Les petits pions de la Poste

A La Poste aussi, on a du «dialogue» et de la «concertation» plein la bouche. Mais quand «le Groupe restructure», l’on déplace les employés, leurs horaires, comme des petits pions sur un échiquier. D’où une grève des pourtant «volontaires» de l’ «unité d’élite», ce jeudi soir à Amiens…

Publié le 11 décembre 2006

"Eh, vous allez où, vous Madame?"

Les voitures sont garées tous phares allumés le long du trottoir, ce jeudi soir, rue Colbert. Sandrine interpelle une petite dame au gilet marqué La Poste, qui se faufile vers le bâtiment au fond: "Vous vous en fichez de commencer à 3 h du matin ? – Oh moi, vous savez..." Ce sera la seule titulaire à trier les courriers cette nuit : "Barbara, explique une collègue, son mari est à la direction. Alors il lui interdit de faire grève." Les autres employés, une vingtaine, papotent sur le parking devant l'"UP". Et au cadre de service qui passe dans les rangs, qui relève les noms, gentiment, tous répondent de même : – Jacky, tu vas travailler ? – Non. – Gréviste, alors ? – Oui. – Amandine ? – Gréviste. Eux s'étaient portés volontaires, pourtant, en juin dernier, pour rejoindre l'Unité de Préparation ("une étape dans la restructuration en cours du Groupe", comme l'indiquait le journal interne). Volontaires pour classer, en nocturne, les enveloppes par rue, pour apprêter la tournée des facteurs amiénois. Et eux se considéraient "un peu comme l'unité d'élite, oui": "On était contents de s'impliquer dans un truc nouveau... Ils ont misé sur nous, on ne voulait pas les décevoir... On avait envie que ça marche, on accélérait..." Mais même en accélérant, ça ne marchait pas. Car les statisticiens de la Poste se sont plantés dans leurs calculs. En bref, les préparateur

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