Fakir : Vous avez lancé l’Observatoire de l’émancipation économique des femmes (OEEF) qui pointe, entre autres, comment les femmes s’appauvrissent : quand elles deviennent mères, quand elles prennent leur retraite…
Anne-Cécile Mailfert : Il y a plusieurs moments de captation des revenus des femmes par les hommes. Au moment où une femme devient mère, elle va devoir s’adapter : beaucoup d’entre elles passent en temps partiel, et c’est pire au deuxième enfant, et encore pire si un troisième arrive : toujours moins de temps. Les femmes sont globalement beaucoup plus touchées au moment de l’arrivée des enfants : elles seront beaucoup moins disponibles pour leur travail, elles devront s’absenter en cas de maladie du bébé, on va moins miser sur elles…
Fakir : Alors que les pères eux...
Anne-Cécile Mailfert : Alors que les pères, eux, bénéficient souvent d’une promotion à l’arrivée d’un enfant, qui fait d’eux des hommes murs et stables. Une autre inégalité fondamentale se niche dans les dépenses du foyer : dans le partage, madame paye souvent les courses, monsieur le crédit de la maison ou de la voiture, à son nom. En cas de divorce, l’un a la maison, la voiture, l’une les miettes. En moyenne, deux ans après un divorce, les femmes en ont perdu 20 % de pouvoir d’achat, quand les hommes ont gagné 2 %. Et 86 % des familles monoparentales sont à charge des femmes â€