Fakir : On entend, à peu près partout, un dégoût des politiques, un immense ras-le-bol démocratique. On est dans un moment dégagiste ?
Charlotte Girard : Oui, c’est un moment dégagiste… mais pas encore constituant. On y a cru, au moment des Gilets jaunes, notamment avec le RIC, à une possibilité de « remontada démocratique », de « remontada constituante ». Mais comme les Gilets jaunes ont été matraqués, tout s’est arrêté.
Fakir : Les tirs de LBD ont fini par refermer, de force, une séquence constituante, selon vous ?
Charlotte Girard : Par les violences policières, oui ils ont arrêté la phase constituante, mais pas la phase destituante. J’étais dans un parlement du Nouveau front populaire chez moi en Essonne, et les gens ont envie de parler d’autre chose que de la dernière polémique, de remettre en cause le système, l’état de nos institutions. Mais il y a une petite musique dangereuse, y compris chez les militants de gauche, et encore plus avec l’escalade guerrière : l’intoxication, la propagande médiatique sur une soi-disant stabilité des institutions de la Ve République. Il y a un effet d’intox très fort du pouvoir consistant à faire l’apologie des institutions actuelles. Et face aux menaces internationales, le discours sur la stabilité des institutions reprend la main.