"J'étais enceinte, mais je devais me mettre à quatre pattes sur le sol, pas le choix pour travailler les fleurs. Tout ce qui faisait des vibrations, je ne pouvais plus utiliser, donc le motoculteur c'était fini. Mais la pioche et la binette, les mouvements de traction, fallait que je fasse très attention, ne pas trop forcer sur le périnée..." C'est une sacrée épreuve, que me décrit Églantine à l'autre bout du fil. Moi je n'imaginais même pas qu'on en était encore là, en France, pour des travaux aussi physiques, à plusieurs mois de grossesse...
Cette histoire, elle avait commencé au milieu des stands du Salon de l'agriculture. J'errais dans les allées, du stand Crédit agricole à celui de Groupama, à la recherche d'une sortie. J'en peux plus, j'étouffais. Ah, la Confédération paysanne ! Je vais pouvoir faire une pause… Une brochure violette attire mon attention : "Le congé maternité en agriculture. Un droit trop peu connu, trop peu utilisé". Tiens, les agricultrices tentent de faire entendre leurs droits sociaux, ça vaudrait le coup de s'y intéresser. Mais je procrastine lâchement, en glissant rapidement le papier dans mon sac. Je suis en retard : il faut que je retrouve des copains pour une dégustation de houblon.
Une semaine plus tard...
Le prospectus violet dépasse de mon bureau, et me rappelle à mes devoirs. Alors, je lance un appel à témoignages. Des messages sur les groupes Facebook, des mails aux syndicats. J'écris aussi à la



