« Je suis revenue ici après le traitement du cancer, et ça m’a permis de retrouver du monde, du travail. Garder un lien social avec les autres, et c’est essentiel. » Les yeux de Djamila deviennent brillants, comme si les larmes commençaient à monter. On s’apprête à passer à table, et ce sont aussi des histoires de vie, je réalise, qui se jouent dans ces locaux.
Ces murs sont ceux d’Africa 93, à la Courneuve.
Ça avait commencé quelques jours plus tôt, avec un coup de fil. « Vous pouvez venir à la réunion ? Parce que là, c’est grave, on va mettre la clé sous la porte, vraiment… » Mimouna, dépitée, avait appelé Cyril, le rédac’ chef. Bon, c’est pas qu’on peut faire des miracles, à Fakir, mais témoigner, déjà, oui…
Alors, direction la Seine-Saint-Denis.
Depuis Amiens, étape obligée de la gare du Nord, à Paris. La réunion ne commence que dans une heure et demie : j'ai le temps de rejoindre La Courneuve à pied, ce n'est que six kilomètres, après tout. C’est que, depuis mes terres de la Somme, j'ai rarement mis les pieds dans la capitale. Ce trajet à travers les quartiers, c'est l'occasion de découvrir un peu Paris et sa petite couronne… « Tourner à droite » : le GPS de mon téléphone me sert de guide jusqu'à La Courneuve où, à mon grand étonnement, à la lisière de la cité des 4000, tout semble plutôt neuf, où se dressent des bâtiments tout juste sorti