Auchan, Michelin : des millions d’argent public et des milliards de dividendes… pour des milliers de licenciements !

2389 postes supprimés chez Auchan, 1200 chez Michelin. Pourtant, Auchan a bénéficié de 500 millions d’euros de crédit impôt compétitivité emploi (CICE) en 2020. Michelin, 55 millions de crédit impôt recherche (CIR). Notre Premier ministre Barnier s’indigne, veut « savoir ce qu’on a fait dans ces groupes, de l’argent public qu’on leur a donné ». Fakir lui souffle un indice : « dividendes ».

Publié le 8 novembre 2024

« Ils nous ont vraiment pris pour des chiens. À Cholet, ils ont mis les 900 salariés dans une salle comme des vaches à l’abattoir, et annoncé que c’était fini. » Le groupe Michelin vient d’annoncer cette semaine 1200 suppressions de postes, la fermeture de deux usines à Cholet, et une à Vannes. Au même moment, le groupe Auchan faisait mieux : 2389 licenciements ! Une dizaine de magasins Auchan, dont trois hypermarchés, vont baisser le rideau à travers le pays. Le groupe a également annoncé mettre fin à la livraison directe à domicile. En France, tous secteurs confondus, ce sont 100 000 emplois qui seraient menacés selon la CGT. L’Industrie est en train de foutre le camp du pays…

Pourtant, ces grands groupes sont choyés par nos dirigeants, gavés, même, d’argent public. Et pas qu’un peu : Auchan, qui appartient, au passage, à la famille Mulliez, huitième fortune de France, a même touché le gros lot : 500 millions d’euros de CICE en 2020. 500 millions payés par les contribuables. Le groupe Michelin, lui, a bénéficié du crédit impôt recherche, à hauteur de 55 millions d’euros. Pour quoi faire, finalement, ces dizaines, ces centaines de millions d’argent public ?

C’est la question que se pose le Premier ministre. Michel Barnier a déclaré, ce mardi 5 novembre, vouloir « savoir ce qu’on a fait dans ces groupes, de l’argent public qu’on leur a donné ». Une vraie commedia dell’arte : le gouvernement feint l’étonnement. D’ailleurs, derrière Barnier qui fait semblant de tomber de haut, la porte-parole Maud Bregeon coupe court à tout débat : « Il n’est pas question aujourd’hui de demander aux uns et aux autres de rembourser, ce n’était pas le contrat de départ. » Alors allons-y : c’était quoi, le contrat de départ ? Que ces grands groupes se gavent avec notre argent, sans aucune contrepartie de maintien de l’emploi ? quand l’école, l’hôpital, sont exsangues, parce qu’il faut toujours plus aider ces « fleurons » ? Heureusement pour nous, Brégeon ne reste pas les bras ballants : elle appelle « à un certain esprit d’intérêt national partagé réciproquement ».
Le CAC 40 tremble…

Alors, donc, où sont passés, nos centaines de millions d’euros d’argent public ?
Ils sont passés où, les 20 milliards d’euros de CICE versés chaque année, en particulier aux grandes entreprises ? A-t-on créé un million d’emploi en France, comme le promettait à l’époque Pierre Gattaz, le patron du Médef ? Ben non : quelques milliers d’emplois, au mieux, ont été créés grâce à ce torrent de subventions, ces centaines de milliards, depuis 2012. (On vous racontait tout ça dans notre dossier (« La vraie France des assistés »)
A-t-on relocalisé ? Encore raté : depuis sept ans, le seul secteur automobile a vu 50 000 emplois foutre le camp du pays.

Mais, alors, il a disparu où, le magot ? On vous souffle quelques indices : Michelin a versé 1,4 milliard d’euros à ses actionnaires pour la seule année 2024 – alors que le montant des dividendes était de 200 millions en 2004. Multiplié par 7 en vingt ans !
Et chez Auchan ? Un milliard d’euros de dividendes en 2022-2023.
Et pour le CAC40 ? Tout là-haut, la fête est historique. Le record a été battu : 97,2 milliards d’euros de dividendes versés en 2023 (dont 30 milliards de rachat d’actions), soit une hausse de 20 % par rapport à 2022.

Même Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne, le reconnaît, presque gênée : « Depuis des décennies, le capital a été mieux rémunéré que le travail. L’équilibre des forces penche manifestement d’un côté. » Bref : ça fait quarante ans que ça dure. Quarante ans que le capital ronge, dévore le travail.
Maintenant qu’il a la réponse, on est certains que Michel Barnier va prendre des mesures, fortes, rapides, radicales, pour mettre fin à ce hold-up géant.
On vous tiendra au courant…

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