Brexit : place aux jeunes, vraiment ?

par L’équipe de Fakir 07/07/2016 paru dans le Fakir n°(76) juillet-août 2016

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Le dernier Fakir vient à peine de sortir. Mais puisque le rédac’chef se décide à coller à l’actu, on publie - et en exclu - l’édito que vous retrouverez dans vos boites à lettre et vos kiosques bientôt.

« Les ‘vieux’ ont pris la décision qui engage leur avenir : les jeunes Britanniques, très majoritairement favorables au maintien dans l’UE, sont particulièrement frustrés par les résultats du référendum et furieux envers leurs aînés », indique une dépêche de l’Agence France-Presse. Ainsi de Mary Treinen, 23 ans, consultante en technologie : « Je suis en colère. Ceux qui ont voté Brexit ne vont pas avoir à se battre pour leur avenir. »
L’ex-eurodéputé Daniel Cohn-Bendit reprend au bond cet argument : « Le passé a décidé de l’avenir. » A la RTBF, la radio télé belge, le directeur de l’information y va de sa proposition iconoclaste : « Faut-il supprimer le droit de vote aux plus de 60 ans qui votent contre l’avenir des jeunes ? » Le Monde, bien sûr : « Le droit de vote, c’est comme le permis : franchement, au bout d’un certain âge, on devrait leur retirer. » Pour d’autres, le vote des jeunes devrait peser davantage aux élections, parce qu’ils vont devoir « vivre plus longtemps » avec cette décision.
C’est une idée que nous avait déjà soumise Emmanuel Todd, mais pour un but presque inverse.
Les pro-européens devraient, en effet, se méfier.
Certes, en Grande-Bretagne, 73 % des 18-24 ans, 62 % des 25-34 ans, 52 % des 35-44 ans ont voté pour le Remain, le Leave dominant ensuite. Mais qu’en est-il, alors, chez nous, au référendum de 2005 ? C’est l’inverse qui est apparu : 56 % des 18-24 ans, 60 % des 25-34 ans, 63 % des 35-49 ans ont voté pour le « Non », le « Oui » ne devenant majoritaire que chez les 65 ans et +.
Ici, ce sont les vieux qui tiennent le plus à l’Union européenne.
Qui mettent notre avenir en péril par leur attachement à la « concurrence libre et non faussée ».
Et l’on ne voit pas l’AFP, Le Monde, Cohn-Bendit, etc. protester contre ces choix anti-jeunes, de Maastricht à Lisbonne...

Par souci d’amélioration de la démocratie, faisons une seconde suggestion : depuis quarante ans, « nous » avons fait le choix d’un libre-échange mondialisé. Mais qui en a payé le prix, en première ligne ? Les classes populaires. Ne faudrait-il pas, alors, leur accorder, à elles aussi, un double suffrage ?
Elles savent, en tout cas, se saisir du sujet lorsque la question leur est posée. En France, en 2005, 79 % des ouvriers et 67 % des employés s’étaient opposés à la Constitution européenne (contre 65% des cadres pour le « Oui »). En Grande-Bretagne, 64 % des ouvriers et 64 % des employés ont voté pour le Leave (contre 57 % des cadres pour le Remain).

[(Dans le nouveau Fakir en kiosque, une femme de ménage l’emporte contre le géant du nettoyage. Mais dans cette bataille, Madame Gueffar n’était pas seule... Entourés des cheminots, des soutiens, des amis, on a appris un truc dans cette bataille : la victoire en se taisant.

Mais aussi :
 Cet été, vos cerises auront une autre saveur ! Que du pur produit ! Car le gouvernement français a pris une décision franchement protectionniste : il a interdit le dimethoate, un pesticide largement utilisé, risquant le drame sanitaire. Puis il a interdit qu’on importe des cerises traitées par ce produit. Et l’Allemagne, la Belgique, la Grèce, l’Italie, l’Espagne ont suivi. Surtout, on y a vu une brèche. Aujourd’hui les cerises et pourquoi pas, demain, les abricots ?, les prunes ?, les poireaux ? Ce régime sans pesticides 5 fruits et frontières par jour, Emmanuel Aze nous l’a expliqué, dans son verger de Villeneuve-sur-Lot.
 Marc, un ancien des services secrets, avait lâche le mot : Kazakhstan. Après quelques recherches, c’est une vraie histoire d’amour qu’on a trouvée. Et illustrée avec des photos, de Sarko, par qui l’amour commence. Et de Hollande, qui l’a non plus, n’incarnera pas trop le changement.
 Mais qui tue (vraiment) les entreprises ? Des caves de l’Insee aux bureaux de Bercy, Fakir vous propose de partir à la recherche de celui qui silencieusement abat l’investissement. Et attention, les rapports supposés critiquer la Finance ne sont pas toujours ce que l’on croit...
 Notre "FO", "Film obligatoire" du moment : Queimada. Avec Marlon Brando qui délivre des leçons de guérilla...
 Une immersion dans les caves de Marks & Spencer !
 La mondialisation pour les nuls, à Zutkerkque, avec Jibé.
 Nos heures sup’, non tarifées, de Nuit debout aux dockers du Havre...
 Et bien sûr le carnet de bord de nos reporters.

A retrouver en kiosque, à commander en ligne. Mais le mieux, c’est quand même de s’abonner ! )]

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Messages

  • Hello,

    Donnée que vous n’avez pas traité dans votre article, c’est très largement l’abstention qui l’a emporté dans le vote jeune UK, comme vous pourrez le voir sur ce graphique :

    http://imgur.com/oh4Nu2U

  • Sur le vote des jeunes pour le Brexit, il faut faire attention. 64% d’abstention pour les 18-24 ans. 26% pour rester dans l’UE et 10% contre. 42% d’abstention pour les 25-34 ans et 19% d’abstention pour les 55-64 ans.

  • Votre article est très bien mais il ne prend pas en compte l’abstention !
    Voir tableau ci-dessous :

    http://www.les-crises.fr/wp-content/uploads/2016/06/brexit-age-1.png

    Trouvé sur le site "Les Crises"

    http://www.les-crises.fr/brexit-l-arnaque-du-vote-des-jeunes/

    Je ne suis pas le seul à vous le signaler !

  • J’ai voté NON (en France) malgré mes (aujourd’hui) 69 balais. Normal j’ai des enfants, qui ont voté non eux aussi. Mais je côtoie des vieux qui changent aujourd’hui, malheureusement d’avis suite à toute cette tornade des chiens de garde sur le Brexit.

  • 52% de Britanniques ont voté pour le LEAVE - qu’on ne vienne pas me dire que 52% de la population britannique a +50 ans ?!
    Dans les 64% d’ouvriers et les 64% d’employés qui ont voté pour le LEAVE, qu’on ne vienne pas me dire non plus que tous ces gens ont +50 ans ! Il y a donc forcément des jeunes, des trentenaires, des quadras aussi dans le lot !
    Donc, c’est bien à un vote de classe que nous avons assisté. Tout comme chez nous en 2005.
    Car ce sont bien les classes dominées qui sont les victimes de la mondialisation néolibérale (qui sur notre continent se concrétise par l’Union Européenne).
    Et ce qui m’agace le plus : cette confusion entre "Europe" et "Union Européenne". L’Europe est une réalité géographique qui s’étend de l’Atlantique à l’Oural. l’Union Européenne est une construction politique élaborée par les classes dominantes pour leur plus grand profit.
    Ha ha ha, la consultante en technologie de 23 ans (elle sort de l’école...), donc certainement une jeune diplomée et en GB, pour aller à l’université, faut avoir des parents déjà bien aisés. Bref, une (future) CSP+ comme on dit chez nous, qui parle de "se battre pour son avenir". LOL Les jeunes (et moins jeunes) des classes populaires, eux, ça fait presque 40 ans qu’ils se battent déjà pour leur avenir... car eux n’ont pas la chance d’avoir fait des études supérieures (très chères) et d’avoir décroché un poste de "consultante en technologie" !