Ces anges dans un enfer

Fakir poursuit son « Dictionnaire des conquêtes sociales ». Une ébauche du moins, avec nos carences toujours indiquées en italique. Parce que la vraie version de cette « Histoire populaire » à la française, c’est avec vous qu’on veut l’écrire. Au programme aujourd’hui, le travail des enfants. Dès 1840, toute l’élite est d’accord, presque : c’est « une situation vraiment pitoyable et qui arrache les larmes. Il est impossible de laisser subsister plus longtemps un pareil abus ». Mais cet abus va subsister très longtemps…

Publié le 14 avril 2011

" Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ? Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ? Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ; Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement Dans la même prison le même mouvement, Accroupis sous les dents d'une machine sombre, Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre. Innocents dans un bagne, anges dans un enfer, Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer. (…) Ils semblent dire à Dieu : petits comme nous sommes, Notre Père, voyez ce que nous font les hommes ! "
C'est en 1838 que Victor Hugo rédige sa complainte, dans Les Contemplations. Mais le poète ne prêche pas seul dans le désert : dans ces années-là, au sein de l'église, chez les élus, parmi les industriels eux-mêmes, le scandale des enfants ouvriers éclate. Grâce au docteur Villermé notamment, qui, durant deux années, parcourt la France industrielle pour son " Tableau de l'état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie ". Il dresse ce sinistre constat : " Les enfants, dont beaucoup ont à peine sept ans, quelquefois moins encore, abrègent leur sommeil et leur repos de tout le temps qu'ils doivent employer à parcourir deux fois par jour ce qu'ils appellent “ les routes du bagne industriel ”. Il faut les voir arriver chaque matin et partir chaque soir... C

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