Écologie : l’union sacrée ?

par François Ruffin 24/09/2019

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« La bataille pour le climat, nous la gagnerons tous ensemble !... Nous sommes tous sur le même bateau, tous sur la même planète !... »
Tous ensemble, vraiment ? Les riches et les pauvres ? La droite et la gauche ? Les firmes et les ONG ? Les damnés de la Terre et les actionnaires ? Tous unis, main dans la main, contre la catastrophe en cours ?

« La dernière mode à la City, c’est la Norvège. » Une amie est revenue de Londres, son mari est financier, et elle témoigne : « Les traders achètent des maisons en Scandinavie, à cause du réchauffement : c’est là-bas que le climat sera le plus clément, il paraît. » Eux mettent donc le cap au nord !
A la Silicon Valley, on opte pour l’inverse : cap au sud ! Parmi les champions des new-techs, des « futurologues » branchés, ils sont des centaines à chercher refuge en Nouvelle-Zélande, à racheter des terres là-bas, des propriétés entières, des fermes avec piste d’atterrissage : « Il n’y a pas de meilleur endroit pour se mettre à l’abri de l’apocalypse. »
Le naufrage planétaire, eux comptent bien y échapper. Quitte, pourquoi pas, à migrer vers Mars, comme l’imaginent les milliardaires Jeff Bezos (Amazon), Richard Branson (Virgin), Elon Musk (SpaceX).

Nous ne sommes pas « tous sur le même bateau ». C’est à bord de méga-yachts qui consomment mille litres de l’heure que eux naviguent. C’est à bord de jets privés qu’ils passent d’un continent à l’autre, de leur appartement à Manhattan à leur île dans le Pacifique.
Et même à l’échelle de la France : les 10 % les plus riches émettent huit fois plus de gaz à effet de serre, huit fois plus, que les 10 % les plus pauvres.
Sans compter ces cent firmes qui, à elles seules, sont responsables de plus de 70 % des émissions mondiales de carbone.

« La guerre des classes existe, déclarait le milliardaire américain Warren Buffett, c’est un fait, mais c’est la mienne, la classe des riches, qui mène cette guerre et nous sommes en train de la remporter. » Mais ça ne vaudrait pas pour l’environnement ? L’écologie éteindrait l’antique lutte des classes ? Cet impératif, sauver la planète, nous rassemblerait donc tous, droite et gauche, riches et pauvres, damnés de la Terre et actionnaires, par-delà les frontières, tous unis contre la catastrophe en cours ?

Au contraire, nous semble-t-il.
Au contraire.
Au contraire, la crise écologique aiguise cette lutte, la renforce. La « guerre » ne porte plus seulement sur le niveau de vie, mais sur la vie elle-même. Nous sommes engagés dans un combat, des « Terriens » contre des « forces destructrices », de l’intérêt général contre les multinationales. Nous avons des adversaires, et ils sont organisés, avec des bataillons d’avocats, de lobbies, d’éditorialistes, d’élus, jusqu’au sommet des Etats, qui tout à la fois mènent la guerre et qui la dissimulent, qui la déguisaient hier sous des études climato-sceptiques, qui la masquent aujourd’hui sous la « croissance verte », le « développement durable », « nous ne pouvons agir seuls », « il nous faut un cadre européen », « ne pas nuire à la compétitivité », etc.

Croit-on qu’ils vont renoncer, d’eux-mêmes, à une croissance, à une concurrence, à une mondialisation qui les gâtent ? Croit-on qu’ils vont abandonner leurs jets et leurs yachts ?
On le sait, désormais : ils iront jusqu’au bout.
Ils raseront les forêts.
Ils videront les mers des thons, des baleines, des sardines.
Ils pressureront les roches. Ils feront fondre les pôles. Ils noirciront l’Alaska.
Ils réchaufferont l’atmosphère jusqu’à ébullition.
Ils nous vendront un air coté en Bourse.
Ils affameront des continents.
Ils sauveront les banques avec nos retraites.
Ils solderont les routes, les îles, les jardins publics au plus offrant.
Ils spéculeront sur nos maisons, notre santé, notre éducation.
Le doute n’est plus permis : qu’on les laisse faire, et tout ça ils le feront.

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