«Une demi-heure que j’attends ! La queue est tellement longue, ça n’avance même pas.» L’impatient, vêtu de bleu de la tête aux pieds, se barre des locaux. Il en a marre. Ce mardi, vers 11h30, je traîne dans les locaux de France travail d’Amiens. L’air est lourd, on suffoque, même. En plus, une queue interminable se dessine devant le pôle « accueil ». Devant moi, une vingtaine de personnes patientent, ou s’impatientent, debout.
Infiltrée dans la file, je venais recueillir des témoignages concernant les récentes annonces du gouvernement sur la suppression ou la fusion d’agences de l’État. Mais je préfère courir derrière mon impatient en bleu qui a quitté le rang. Je le rattrape à la sortie de l’établissement. Il s’appelle Robert, 41 ans.
« Vous venez de passer un entretien? »
Il tient des feuilles blanches avec le logo France travail.
« Déjà , y a pas assez d’agents pour nous conseiller. »
« Oui, je suis au chômage depuis un mois. » Il me raconte rapidement son parcours: « Fin avril, j’ai terminé une mission dans l’industrie. Je dois reprendre un nouveau job en juin, un poste dans la sécurité incendie…
- Et vous avez entendu les récentes déclarations de François Bayrou et d’Amélie de Montchalin qui veulent supprimer des agences et des opérateurs d’État? Vous en pensez quoi?
- Ah bon?
- Oui, attendez… voilà : elle a dit ‘‘Nous demandons des efforts collectifs’’ et après, â€