Il était trop jeune pour être seul, Youssouf. Surtout au beau milieu de la mer…
Youssouf, le grand petit poucet
Par Cyril Pocréaux

« Ah bah oui, j’ai eu peur. Très peur, même. Je ne sais pas nager, moi. »
Youssouf parle lentement, avec un phrasé un peu haché. Il jette un œil vers le ciel, à travers la vitre qui se couvre de buée. Je laisse tourner le moteur de ma bagnole, même à l’arrêt, sans quoi elle risque de ne pas redémarrer.
J’avais vu débarquer Youssouf quelques semaines plus tôt, dans mon groupe d’entraînement. Immense, 1,95 m je dirais, tout fin, une sauterelle on aurait dit. J’avais vite compris qu’il était migrant, qu’il avait traversé la Méditerranée, pas qu’il était aussi jeune : 16 ans, purée. Tous les parcours sont différents, parmi la cohorte de tous ces gamins venus frapper à la porte du club, depuis dix ans. Je voulais connaître le sien : je l’avais laissé prendre ses marques, écarter la timidité, retrouver confiance, avant de lui demander, de l’écouter se confier. Ce matin-là, en le ramenant à son foyer après l’entraînement, on discutait, donc.
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