« Si les gens ne s’engagent pas, c’est parce qu’ils sont désespérés. J’avais décidé d’espérer, maintenant je n’ai plus la force de lutter. » Elle est retournée dans son silence, donc, Sandrine.
Sur le vieux canapé de nos locaux surchauffés, au dernier étage, je l’écoute, à l’autre bout du fil. Elle souffle, et moi aussi. Elle me file le bourdon.
« Mais faut pas désespérer hein ! » Elle reprend la discussion. « Il faut que je te résume sept années très intenses, de l’ivresse à la désillusion… »
Quand elle nous écrivait en 2018, Sandrine nous faisait un historique de son parcours politique, ou plutôt de son silence, son inaction politique. « Dans cette lettre, je parle de ma lâcheté, du fait que je suis toujours restée dans le silence, dans une sorte de résignation face à la violence du monde, face aux injustices. D’ailleurs, je n’ai jamais écrit quelque chose d’aussi vrai de toute ma vie », se souvient-elle, presque honteuse.
« Militer te faisait peur ?
- À la différence de mon frère, qui court partout, qui répond toujours présent en manif et au du porte-à-porte, moi, je pensais que je n’avais rien à dire, que je n’étais pas intéressante. Puis j’ai jamais eu confiance envers ceux qui font de la politique. Pour moi c’est tous les mêmes, ils cherchent juste à gonfler leur égo. C’est pour ça que je ne voulais faire partie d’aucun mouvement. »
On en croise beaucoup, tellemen



