Google et Amazon : comment détruire la planète et des emplois à la gloire de l’IA.

Amazon supprime des emplois pour les remplacer par l’intelligence artificielle, tandis que Google ranime une vieille centrale nucléaire pour les besoins en énergie qui la font fonctionner : bienvenue en dystopie.
Google et Amazon

Publié le 28 octobre 2025

Il faudra s’y faire : désormais, on supprimera vos emplois pour employer l’intelligence artificielle. Parce que c’est bien moins coûteux, apparemment. C’est le choix qu’a fait Amazon, par exemple. Ce mardi 28 octobre, le géant de la tech a d’abord annoncé la suppression, drastique, de 14 000 postes, sans préciser dans quelle partie du monde mais en décrivant une « réduction globale » liée en grande partie au recours à l’intelligence artificielle.
Cette saignée, elle s’inscrit dans la volonté affichée d’Andy Jassy, le grand patron, de réduire les coûts (« coûts » humains, donc), face à la course aux investissements dans l’IA, alors que l’entreprise emploie environ 1,5 millions de personnes à travers le monde.

Qu’on se rappelle : en juin, Jassy annonçait déjà que le développement de l’IA générative allait, « dans les prochaines années […] réduire nos effectifs de bureaux ». Entretemps, plusieurs médias américains rapportaient qu’Amazon allait à terme supprimer près de 30 000 postes à travers le monde. Ça a commencé…

Et ils ne sont pas les seuls : d’autres entreprises de la tech américaine s’adonnent à des suppressions massives d’emplois à cause, ou « grâce » selon eux, à l’IA. C’est notamment le cas de Microsoft, qui a annoncé en juillet une plan de 15 000 départs. De son côté, Meta a prévu de renvoyer 6000 personnes de sa division IA…

La Silicon Valley s’en frotte les mains. Et déploie les grands moyens, au sens propre : l’autre géant de la tech, Google, a annoncé le redémarrage de la centrale nucléaire Duane Arnold, dans l’Iowa, afin de soutenir le développement de ses infrastructures dédiées à l’intelligence artificielle. Une centrale fermée depuis cinq ans à cause des dégâts causés par une tempête. Au-delà des intérêts immédiats, Google s’inscrit là dans un mouvement des acteurs de la tech américaine en faveur de l’énergie de l’atome : après une longue période de stagnation, la consommation d’électricité mondiale s’est nettement accélérée ces dernières années, principalement sous l’effet de l’essor de l’IA générative, particulièrement énergivore.

En 2024, la demande mondiale en électricité a ainsi augmenté de + 4,3 % par rapport à 2023… Bref : on rebranche le nucléaire, consommer plus pour stocker plus pour générer plus pour polluer plus, afin de nourrir le gouffre écologique que constitue l’IA. Parce qu’à la demande en électricité s’ajoute celle en eau, abondamment utilisée pour refroidir les équipements. Même Google l’admet : en 2023, l’augmentation nette de sa consommation en eau fut de 17 % par rapport à 2022. Chez Microsoft, c’était 34 % de hausse en 2021.

Tout ça pour quoi ?

Pour une IA qui pense à notre place, pollue encore plus, et travaille donc désormais à notre place.

Enfin, presque…

Parce que souvenez-vous de notre récente enquête dans Fakir : derrière les promesses de l’intelligence artificielle, une armée de petites mains précaires travaillent dans l’ombre, en dehors de toute règle et de tous droits. De Rouen à Vendôme en passant par Paris et Bruxelles, à Fakir, on avait rencontré ces micro-travailleurs cachés de l’IA. Pour eux, le numérique, c’est plutôt le retour au XIXe siècle…

Dans l’enfer de nos esclaves numériques

« J’ai commencé à travailler sur DataAnnotation au lycée, pendant les révisions du bac, pour mettre des sous de côté pour l’université. J’ai passé des jours et des nuits entières sur la plateforme, mais le jour où j’ai voulu retirer mon argent, mon compte a été supprimé ! J’avais plus de 1300 dollars, 1150 € !, dessus. J’en ai jamais vu la couleur… » Josse a vingt ans. Il est étudiant en première année de socio à Rouen.

Je l’avais contacté sur LinkedIn, comme des dizaines d’autres micro-tâcheurs. J’en ai eu tellement que j’en ai le vertige. Et son histoire, elle est symptomatique… Dans le patelin de 200 habitants où il a grandi avec ses quatre frères et sœurs, à une vingtaine de kilomètres de Rouen, il est le petit dernier, avec un but dans la vie : imiter l’un de ses aînés, seul membre de sa famille à avoir mené des études supérieures.

Son père, ouvrier, s’est arrêté au certificat d’études. Sa mère, employée communale, au baccalauréat. Ils se sont séparés, y a quelques années. Dans ce milieu rural et « très modeste », Josse, qui vit chez sa mère, doit se débrouiller tout seul pour financer ses études. « Chez moi, on n’est pas du tout aisés, c’était compliqué de compter sur mes proches. Il fallait que je travaille, mais je n’ai pas trouvé de petit boulot près de chez moi, j’ai pas de voiture, et le premier arrêt de bus est à six kilomètres de mon village. J’ai pris la seule opportunité qui s’est présentée… »

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