Avec l’énergie de l’espoir, celui de voir émerger autre chose, qu’on sent venir : voilà comment il tient, notre (votre) canard.
Nous : prendre le train avec Lénine (et sans ticket)

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« Tu sais ce que disait Lénine, il paraît ? "Ah, ces Allemands… Quand ils veulent prendre d’assaut une gare, ils achètent d’abord un ticket pour pouvoir aller sur le quai !" Alors moi, ça me fait bizarre, de voir comment ça chauffe bien contre Macron… et la passion que vous avez pour le blocage des ronds‑points, ici ! »
C’est Tonny, notre stagiaire, à Fakir, qui s’étonnait de la sorte. Tonny vient de Berlin, Allemand, donc, et on peut pas dire qu’il soit tombé au moment le plus calme, en France. Quand ses compatriotes lèvent poliment le doigt pour demander la permission de débrayer, il en a mangé, lui, des ronds‑points bloqués à 4h du mat’. Il en a distribué, des Tchios Fakir, à l’aube, entre deux feux de palettes. C’est qu’on a pris notre part, dans la Somme, à Paris, un peu partout, en manifs, ces dernières semaines. Tout ça en plus du pain quotidien, se réorganiser en interne, relancer les ventes qui fluctuent, les préfectures à remettre sur pied.
Au point de se prendre un coup au moral si ça ne marche pas ?
Si on ne gagne pas, cette fois, à la fin ?
Non. Parce qu’on a gagné, déjà, en partie, sans doute. Que nos idées progressent, on le sent. La tendance bascule : leur monde, « compétitivité‑croissance‑concurrence », les gens n’en veulent plus et n’en peuvent plus. Leur modèle s’effondre. Et même, on se projette : plus tard, bientôt, elle sera abrogée, cette réforme des retraites.
Non, c’est plutôt tout le reste, la montagne immense devant nous, l’urgence climatique, les gamins laissés de côté qu’on vous raconte ce mois‑ci, les salariés écrasés. C’est tous ces sujets qu’on porte, qui pourraient (nous) saper le moral. Nos interlocuteurs nous le disent, d’ailleurs, au fil des reportages, au milieu de leurs douleurs : « Mais faut pas qu’on décourage les gens. »
Ne pas abîmer l’espoir.
De toute façon : on n’a guère le choix.
Il faut, encore, toujours, cent fois, mille fois, trouver le chemin d’une espérance. Sinon, à quoi on sert, avec notre canard ? Alors, on se tord le cerveau, avec Fabian, notre force tranquille, grand coordinateur des dessins à Fakir, pour concilier ce paradoxe : en plein face aux vents contraires, donner encore envie de se bouger, et des raisons d’y croire (et avec de l’humour en plus, SVP).
Quel dessin de Une sera, malgré tout ça,
marrant et emballant ?
Quel canard pour se mettre en mouvement, nous porter vers une étincelle, au bout du tunnel ?
Alors, on va pas acheter un billet avant d’envahir la gare, non. (De toute façon, y a plus de vendeur au guichet, faut tout payer sur Internet, maintenant.)
On ne va pas, sagement, poliment, attendre que les choses se fassent d’elles‑mêmes.
Alors, haut les cœurs : on part en reconquête !
Même notre stagiaire s’est pris au jeu : « L’important, c’est de lutter ! La lutte va continuer et à la fin, c’est nous qu’on va gagner, en Allemagne comme en France ! »
On lui a validé son stage, à Tonny !