Carnet de bord : Hard-Salariat

Chez Lidl, on ne casse pas que les prix. Les employés aussi, on les broie, et allègrement avec ça. Karine, Omar, Lynda et les autres en ont fait l’expérience : ou quand la pression sur les salariés devient un outil de gestion des coûts.

Publié le 15 mai 2018

Amiens, lundi 28 novembre

Je passais au " Tribunal des affaires de Sécurité sociale "

pour Céline (dont on suit le dossier, son mari David est décédé à 40 ans d'un cancer de l'oesophage, il bouffait de l'amiante chez un sous-traitant de Valéo). On attend les juges. Devant, les avocats enfilent leurs robes. À côté de moi, sur le banc, une dame à piercing, cheveux courts, le visage rougi, qui mâche nerveusement un chewing‑gum : " C'est le comité d'accueil ? elle me demande. On passe devant tout ce monde ? " C'est pas le grand apparat, cette salle d'audience, plutôt vieillotte, mais apparemment ça l'impressionne. Je lui confirme que oui, qu'elle doit causer à la barre, dans le micro, mais que c'est tellement mal sonorisé, de toute façon, que dans le public, personne n'entend rien. " J'aurais su, je ne serais pas venue ! elle me réplique. — Vous souffrez de quoi ? — Hypertension, à cause du travail, mais la Sécu n'a pas voulu me reconnaître en maladie professionnelle. — Ils vous ont répondu que c'était ‘‘hors tableau'' ? — Oui, voilà. Pourtant, c'est la médecine du travail qui m'a fait licencier. Ma tension ne retombait pas. — Et vous travailliez où ? — À Lidl. 17 ans. On est trois. Un monsieur, 19 ans, son frère, 17 ans. Ils dégagent les anciens. " Son affaire est finalement repoussée. Avec Karine (on l'appellera Karine), on échange nos numéros pour prolonger la discussion.

Mercredi 6 décembre.

Karine se pointe à Faki

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