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La dernière pierre ?
De Marinette (Saint-Marcet, 31), le 2 Août.
Voici quelque temps déjà que me trotte une réflexion dans la tête. ChatGPT – l’IA, qu’est-ce que c’est ? Après avoir écouté quelques chroniqueurs, je pense que le capitalisme vient d’ajouter sa dernière touche à son palmarès. Après nous avoir tous fait consommer la même nourriture sur la planète, leur Coca, Ketchup, hamburger, etc. Après nous avoir fait tous nous habiller pareil, mêmes baskets, mêmes vêtements de sport, mêmes casquettes, mêmes marques, etc. Après nous avoir fait tous aller dans les mêmes magasins discount ou pas, dans ces hyper centres commerciaux...
Voilà qu’ils s’en prennent à notre dernier rempart, notre liberté de penser. Ne pensez plus, nous pensons pour vous. Il vous dicte comment rédiger un texte, une rédaction, un compte rendu, un scénario, un article dans un journal. Dans les années 60, dans un pays lointain un homme avait écrit un petit livre rouge. Le capitalisme a crié au scandale de « la pensée unique », ce n’était pas bien. C’était de la dictature. Ce capitalisme du tous pareils, n’est-il pas une forme de dictature ? Je me pose la question.
Les phrases assassines
De Thibaud, le 17 Juillet.
Je viens de lire l’article « Le cancre et le docteur » (Fakir n°108), dans lequel je me suis presque totalement retrouvé. Envoyé en formation pro car, je cite : « T’es trop mauvais pour aller en général », je me suis orienté dans la formation des métiers du bois par défaut. Coup de bol pour moi, je suis pas mauvais et je retrouve des potes d’enfance en BEP menuisier. [Après deux BTS], je retourne faire des études en licence pro. J’avais eu envie de devenir prof. Au final, et après les années galère d’IUFM, me voilà prof de menuiserie. Et ça fait environ 15 ans que ça dure. J’aime bien. Vraiment. Mais il y a quelque temps, je comprenais plus. Je savais plus ce que je faisais. Et j’en devenais fou.
Comme Mickaël, je me suis toujours senti un prof à part. Mais je savais pas pourquoi. J’en ai profité pour faire un master et remettre des choses à plat. J’ai redécouvert ce qu’est la menuiserie et le technicien. En fait, ce sont des métiers tournés vers autrui, en répondant à un besoin par la transformation de la matière, et en veillant au bien-être du technicien. Ça m’a redonné du boost dans mon boulot.
J’ai pardonné à cette phrase horrible de « t’es trop mauvais pour aller en général », que j’ai entendue en 1998 et que tous mes élèves, quelle que soit l’académie, quelle que soit la formation (CAP ou bac pro) ont entendue depuis que j’enseigne. Et je suis prêt à parier que les nouveaux arrivants en septembre l’auront entendue aussi. J’étais déjà totalement convaincu sur le fait que cette phrase assassine n’avait aucun sens, mais j’ai aujourd’hui de quoi prouver le contraire. J’ai réussi à apaiser ce p’tit gars au fond de moi qui savait qu’il valait mieux. Je vais pouvoir maintenant réellement donner du sens à ce que font mes élèves et ce que je fais, moi. C’est aussi une revanche que j’ai prise sur cette foutue phrase.
Campings sans campeurs
De Marie-Hélène, le 10 juillet.
J’ai lu avec intérêt votre article « On veut la vie large ! ». Info : le campingest devenu aujourd’hui une denrée rare, un luxe ! Car certains campings n’acceptent plus de [vrais] campeurs ! En 1936 et pendant des décennies,les travailleurs partaient en vacances pour quelques francs (et euros) en caravane, camping parfois sauvage devenu ensuite très réglementé. Désormais, selon la pétition que j’ai reçue via mon association de tourisme social les « Amis de la Nature-France », une association solidaire internationale, ce mode de vacances est devenu un super luxe. On peut de moins en moins camper (https://sauvonslevraicamping.fr)
[Heureusement] il existe aussi des associations qui accueillent des familles dans des gîtes et campings à la mer, la montagne, la campagne pour un tarif modique...
La Palme du fayot
Vous êtes des anges. Vraiment. Ça nous émeut, même, tout votre amour. Depuis que le rédac’ chef a étalé sur la place publique sa déprime quand baissent les abonnements (voir Fakir n°108), on ne compte plus vos lettres de soutien, d’encouragement (et vos réabonnements !). Qu’il s’agisse « d’apaiser le quotidien et le sommeil de Cyril » et « de compenser les déserteurs » (FLORENCE, de Sené, 56), ou de lui éviter de sombrer : « Comme le rédac’ chef semblait proche du malaise, je me suis demandé si mon abonnement était à jour... » (JEAN-YVES, Gilly-sur-Isère, 73). On vous sent prévenants. Réactifs, même : « Quand j’ai lu votre désarroi, je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose pour vous ! Merci de nous faire voir qu’une lumière au bout du tunnel est toujours présente » (MAGALI). « Le cri du cœur du rédac’ chef a fini de me convaincre, je prendrai un abonnement militant et vous me mettez aussi un T-shirt bien plié en mode XL » (JEAN‐FRANÇOIS, Cognin, 73). Encourageants : « Merci pour votre engagement et votre militantisme. Vous êtes notre fil rouge, je lutterai à vos côtés ! » (DAVID, Étables, 07).
« J’ai décidé de m’abonner car il me semble nécessaire, voire indispensable de permettre la diffusion [de vos idées]. » (GHISLAINE).
Et vous voilà plein d’idées, et de ressources, aussi, comme FLORENCE, qui engueule son buraliste parce qu’il a retiré Fakir de son présentoir (et volontairement, l’ignoble !). ANNE-LAURE ou DOMINIQUE, qui ont eu la même idée, en même temps : « Je dépose dorénavant mon Fakir une fois lu dans mon café de prédilection, où un certain nombre de gens qui ne l’auraient pas acheté vont le lire à leur tour ». Et MICHEL (08), qui abonne toute sa famille, à Vouziers, Buxerolles, Behonne, Froideconche...
On l’a senti, les poils dressés sur nos bras : c’est toute la Fakirie qui s’est mise en branle.
Alors, pour la première fois dans la longue histoire du canard, le Jury a décidé, à l’unanimité, d’offrir la si convoitée Palme du Fayot à... vous toutes et tous. Mieux que l’école des fans : à la fin, c’est tout le monde qu’a gagné ! Tournée générale ! Et puis...
Et puis, PHILIPPE nous a envoyé un gros paquet des Sables-d’Olonne : « Bonjour Fakir, je vous envoie un chèque de 200 euros pour un abonnement à vie, et 1,5 kg de mogettes (fayots vendéens) pour le comité directeur. » Des fayots pour un fayot ! Il n’en fallait pas plus au grand Jury pour retourner sa veste, et attribuer notre prix de la Lèche à PHILIPPE ! Les ingrats !
(PS : Mais merci quand même, chères lectrices, chers lecteurs. Vous êtes les meilleurs. Vraiment.)