« Je dors dans un parking, je suis en hamac, je touche pas le sol. Avec un bon duvet, t’es en intérieur, à l’abri du vent. » Bud parle facilement. Il a vingt-cinq ans, deux gosses, et une casquette noire vissée sur la tête. Il est cuistot depuis dix ans. Il faisait la manche, dans le métro, j’allais pour lui filer une pièce... La veille, au milieu du tourbillon de nouvelles, j’avais vu passer cette info : le logement était devenu le premier poste de dépense pour les classes populaires, à 40% du budget. Alors, quand Bud arrive à ma hauteur, une station avant le terminus, je lui propose de sortir de sous terre, d’aller boire un café…
Quand on arrive à la surface, place de la Nation, y a de l’oxygène, et surtout, du soleil. On se pose à la première terrasse venue, lui fume. Deux cafés, lui un court, moi un allongé. Et il commence à me raconter.
Bud : « Il y a six mois, je me suis séparé de la mère de mes enfants : Rose, cinq ans, et Jayden, trois ans. Et j’ai perdu mon logement et mon emploi.
Fakir : T’écris ça comment, le deuxième prénom ? Et ça vient d’où ?
Bud (Il m’épelle) : C’est la grande sœur qui a choisi.
Fakir : Comment tu en es arrivé là ?
Bud : J’ai grandi à Clermont-Ferrand, mais j’étais en échec scolaire. J’ai arrêté l’école et je suis tombé dans le crack, à quinze ans. Le piège de ma vie... Je suis resté dedans deux ans à Paris, à Stalingrad, jusqu’à mes



