Fakir : Vous venez de remporter un sacré combat pour sauver votre papeterie presque centenaire…
Cyril Briffault : Chapelle Darblay, c'est toute une histoire, une usine qui a démarré en 1927, où il y a eu énormément de luttes… Comme en 1983 quand les salariés ont bloqué l'autoroute A13 pour sauver l'usine, et puis plusieurs PSE aussi, dont celui de 2015, avec le licenciement de la moitié des 400 employés. Alors quand on nous a annoncé le licenciement de l'ensemble du personnel en septembre 2019, avec Julien (Sénécal) et Arnaud (Dauxerre), on s'est dit qu'il y avait eu assez de martyrs, des gens qui perdent tout, qui divorcent, perdent la maison, les gosses, voire pire…
On s'est engagés envers les salariés. On leur a dit : « Reclassez-vous, faites une formation, retrouvez un boulot, nous on va rester sur place et on vous promet d'aller au bout de ce qu'on peut faire pour sauver la boite, et alors il sera bien temps de revenir. » Aujourd'hui, j'ai envie de dire : promesse tenue, et maintenant, à vous de jouer !
Fakir : Vous dites souvent, j’ai vu, que vous avez mené la lutte « autrement ». C'est-à -dire ?
Cyril Briffault : Les grands groupes comme UPM, l'ancien propriétaire du site, se sont adaptés à la façon dont on lutte, nous les syndicats. Ils savent très bien qu'en balançant une annonce de fermeture, on va partir en colère, faire grève, arrêter l'activité, et aprÃ