Mayotte, les médias, l’Hexagone, Elon Musk et nous…

Alors que la présentation d’une loi pour le développement de Mayotte a été repoussée à fin avril, et que les parlementaires préfèrent se focaliser sur la restriction du droit du sol (qui devrait être actée dès la semaine prochaine, le 1er avril), on s’est souvenu du courrier de Gaëlle et Eva. L’été dernier, Gaëlle Lefer-Sauvage et Eva Raynal, enseignantes-chercheuses à l’université de Mayotte, nous avaient contactés après notre article sur la crise de l’eau (et de tout le reste) sur l’île. Et puis, le cyclone Chido est passé par là, en décembre dernier. On les a rappelées, du coup, pour évoquer la situation dans le 101ᵉ département français, son traitement médiatique et celui des départements et régions français d’outremer. Mais aussi des pauvres invisibilisés, des ingérences d’Elon Musk, de la Russie, le poids du colonialisme, et plein d’autres choses encore.

Publié le 27 mars 2025

Fakir : Quand on a reçu votre courrier, on a compris que le traitement médiatique réservé à Mayotte vous irritait quelque peu. Même nous, d'ailleurs, vous nous avez engueulés, gentiment, après notre article sur la crise de l'eau, avant même le passage du cyclone Chido. C'est quoi, le souci, selon vous ? Eva Raynal : On comprend qu'il est difficile d'un point de vue logistique et financier d'avoir des journalistes sur chaque terrain, donc de couvrir chaque actualité ultramarine, mais depuis les Drom (Départements et régions d'outre-mer) on a la sensation dans la presse et les médias généralistes d'un traitement expéditif et lointain. Et Mayotte n'est pas la seule concernée ! Nous avons sur place des chercheuses et chercheurs, responsables associatifs et syndicaux, des soignantes, etc., à même d'évoquer les conditions extrêmes de ce département et ses problématiques. Mais forcément, s'il y a un cyclone, le lendemain on s'entend dire : "Allez hop, sortez-moi votre analyse !"... Le temps médiatique coïncide rarement avec celui de la recherche, comme le temps judiciaire n'est souvent pas celui des médias. À de rares exceptions près, les médias ont un mode de fonctionnement, et encore plus pour un territoire lointain et méconnu, basé sur l'immédiat, le sensationnel, un rapport de faits divers spectaculaires, mis en scène. Mais Mayotte et les Drom en général doivent être pris au sérieux. Pour nous, il y a urgence politique à ce sujet. Gaëll

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