L’art de la guérilla sociale

Le petit dernier des éditions Fakir, sur les « méthodes Alinsky », sort en librairie. On vous livre la postface : notre entretien avec Julien Talpin, du CNRS. Ou comment ne pas « gagner des batailles mais perdre la guerre »

Publié le 27 mars 2018

Fakir : Une limite que j'aperçois à Alinsky, c'est qu'il faut travailler quartier par quartier, presque bloc par bloc, au porte‑à‑porte. Il n'y a pas de pensée globale : comment changer la société au-delà de la réfection d'un taudis ? Et du coup ça apparaît presque comme une goutte d'eau dans l'océan… Julien Talpin : Oui, je résumais ça en comment ne pas " gagner des batailles et perdre la guerre ". Ça pose la question de la visée. Alinsky s'est vachement frité avec la New Left dans les années 1960. Il y avait même chez lui un anti-intellectualisme, contre les révolutionnaires de campus : " Ça va votre truc, mais comment on fait ? Aux gens, il faut des victoires maintenant. " Et c'est juste : les classes populaires n'ont pas le loisir d'attendre le Grand soir, il leur faut des revendications concrètes et gagnables. Mais avec cette anti-idéologie, en effet, il n'y a pas d'horizon précis qui se dégage. Mais il faut voir, tout de même, les acquis de cette approche. Ça se développe, d'abord, parce que dans les années 1950, les syndicats sont réactionnaires, racistes, ne font rien pour les Noirs, puis pour les Latinos. Le community organizing [organisation communautaire pour obtenir des droits, entraides...] a d'ailleurs fini par transformer les syndicats, qui sont devenus plus " basistes " à partir des années 1990, construisant des alliances avec les immigrés. Ensuite, quelle organisation, en France, peut se flatte

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