Montebourg, l’homme qui retourne sa marinière

par François Ruffin 17/05/2016

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Montebourg signe son retour et, hier, BFM-TV insistait pour que je lui apporte mon soutien. "Je n’ai pas confiance en lui", j’ai répondu, mais les exemples précis m’échappaient. Le trou. J’avais pas révisé. Et puis, en sortant du studio, ça me revient : Goodyear, évidemment. Et au-delà, du défenseur du protectionnisme (comme candidat) à l’avocat des traités de libre échange (comme ministre). Bref, de l’homme révolté au champion du renoncement...

« Je voudrais féliciter toute l’équipe de militants, syndicalistes, qui ont réussi ces résultats extraordinaires, je voudrais dire que la parole que vous portez n’est pas une parole seulement locale ou dans une filière industrielle, elle signifie aujourd’hui le retournement de valeurs, de tendances que nous devons imposer à l’économie aujourd’hui. »

Durant la primaire, Arnaud Montebourg a également fait le pèlerinage chez les Goodyear. Micro en main, au milieu des tee-shirts CGT « Goodyear Amiens, patrons voyous », il confondait le parking de la Zone industrielle avec un maquis du Vercors :

« Il serait temps que l’État redevienne l’arbitre et le protecteur des plus faibles dans le monde du travail, voilà ce que serait un gouvernement progressiste. La politique a été mise entre les mains de gens qui sont les alliés des marchés financiers, dans ceux qui ont le pouvoir économique, il faut renverser cette tendance. C’est très difficile parce que les médias nous enseignent qu’on ne peut pas. Vous allez entendre Alain Minc, Alain Duhamel, tous les Alain de la création, j’espère qu’il n’y en a pas trop ici...
— Alain Delon ! lance un salarié.
— Alain Delon, voilà ! Ils vont nous dire : “Ah ! On ne peut pas, ce sont des chimères, des doux rêveurs.” Mais ce n’est pas vrai, pour une raison simple : c’est que d’autres nations dans le monde, le font et contrôlent l’économie. »

Il était habité par une flamme.

Héraut du renoncement

Deux ans plus tard, devenu ministre, il est toujours habité par une flamme – mais pour dire précisément l’inverse, pour inviter les ouvriers à la résignation :

« Il y a sur Amiens un contexte très tendu et une “conflictualité” hors norme, que je déplore. (...) Les dégâts que ce type d’attitude produit sur l’image de la France sont considérables. (...) Le gouvernement souhaite que le conflit s’arrête. Chacun doit faire un pas vers l’autre. La terre brûlée, la violence, la violation de la loi, l’obstination des uns et des autres, ne résoudront absolument rien et aggraveront la situation des salariés et des familles qui attendent de retrouver un travail ou d’être correctement indemnisés. (...) La République c’est la compréhension mutuelle, ce ne sont ni les insultes, ni la violence. J’en appelle au dialogue et aux rapprochements des points de vue, quoi qu’il en coûte à Goodyear et aux responsables locaux de la CGT. Je mets les deux parties non pas dos à dos mais face à face. Tout le monde doit mettre de l’eau dans son vin » (Courrier picard, 13/1/2014).

Hier, il invitait les salariés à se rebeller contre des « abus inacceptables », se cabrait contre « la prédation », il promettait une loi « pour chercher les responsabilités chez la maison-mère », et une autre pour « interdire de licencier lorsqu’on distribue des dividendes », saluant les cégétistes pour leur « résistance ». Et le voilà qui, désormais, alors que rien n’a changé, alors que « prédations » et « abus » demeurent, alors qu’aucune loi n’est instaurée, le voilà qui exige le renoncement – avec toujours le même style, la même fougue.

Candidat de la transformation

« Vue de chez moi et vue d’en bas, pour tous ceux qui n’ont que leur travail pour vivre, la mondialisation n’est rien d’autre qu’un système extrémiste. » Au printemps 2011, Arnaud Montebourg publiait un petit opuscule remarquable, Votez pour la Démondialisation ! Pour la première fois, un dirigeant politique, et de la gauche de gouvernement, s’en prenait de front, avec violence, au libre-échangisme :

« Le bilan de la première décennie de mondialisation est un désastre pour ceux qui n’ont d’autres ressources que leur travail : délocalisations en série, destructions d’emplois et d’outils de travail, diminution des salaires...
« Ces choix obsessionnels portés par des fondamentalistes de l’ouverture commerciale ont- ils servi les intérêts de quiconque, mis à part une infime minorité mondiale ? La baisse des revenus du plus grand nombre est là, l’enrichissement exagéré de 1 % des ploutocrates mondiaux aussi, comme la contraction des protections sociales, la destruction des ressources naturelles, la crise écologique qui multiplie ses foyers d’apparition, et l’ombre de la peur qui s’est étendue sur les sociétés. C’est le triste bilan de cette escroquerie mondiale...
« Les élites économiques et politiques se sont enfermées à double tour dans leur confort, dans leur mondialisation heureuse, protégées par leur culture, leurs professions, leur mobilité et leurs voyages, leurs sécurités financières. Elles se sont construites des croyances artificielles, une mise sous bulle stérile et indifférente au sort des gens, une vitre idéologiquement blindée contre laquelle tous les gens ordinaires viennent s’écraser, comme les insectes sur le pare-brise d’une belle voiture lancée à pleine vitesse. Ça ne fait pas de bruit, et le monde file à toujours vive allure sur les autoroutes de la bonne conscience...
« Il ne reste plus que les vieux éduqués en faveur du libre-échange, ceux qui sont encore bloqués au XXe siècle. En un mot, ceux qui nous gouvernent... »

Et de conclure :

« C’est le sens de ma candidature aux primaires populaires de la gauche. Je ne suis pas candidat à la gestion de ce système qui détruit la planète, asservit les hommes et anéantit leur droit de choisir. Je suis candidat à la transformation de ce système. »

Mondialisation soft

Comptait-il le transformer, franchement, ce « système extrémiste », en compagnie des Hollande, Moscovici, Cahuzac et Sapin, tous ces gens qui sont, et depuis belle lurette, et par mille biais, « les alliés des marchés financiers » ? C’est lui qui en est transformé, surtout. Car le même M. Démondialisation soutient, désormais, le projet d’accord de libre- échange transatlantique. « N’est-ce pas un peu contradictoire ? » l’interroge un journaliste. Arnaud Montebourg : « Enfin, c’est-à-dire que les accords de libre-échange ils sont, d’abord il ont un avantage c’est qu’il y a deux entités, c’est pas la mondialisation. C’est deux continents, qui ont des règles, qui ont des préférences. (...) Donc, c’est un accord qui peut être égalitaire. C’est un accord qui peut être gagnant-gagnant et non pas perdant-perdant, ce qui était le cas de la mondialisation jusqu’à présent. Et ce n’est pas un accord de mondialisation, c’est un accord régional, entre deux régions du monde. » (RTL, 16/6/2013.)

Voilà qui mériterait la médaille d’or du sophisme. Il aura suffi de quelques mois à ce tribun, à peine, quelques semaines, pour s’adonner à la « cogestion de ce système qui détruit la planète », pour s’asseoir sur son strapontin ministériel – et ses convictions. Le tout parsemé de quelques « couacs », savamment orchestrés, largement commentés par radios et télés : sur le dossier Dailymotion, sur le P-DG d’Orange Stéphane Richard, sur Lazard et la future Banque publique d’investissement, etc. Une façon d’entretenir son image « de gauche », genre « dissident de l’intérieur », qu’il ne soit pas carbonisé par ses années en Hollandie.
Tragique

On pourrait hausser les épaules à ce banal retournement de veste, ricaner de ce félon si ordinaire qui aura monnayé un soutien populaire - ses inattendus 17 % - contre un intitulé ronflant de « redressement productif », ironiser sur sa déclaration enfiévrée au soir de la primaire : « Chacun doit savoir que ma détermination à poursuivre le combat pour les idées et les rêves que je porte, pour les solutions nouvelles que je veux mettre au pouvoir, est totale », quand sa « détermination » n’a consisté, depuis, qu’à avaler des couleuvres et à enfiler une marinière. Mais dans cette farce, il faut voir le tragique. Quelles forces reste-t-il, à gauche, pour affronter franco cette mondialisation ? De trahisons en renoncements, à quelles branches se raccrocheront les ouvriers de Goodyear et d’ailleurs ? Au printemps 2011, la fondation « progressiste » Terra Nova – à la droite du Parti socialiste – publiait une note intitulée : « Gauche : quelle majorité présidentielle pour 2012 ? » Ses penseurs recommandaient une « stratégie centrale “France de demain”, une stratégie centrée sur les valeurs », avec « 1. Les diplômés. 2. Les jeunes. 3. Les minorités. 4. Les femmes », tandis que les ouvriers seraient abandonnés au Front national : « Le FN se pose en parti des classes populaires, et il sera difficile à contrer. » Inutile, donc, même d’essayer.

[(TIMIDES PROMESSES
Aux Goodyear et ailleurs, durant sa campagne, François Hollande n’avait pas multiplié les envolées, n’avait guère promis monts et merveilles. Mais c’était pour mieux tenir parole comme il le soulignait ici-même, sur ce parking : « Il faut être capable, quand on est un parti de gouvernement, quand on est un candidat à l’élection présidentielle, il faut être capable de traduire cette inquiétude en actes de régulation, qui soient crédibles et qui ne soient pas illusoires. Parce que rien ne serait pire que de venir devant des travailleurs comme Nicolas Sarkozy a pu le faire à Gandrange, de leur assurer que leur outil industriel sera préservé, que leur emploi sera pérennisé, et quelques mois plus tard de constater la fermeture d’un site et des licenciements. » On en retenait, en gros, que « l’État peut fixer des règles », et que « la jurisprudence qui s’est établie [sur les licenciements boursiers] doit devenir une loi ». Et il enfonçait le clou à un Des Paroles et des actes spécial primaires : « La question des licenciements boursiers, elle est posée. On a toujours des exemples qui nous viennent à l’esprit : Goodyear il y a encore quelques mois défrayait cette chronique et on a mille illustrations d’entreprises qui, pour des raisons purement spéculatives, pour améliorer leur rendement, décident de licencier. Il faut pénaliser financièrement. Pourquoi il faut pénaliser financièrement ? Parce que si c’est bien le motif, avoir un gain boursier et si on impose une taxe, en fait c’est une taxe sur le licenciement...
— Sur un mode administratif, pas judiciaire ? interroge le journaliste, Patrick — Non ça c’est tout de même pas ni administratif ni judiciaire, c’est fiscal, ça coûte plus cher. Vous licenciez, vous payez plus cher.
— Mais qui décide si c’est un licenciement boursier ? insiste David Pujadas. — Bah il y a des preuves très faciles à établir, vous avez un cours de bourse, vous avez les bénéfices et vous avez licencié pour que le cours de bourse monte. »

Il ne s’engageait pas à « interdire », juste à « taxer » les licenciements boursiers. Ça ne paraissait pas excessif. Mais il n’a même pas avancé d’un pas, n’a même pas essayé d’avancer, dans cette direction pourtant bien modeste.
)]

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Messages

  • C’est un non évènement mon cher François Ruffin ! Jacques Dutronc chantait l’opportuniste en 1969 on connaît bien le refrain. Je trouverais plus intéressant d’appeler à la grêve générale, au blocage de l’économie et au gel du paiement de l’impôt plutôt que de passer du temps à commenter l’opportunisme des politiques. Tu es trop mou François !! Allez un peu de courage !!!

  • J’ai vu l’émission au cours de laquelle François Ruffin était effectivement sollicité pour apporter son soutien à Montebourg et je partage totalement son point de vue. L’engouement et la médiatisation exceptionnelle dont a bénéficié la montée du Mont Beuvray suffiraient à faire douter de la véritable signification d’une candidature de Montebourg en 2017 : sauver ce qui reste du PS et cristalliser les déçus de Hollande autour d’une candidature qui au delà d’un discours nécessairement en rupture avec celui de Hollande, ne serait guère différent une fois au pouvoir. Or ce sont les engagements et la pratique correspondante qui doivent guider le choix de celles et ceux qui prétendent nous représenter et diriger le pays. Et ils ne le feront plus sans nous.
    J’ai trouvé la réponse de François Ruffin "Je n’ai pas confiance" particulièrement adaptée et très efficace. Fallait-il faire l’inventaire des déclarations non suivies d’effets ? Non, l’avis d’un des initiateurs des Nuits debout avait en soi bien plus de sens.

  • Il ne faut pas être un grand spécialiste des sciences humaines, ni de la psychologie pour détecter d’entrée de jeu que ce Monsieur Montebourg n’est, en fait qu’un arriviste tous crins. Le discours est social dans la quête de positionnement, et libéral, dès qu’un but est atteint.
    Ils sont tous comme cela, dans la famille. Son ex-copain Hollande, c’est pareil : "Mon ennemi c’est la finance", avant et " il faut faire des sacrifices" après, comme dans les pubs pour les régime amaigrissant.
    Le sacrifices, bien sûr, c’est pour les pauvres, "les plus nombreux", comme disait Caillaud en 14 !
    Pour les riches, il faut les épargner, ce sont eux qui nous entretiennent et nous permettent d’assurer nos carrières. Alors, non seulement on les épargne, mais en plus on leur fait cadeau de ce qu’on rackette aux autres.
    En vérité, TOUS les politiciens de profession sont identiques ; carriérisme, mépris total de la plèbe, ignorance crasse de l’intérêt général. Pour eux, la seule vie possible c’est celle ou on ne fait rien, on blablate en permanence, tout gérant l’évolution du monde à la place de ceux qu’on a spolié de leur pouvoir en instituant un système à double fond. D’abord le libéralisme économique, monstrueuse machine à détruire la vie des peuples au nom de la liberté et par tous les moyens. Ensuite par le libéralisme politique qui écarte les peuples de la gestion de leurs affaires.
    Il faut se débarrasser de ces gens là.

  • Bonjour,
    Où trouver Fakir en Belgique francophone ? Villes les + proches : Marche-en-Famenne ou Huy.
    Salut et fraternité.
    N

  • Contrairement à M. Gibault, je pense qu’il est bon et nécessaire de revenir sur les propos contradictoires tenus par M. Montebourg ces dernières années afin de nous rappeler (toujours et encore) de ne pas nous laisser abuser par les beaux discours des beaux parleurs dont M. Montebourg est un spécimen des plus brillants. Merci M. Ruffin pour cet article.

  • Il retourne sa marinière mais il apporte quand même des croissants à ceux qui vont perdrent leur boulot ! S’il était élu peut être livrera t’il des pizzas ?

  • Parachuté par le PS dont il est encore membre,il va tenter de sauver le peu qui reste à sauver.Un appel du pied au PCF qui tient son congrès début juin.Certains membres du PCF doivent être soulagés.
    Montdebourg plûtot que Mélenchon...

  • Montebourg qui a fait une révolution de palais avec Hamon pour imposer Vals, l’arroseur arrosé en somme.

  • Pas d’accord du tout avec le commentaire d’Eric GIBAULT.
    Fakir et François RUFFIN contribuent à redonner de l’espoir à celles et ceux que les princes qui nous gouvernent méprisent et ignorent souverainement . Voir et revoir MERCI PATRON , encore MERCI.
    Il connaissent les mouvements sociaux et les organisations syndicales et savent parfaitement que ce sont les salariés eux mêmes qui décideront démocratiquement d’une éventuelle grève générale.
    Non François RUFFIN n’est pas "trop mou " il ne se prend pas pour un grand mage qui délivre des messages du haut de son trône du style : " je décrète la grève générale ", il y en a un peu marre des radicaux de papier qui délivrent des oracles sur leurs claviers complétement coupés de la réalité sociale , dans des textes dont la lecture nous donnent des maux de tête.

    On lâche rien , sans armes sans haine sans violence (merci HK)

  • Arnaud Montebourg est de ces personnages qui retournent leur veste selon leurs intérêts personnels.
    Il suppose qu’il s’adresse à des gens qui ont la mémoire d’un poisson rouge. C’est la caution de gauche pour un ps moribond qui ne recule devant rien pour conserver le pouvoir à mettre en place une politique libérale du chacun pour soi. Comment peut on être de gauche et être pour le TAFTA ? C’est ignoble. Qu’ils s’en aillent tous ! De plus il a répondu à un ouvrier licencié qui l’interpellait sur ses promesses non tenues lorqu’il était ministre de F.Hollande : " c’est pas mon problème, saisissez votre avocat". Superbe !!!
    Il n’y a qu’une seule alternative, un seul vote utile pour 2017 c’est celui pour JLM2017 !

  • "Réviser son montebourg". Voilà le point de vue des Fralib, publié sur Ballast.

    http://www.revue-ballast.fr/de-fralib/

    L’une des figures politiques médiatiques de cette bataille fut Arnaud Montebourg, nommé Ministre du Redressement productif dès l’accession de la gauche au pouvoir – celui qui, un an avant son entrée au gouvernement, fustigeait dans son ouvrage "Votez pour la démondialisation !" les « délocalisations en série, [les] destructions d’emplois et d’outils de travail ». Quel regard les ex-Fralib portent-ils, aujourd’hui, sur son action ? « C’est compliqué. On pense qu’on a perdu un an. Mais c’est contrasté, on ne peut pas tirer à boulets rouges sur lui, car ça serait malhonnête de notre part : il y a des choses qui ont été faites dans notre dossier et il faut savoir le dire. C’est à l’arrivée de Montebourg qu’il y a eu préemption puis achat des bâtiments : il y a eu un appui très fort de la part du ministère à ce moment, et ce n’est pas rien. Sans quoi on ne serait plus dans l’usine. Mais quand il était candidat aux primaires socialistes, il parlait, nous concernant, de prendre des mesures [ ??? passage difficile à comprendre ???“que personne en conférence de presse, à un journaliste.] Et il parlait de nationalisation et d’expropriation d’Unilever, par rapport à la marque Éléphant. Mais ça, c’était le discours de campagne...

  • Suite du point de vue des ex-fralib

    ... Une fois au ministère, on aurait aimé qu’il continue à pousser. Et on a eu l’occasion de lui dire : on pouvait comprendre que c’était pas si simple que ça, suffit pas de s’installer dans un fauteuil de ministre et de faire ce qu’on veut, mais, au moins, qu’il reste dans cette posture-là. Sauf qu’il nous a dit, fin 2012, grosso modo : “Unilever a déjà lâché beaucoup de choses, prenez ça et démarrez comme ça.” On va pas dire qu’il y a eu clash, mais il n’y a plus eu de contacts directs. Lui souhaitait qu’on signe avec le peu qu’il y avait sur la table ; nous on disait que ce n’était pas suffisant pour signer un accord de fin de conflit. Je pense qu’il ne croyait pas qu’on irait au tribunal. On a continué à lutter sans lui. L’implication du ministère, oui, celle du conseiller social d’Hollande, oui, mais ce qui fait qu’Unilever est venu à la table des négociations, c’est qu’on a continué à lutter. Et là, on a eu des choses sur la table, en mai 2014. Mais peut-être que si Montebourg nous avait suivis et avait continué de mettre la pression à Unilever, on aurait eu l’accord début 2013... »

  • Merci de bien vouloir faire un petit coup de pouce à "comme des lions" de Davisse

  • Montebourg ne vaut pas même la peine qu’on parle de lui.

  • Bonjour
    L’habileté du gouvernement Hollande est d’avoir mandaté Arnaud Montebourg a la tête du ministère du redressement productif. En lui confiant ce portefeuille, l’enfant terrible, le mauvais garnement du gouvernement, celui dont il fallait se méfier car le plus enclin à contester le socialisme libéralisme était contraint de rentrer dans les rangs puisqu’il devait s’aligner sur la politique de PIerre Moscovici MInistre de l’Economie et des FInances. S’il avait été nommé dans un autre ministere, il n’aurait sans doute pas été amené a renier ses idées . De la même façon qu’il existe une hiérarchie des normes dans le droit du travail que le gouvernement actuel cherche à nier, il existe également dans le fonctionnement de l’économie, une hiérarchie des forces qui fait que le macro l’emporte sur le micro, et qu’une entreprise n’est viable que dans la mesure où sa gestion permet de répondre aux regles de l’économie qui relevent actuellement de ce que l’on connaît et aboutissent à la casse écologique, sociale et humaine.
    Or il y a d’autres alternatives contrairement a ce que l’on voudrait nous faire croire.
    Pour exemple sur ce lien où il est question de planifier la production sous l’angle d’une économie au service de la satisfaction des besoins de chacun et non de l’enrichissement éhonté et demesuré de quelques uns au detriment du plus grand nombre.
    http://ecodistributive.chez-alice.fr/?page=argumentaire

  • Le problème n’est pas de trouver un homme politique "pur", n’ayant jamais trahi, et qui serait "vraiment de gauche".

    Le problème est tout simplement qu’il n’y a pas aujourd’hui de majorité souhaitant changer de politique. Si une telle majorité existait, on trouverait bien des politiques désireux de porter cette politique. Et alors Montebourg ou un autre, à la limite peu importe, on aurait l’embarras du choix. Mais l’enjeu actuel est de faire émerger cette majorité, ou même une forte minorité, et on en est loin, si loin...

    Les "laissés pour compte" du système se partagent (en gros) entre abstention, vote FN, souverainistes, et "gauche de la gauche". Et même parmi ceux-là beaucoup ont peur du changement, faut dire qu’on est tellement habitués à ce que tout changement soit une régression... Mais tant que ces "familles" n’auront pas un projet commun je pense que c’est mort, le libre échange restera le seul horizon.

    Bon après vous me direz, "l’offre" politique peut aussi créer la demande, et le coup de l’homme providentiel ça a déjà fonctionné en France. Mais bon ce dont on a besoin à mon avis c’est d’un mouvement intellectuel et politique transcourants, progressiste, antilibéral, et pouvant "parler" avec toutes les "familles" susmentionnées.

  • François Ruffin recherche un exemple précis pour justifier son manque de confiance envers Montebourg. Il y en a pourtant un très simple : Montebourg est au PS...
    Etre (ou avoir été) au PS est immédiatement disqualifiant.

  • Journaliste militant François Ruffin ou plus simplement créateur d’événements destinés à alimenter Fakir ? Je finis par me demander si François ne fait pas commerce de la révolte. Il n’y a qu’à lire les commentaires pour voir qu’il y a beaucoup de clients.

  • C’est quand même édifiant de revoir ce que les gens du PS disaient et faisaient pour être élu Merci internet de garder ces archives

  • Ce qui m’a convaincu pour Montebourg n’est pas son attitude de ministre (de toute façon "menoté" et sans doute moins pire qu’un autre, d’ailleurs il a dû partir et laisser la place à un MACRON) mais son abstention concernant le traité européen alors qu’il avait plaidé contre.

  • Pour Eric Gibault :
    Vous partez du principe qu’il n’y a pas d’autre alternative à celles que vous imposez : Soit ça, soit ça... Vous continuez ensuite en englobant dans un seul terme l’ensemble des intervenants qui postent des commentaires. Nous sommes tous bennés dans une seule et unique case : "clients" !

    C’est très réducteur comme raisonnement... J’ai même envie de dire comme Cyrano, "Ah non ! C’est un peu court jeune homme !" Mais, je vais faire moins poétique :

    Je vois la vie en couleurs, dans toute sa complexité ; ce qui en fait pour moi toute sa beauté d’ailleurs. Et j’essaie -avec peu de résultats je dois bien l’avouer- d’en faire prendre conscience à mes proches ou mes connaissances qui comme vous mettent (ou se mettent) des carcans, des cadres, des cases qu’ils n’arrivent pas à "dépasser".
    C’est mon but, mon envie, mon besoin dirais-je même : Arriver à rendre aux autres (et j’espère que c’est ce qui vous arrivera) leur capacité à se dépasser, à briser les cadres que notre société a solidement construit dans nos cerveaux, à cesser de ranger les gens dans des cases. J’espère leur faire voir de nouveau que tout est possible et que nous pouvons ensemble imaginer, créer, puis vivre dans une société à l’écoute de nos besoins et envies. J’espère qu’ils comprendront que cela apporte bien plus de richesse qu’à simplement chercher à faire commerce de la révolte ou de quoi que ce soit d’autre.

  • Ce type est une girouette totalement indigne de confiance, pour en rajouter une couche, il faut se souvenir de son lâchage dans la campagne présidentielle de S. Royal (qui elle non plus n’est pas plus digne de confiance).
    Donc il roule pour lui au grès de l’opportunisme sans vergogne qui peut lui rapporter, mais hélas c’est un trait caractéristique d’une majorité des personnages politiques, mais pas de JLM, n’en déplaise à ses détracteurs.

  • Laissons retomber la poussière et les masques de ces candidatures à la candidature des éventuelles primaires.....

  • C’est quoi la réalité de nos sociétés ? Du corporatisme et de l’individualisme essentiellement. Oui la masse préfère rêver à ce qui "brille", à ceux qui ont le pouvoir, l’argent, les-mêmes qui les écrasent un peu plus chaque jour. J’ai une bien mauvaise nouvelle à vous annoncer, la révolution des esprits n’est pas pour demain.

  • Pour rappel... JLM a quitté le PS en 2008 lors du congrès de Reims parce qu’il n’avait plus d’avenir au sein de ce parti idem avec le Front de Gauche à cause du PC qui lui faisait de l’ombre. Maintenant il décide par faire cavalier seul, considérant que c’est plus sûr. Navré d’en décevoir beaucoup mais JLM est tout aussi opportuniste que les autres politiciens.

  • Personnellement, ayant acordé du crédit à Montebourg il y a un certain temps ("l’appel des juges" un livre contre la corruption à l’echelle européenne), et bien que pas du tout encarté PS, j’avais voté pour lui à la primaire PS !
    Des années après, "Ministre du redressement productif", fin tragique de la farce : on le voit dans le film "Comme des Lions" pris à partie par les ouvriers de PSA-Aulnay luttant contre la fermeture de l’usine. "J’arrive tout de suite, j’ai un p’tit truc à régler !" dit-il à un gars dans un immeuble, en pointant le doigt vers la délégation des grévistes de PSA. Le "p’tit truc" en question c’est juste le licenciement de 3800 personnels, où il nous fait le remake de Jospin 1997 pour Renault Vilwoorde "L’Etat ne peut pas tout !".
    Et cerise sur le gâteau, l’immeuble vers lequel il se dirigeait avant d’être obligé de remarquer le cortège des ouvriers, c’est le siège de la société "Habitat" où il fut recasé à sa sortie du gouvernement...

  • Super papier. A lire et à relire à l’heure où le bonhomme se présente comme le sauveur. C’est un menteur comme les autres.

  • Cher François Ruffin,
    "Quelles forces reste-t-il, à gauche, pour affronter franco cette mondialisation ? "
    En bon journaliste tu ne devrais pas ignorer qu’un parti porte dans son projet le "protectionnisme solidaire", que c’est le Parti de gauche, que s’agissant de l’élection présidentielle ce parti soutient un candidat qui propose rien de moins que cet affrontement. Faut-il nommer ce candidat : Jean-Luc Mélenchon. Ou bien est-ce là que le bât blessé.
    Fakirement.

  • Vous avez raison Montebourg va bien dans le lot des vendus au système et ne fera rien contre même si par le hasard des élections il était Président.
    Ces seuls actes en tant que Ministre sont la réouverture des Mines, le Gaz de Schiste et en plus pro nucléaire.
    En fait son titre devrait être : ex ministre empoisonneur avéré.
    Bonne fin de Week-end

  • "Mais dans cette farce, il faut voir le tragique. Quelles forces reste-t-il, à gauche, pour affronter franco cette mondialisation ?" Quelques mois plus tard il me semble que nous avons une vue plus dégagée de la situation : A gauche (et partout en fait puisqu’on ne fait pas crédit de la moindre volonté de l’extrême droite de s’opposer au capital, en témoigne le récent vote européen sur le travail détaché), c’est Mélenchon qui s’appuie très clairement sur le travail de Frédéric Lordon et sa défense de la souveraineté populaire, c’est à dire la démocratie.