peu)
D’Elsa, par courriel, le 28 mars.
Au sujet de votre dossier du n°106, j’ai une idée à soumettre : que chaque ministre, et même le Président de la République, fassent obligatoirement un stage genre Vis ma vie, une ancienne émission de TF1. Le choix est vaste : Olivier Véran en aide‑soignant, Macron en cariste, Schiappa en AVS, Borne en ouvrière du bâtiment, Le Maire en éboueur... et pendant ce temps les « ouvrières illettrées » iraient bouffer des petits fours à l’élysée... Ce serait marrant, non ? Je suis sûre que l’émission aurait un succès fou !!! (On verra ce qu’ils pensent en haut lieu des « critères de pénibilité » après ça !)
Allez, pour vous remercier, je ne vais pas applaudir, je ferai mieux, en vous envoyant un extrait de poème de Nazim Hikmet :
« Le plus beau des océans est celui que l’on n’a pas encore traversé.
Le plus beau des enfants est celui qui n’a pas encore grandi.
Les plus beaux de nos jours sont ceux que nous n’avons pas encore vécus. »
Note du Fakir : Et tu sais quoi, Elsa ? Cet amendement « Vis ma vie » était l’un des tout premiers de Ruffin, dès 2017, à l’Assemblée. Rejeté, comme d’habitude !
Au bonheur des dames
De Marie‑Pierre (Draguignan, 83), par courrier, le 27 mars.
Dans l’article du n°106, « Le début du chemin », p.15, j’aurais préféré lire « agents de restauration scolaire » plutôt que « dames des cantines ». Je travaille dans une école maternelle en tant qu’Atsem (agent territorial spécialisé en école maternelle) et fais partie de l’équipe éducative dans les textes. Sur le terrain, c’est plus compliqué et plus flou face à l’éNORME éducation nationale. Je suis souvent englobée dans le personnel de service (y a lutte des classes ici aussi), c’est‑à‑dire les animateurs, agents de restauration, Atsem... Ces beaux métiers que l’on ne sait pas nommer. Merci pour votre combat, je continue avec vous, grèves, manifs et Fakir.
Note du Fakir : Mais c’est joli, Marie‑Pierre, non, « dames de cantine » ? Et même très distingué, on trouve !
Ça commence bien !
D’Hélène, par mail, le 29 mars.
Je souhaite vous parler de mon zouzou. Mon petit de 5 ans, M., qui va à l’école de notre village en grande section de maternelle. Le lundi 6 mars, veille de grève, je vais rechercher mon petit à l’école. Sa maîtresse m’attend et me dit : « Je dois vous raconter, M. m’a fait bien rire. Nous avons parlé du partage aujourd’hui et il m’a dit : "Maîtresse, je connais quelqu’un qui ne veut pas partager. C’est Emmanuel Macron qui ne veut pas partager l’argent." » L’enseignante m’a répondu qu’elle était tout à fait d’accord avec M. Nous nous sommes souhaité une bonne grève pour le lendemain ! Quand mon petit M. saura lire, je lui prêterai mon Fakir !
Fakir pour les sénateurs ?
De Micheline, par courrier, le 8 mars.
L’idée m’est venue – que je vous soumets – de financer dix abonnements d’un an à Fakir, un à chaque président de groupe au Sénat et au président Larcher, c’est‑à‑dire à des élus censés se soucier de leur électorat local. En commençant par le n°106 bien sûr, où ils trouveraient (entre autres) votre reportage sur ces hommes âgés ayant besoin de compléter leur pension en distribuant de la publicité. Double et lamentable absurdité de notre système : des personnes âgées et en piètre santé qui – au lieu de s’adonner à cent et une activités gratifiantes, utiles aux leurs, à la société – doivent trimer dans une activité marchande, parfaitement inutile, voire parasite. L’âge m’empêchant, cette fois, de suivre les amis à la manif, ce serait là ma petite contribution à la lutte.
Une vie en grève
De Jean‑Luc, par mail, le 21 mars.
À l’âge de 15 ans, en 1971, encore collégien, j’ai organisé ma première grève dans mon collège contre le fait de nous imposer un BEPC blanc sans nous avoir prévenus !! BEPC qui à l’époque était un examen important qui préjugeait de ma future orientation. Je souhaitais être prof d’histoire‑géo. Le conseil d’orientation du collège m’a fortement conseillé de m’orienter vers un lycée technique, étant donné que notre région avait une « histoire sidérurgique » et qu’il n’y aurait pas de problème pour trouver du travail. Sous‑entendu que comme fils de maçon‑fumiste dans les hauts fourneaux d’Hayange… Arrivé dans mon lycée technique, grève : d’abord pour la malbouffe à la cantine, puis contre la loi Debré, puis Devaquet, avec le soutien du prêtre ouvrier d’Hayange pour imprimer les tracts.
Finalement embauché à l’usine sidérurgique de Thionville (Usinor) en novembre 1975, pas de chance : avril 1976, la direction annonce la fermeture du site. Re‑grève, re‑manif. Pour éviter un débordement social, et étant soutien de famille (un jeune frère en fac et une maman femme de ménage à mi‑temps), j’évite le service militaire. Ouf. Et je suis embauché à la SNCF.
J’achète Fakir à mon bureau de tabac pour le faire travailler et j’espère obtenir la Palme du fayot que je partagerai avec mon buraliste.
On lâche rien.
La Palme du fayot
Vous en faites quoi, de la Palme du Fayot, les lauréats ? Vous la portez pour briller en manif ? Elle se revend cher, au marché noir ? Vous l’échangez contre des trimestres de cotisations pour la retraite ? Parce que, pour décrocher le prix de la Lèche, c’est une lutte dans les hautes sphères ! Jamais, depuis le temps, on n’avait vu ça. On vous met juste quelques extraits, y en a trop.
ANNE-LAURE : « Bravo ! Votre journal me rappelle les Libérations mythiques du début [recalée : on est bien meilleurs.] Enfin un journal gai, proposant des alternatives positives et opérationnelles et des plongées dans des univers dont on ne parle guère ailleurs... Merci donc pour cette bouffée d’oxygène ! »
CATHERINE : « Je voulais surtout vous dire à quel point c’est essentiel pour moi, comment vous découvrir m’a confortée dans l’idée que je n’étais pas la seule, mais m’a aussi donné de l’élan pour bouger. »
ELSA : « Votre journal me rebooste le moral, c’est un antidote à la morosité ! »
JULIEN : « Votre travail qui nous aide à résister ! »
On vous passe MICHEL, qui nous renvoie les deux timbres non oblitérés en espérant rafler la Palme…
Il fallait trancher. Alors, bravo à ANAÏS, et ses ados. « Je remplissais toutes les conditions : abonnement et réabonnement militant, bouquins, j’ai le tee‑shirt aussi ! Mais en plus, j’ai deux ados à la maison (l’un est ma propre chair, mon fils, l’autre c’est sa copine), qui ont fait un truc de fou avec Fakir, des œuvres d’art quoi… » [qu’on vous met ici]. Aux artistes, la Palme du mois !