Mon kebab de campagne 

« Tout le monde passe ici, forcément ! » : À Acheux-en-Amiénois, c’est le sandwich salade-tomate-oignon qui tient lieu de dernier service public, ou presque. Grâce à la famille Goren et à ses clients.

Publié le 16 mai 2025

« Avant je travaillais à Saint-Valery. 
- Saint-Valery-sur-Somme ? À côté de la mer ?
- Non, à côté d'Intermarché. »

Aïe.

Ça n'allait pas être simple, cette discussion avec Kamal. Fallait peut-être s'y attendre, en allant causer au seul type du village qui ne parlait pas vraiment bien français. C'est qu'on n'en trouvait pas beaucoup, des Turcs, à Acheux-en-Amiénois, 600 habitants, 30 minutes de bagnole d'Amiens, au beau milieu de la campagne picarde. Mais il y en avait au moins quatre : les Goren. Kamal, sa femme Sultan et leurs garçons Atlas et Ataeren.

Ensemble, ils faisaient tourner le seul resto du village : le « Acheux kebab ». Et c'est pour ça que je ramais pour engager la discussion avec le cuistot. À l'heure où une petite musique raciste, de plus en plus diffusée, fantasmait un affrontement entre une France des clochers et une France des kebabs, il fallait parler d'un paradoxe : dans une tripotée de bleds où le dernier café avait fermé, où le boulanger s'était tiré, le seul commerce encore capable de créer du lien social et de remplir les estomacs pour pas cher, c'était bien souvent un kebab. 

Comment étaient-ils arrivés là, les Goren ? Et à quoi ressemblait leur vie dans ce resto ? « Mon père travaillait sur des chantiers à Saint-Valery-sur-Somme et aussi dans un kebab, parfois. On habitait à Amiens Sud, mais ma mère avait envie de changer d'air, alors on est venu ici cet ét


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