« Bon ben c’est fini, je suis licencié.
– Quoi ?! » Je bondis sur ma chaise. Yanda reprend : « Je suis resté dix minutes dans le bureau et c’était fini pour moi…
– Mais pour quelle raison ?
– Officiellement, trop d'arrêts maladie, selon la direction. Mais un copain a surpris une discussion entre les chefs, dans le bureau. En fait, ils m’ont viré parce que j’ai voulu monter un syndicat. »
Le droit, on s’en fout
Je n’avais pas eu de nouvelles de Yanda depuis fin novembre. On s’est rencontré devant l’usine Soluroad, dans la zone industrielle Nord d’Amiens. Il avait un peu le trac ce matin-là, juste avant qu’il ne passe dans le bureau de la direction. C’est que Yanda, cariste, 52 ans, avait subi une mise à pied préalable au licenciement pour des motifs « flous ». Du coup, pour le soutenir, la CGT et une poignée de ses collègues étaient venus sous un barnum, devant l’entrée de l’usine.
La température ne dépassait pas les trois degrés, de la fumée sortait de la bouche d’Adrien*, de Maurice* et de Yanda pendant qu’ils expliquaient leur situation.
« Le problème, c’est qu’on n’a toujours pas de syndicat. On essaie d’en créer un, mais la direction nous met des bâtons dans les roues, souffle Adrien. Elle n’a toujours pas organisé les élections, elle laisse ça en suspens, ça prend trop de temps. »
Pourtant, l’exercice du droit syndical est supposé être reconnu et accepté par l’empl



