À l’hôpital, 4900 lits supprimés en 2023, 43 000 en dix ans : l’hécatombe silencieuse

À l’hôpital, 4900 lits ont encore été supprimés en 2023. Soit 43 500, en dix ans selon un rapport de la Drees. Dont 30 000 sous la responsabilité du seul Emmanuel Macron… Et qu’envisage le gouvernement pour remédier à la saignée, dans le budget actuellement examiné à l’Assemblée ? Rien. Les soignants lancent des préavis de grève à travers le pays.

Publié le 2 novembre 2024

« Vous comptez les sous, on comptera les morts », annonçait une pancarte de soignants dès février 2020, avant même l’arrivée du Covid.

« Il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché », tremblait Emmanuel Macron, une fois l’épidémie déclenchée, devant un hôpital submergé.
Qu’a-t-il fait, depuis, pour « placer » l’hôpital et les soignants « en dehors des lois du marché » ? Rien. Pire : il a taillé dans le tas, à la hache.
C’est ce que révèle une étude choc de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) : 43 500 lits ont été fermés en dix ans. Sous Emmanuel Macron, c’est une hécatombe : 6 700 lits supprimés en 2022, 4 300 lits supprimés en 2021, 5 700 lits supprimés en 2019, 4 200 lits supprimés en 2018, 4 900 lits supprimés en 2017. Au total : 30 000 lits supprimés au fil de sa présidence.

On vous racontait déjà l’histoire et les ressorts de ce crime maquillé dans notre numéro 102. Car ces décisions tuent, concrètement, sur le terrain : on apprenait hier encore que l’AP-HP sera jugée pour homicide involontaire, pour le décès d’une femme de 55 ans, le 18 décembre 2018 à l’hôpital. Elle avait attendu douze heures sur un brancard, dont cinq sans aucune surveillance. Et la situation ne risque malheureusement pas de s’arranger : 4 900 lits d’hospitalisation complète ont encore été supprimés l’année dernière…
Oubliée, la promesse de l’ex-ministre de la santé, Aurélien Rousseau, à l’automne 2023 : « rouvrir plusieurs milliers de lits d’ici la fin de l’année ». Et dans le nouveau budget, actuellement examiné à l’Assemblée nationale, le gouvernement veut contraindre l’augmentation des dépenses de santé dédiées au secteur hospitalier à +3,1 %, bien loin des +6 % nécessaires, selon la Fédération hospitalière de France (FHF, secteur public). La gauche, elle, essaiera sans grand espoir de faire adopter, d’ici décembre, une proposition de loi fixant un nombre minimal de soignants par patient à l’hôpital.

Les applaudissements aux fenêtres tous les soirs à 20h00, en 2020, semblent loin, en tout cas. Mais les soignants, eux, sont toujours là. Et des patients meurent, faute de soins. Si les premières victimes médiatisées étaient des personnes âgées isolées, désormais de jeunes patients décèdent

Quatre syndicats (CGT, FO, Sud et Unsa) ont déposé un préavis de grève courant du 4 novembre au 21 décembre, comme une énième bouteille à la mer, et contre le budget actuellement en préparation. Et pour que des gens ne meurent plus faute de soin, au cœur de la sixième puissance mondiale.

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